Chapitre 31
Ecrit en écoutant notamment: Blackmore's Night - Just Call My Name [Rock'n Roll]
Ses bras m’enserrent vigoureusement la taille, comme s’il craignait que je ne m'en aille. En voilà une idée saugrenue ! L’homme que j’admire à présent le plus au monde, auquel l’amour que je porte m’a bouleversé depuis notre rencontre, m’embrasse comme s’il ne revivrait plus jamais ce moment.
Ses élégantes mains, dont j’ai longtemps rêvé qu’elles parcourent ma peau, me délivrent des décharges extatiques en continu, auxquelles j’essaie maladroitement de répondre. Je me serre au plus fort contre son torse et plonge ma tête dans son cou pour me sentir au plus proche de lui.
Après avoir agréablement glissé ses mains dans les quelques ondulations de mes cheveux, il s’empresse de retirer mon sweat, fait de même pour lui, et m’écrase au sol en plaçant son bassin entre mes cuisses et en collant son torse brûlant au mien. Je sens son cœur battre à la manière d'un rythme de grosse caisse ininterrompu contre ma poitrine, comme si c’était le mien. Il redémarre alors une nouvelle salve de baisers sauvages à laquelle je m’abandonne totalement. Tout mon corps tremble d’excitation ; son magnifique prénom résonne dans ma tête tandis que son sourire aussi charmant que ravageur semble tenir en otage mes pensées, au point que je me demande bien si je saurais encore dire quel âge j’ai, ou comment s’appelle mon frère.
Il m’a paru tellement inaccessible ! J’ai tellement admiré son charisme, son aisance exceptionnelle avec les gens, et puis juste son regard terrible, bref, tout le contraire de moi.
Tout ça, jusqu’à ce qu’il se rende compte qu’il m’aime, qu’il m’aime moi ! Et que le fait de ne pas m’avoir pour lui lui a été insupportable ! C’est à peine si j’ose croire que deux personnes si différentes puissent avoir en commun l’amour qu’elles portent chacune à l'autre. Et pourtant si, l’implacable réalité joue pour une fois en ma faveur.
Ces dernières semaines auront été un terrible ascenseur émotionnel, mais quel bonheur à présent ! Je ne cherche même plus d’explication rationnelle, je veux uniquement profiter à fond de la tendresse et l’amour que m’offre mon sublime milieu de terrain en ce moment même.
Il se redresse légèrement, et nous nous figeons, nos visages à trente centimètres l’un de l’autre. Ses yeux humides, desquels une goutte s’échappe et atterrit sur ma joue, évoquent une prodigieuse allégresse ayant terrassé sa tristesse. Malgré mon état de transe avancé, je trouve la force d'articuler ces mots tellement banals mais aussi profondément performatifs:
— Je t’aime mon Morgan ! Je t’aime ! Je t’…
Il me coupe alors dans mon élan de sa voix incroyablement douce et grave :
— Peut-être bien que moi aussi…
Nous nous allongeons côte à côte dans l’herbe, chacun la main reposant sur le torse de l’autre. Nous restons ainsi quelques instants, aucun de nous deux ne voulant rompre ce contact qui relie le plus profond de nos êtres.
Puis sans raison apparente, bien que déjà allongés, nous nous écroulons de rire simultanément, relâchant la tension qui s’était accumulée depuis plusieurs jours. Je le prends à nouveau dans mes bras alors qu’il est pris d’un fou rire absolument incontrôlable. Je finis par le calmer en travaillant son dos rugueux et musclé particulièrement agréable au toucher, et, assis l’un en face de l’autre, nous unissons à nouveau nos lèvres avec beaucoup plus de grâce et d’élégance, cette dernière étant malheureusement bafouée par le bras d’honneur que brandit mon amoureux à destination de quelques passants ayant eu la mauvaise idée de nous désigner du doigt, bien que n’étant sûrement pas malintentionnés.
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