Chapitre 45
Ecrit en écoutant notamment : Téyo/Guizer – Tek'a Cid [AcidTrance]
L’auteur rappelle que l’abus d’alcool est dangereux pour la santé et que sa vente est interdite aux mineurs. Cependant, il ne contrôle pas nécessairement les envies de ses personnages.
— Moi aussi. C’est très sympa de ta part, mais je serais venu chez vous demain soir de toute façon.
— Tu ne lui en veux pas ?
— Non, pas vraiment. Et moins j’attends, moins il y a de risque. C’est demain ou jamais.
— OK, c’est génial ! Dors bien et à demain soir !
— Toi aussi. Je t’embrasse (sur la joue hein !).
Hmmm, ce dont je suis sûr, c’est que je vais encore laisser mariner Michaël demain. Faut vraiment qu’il se rende compte de la chance immense qu’il a d’avoir trouvé ce mec. Moi, je n’aurais jamais pardonné aussi facilement... Par contre, Morgan ne l’a pas dit, mais je crois qu’en contrepartie, mon frère devrait s’assumer au foot, c’est le minimum syndical… Je m’endors paisiblement, tout émoustillé par cette discussion surprenante.
Point de vue Michaël
Le réveil est difficile, mais pas dans le sens commun de l’expression, car je tourne simplement en rond depuis cinq heures du matin… Je crois bien qu’en ce vendredi des vacances, je risque certainement d’être le mec le plus malheureux du lycée…
J’arrive là-bas en traînant ma misère, et ne lui ayant toujours pas renvoyé de message : ça serait tellement bancal de tenter de s’excuser sans même se voir !
N’étant pas en avance, je m’installe directement à côté de Lilian alors que le prof commence à l’instant à faire crisser sa craie sur le tableau. Cela me permet pour l’instant de ne pas recevoir de remarques sur ma mine délabrée.
Malheureusement, pendant l’intercours, après avoir discuté rapidement des devoirs d’anglais qu’il y avait à faire pour cet après-midi, il semble se soucier de mon attitude :
— C’est le travail en SVT qui te déprime comme ça ?
Je n’ai en fait plus vraiment le courage de cacher mes émotions, et réplique, avant de marquer une pause et de secouer la tête :
— Oh non, finalement, ça, c’est presque amusant…
— Et donc, j’ai le droit de savoir ce qui ne va pas ?
— Je ne vais pas te mentir, donc je te dis que c’est 100% privé.
— Ah… encore une histoire de cœur… mais t’es devenu un pur tombeur ! C’est pas Victor cette fois au moins ?
Je ris à sa plaisanterie en acquiesçant, et il me laisse relativement tranquille après avoir compris la raison de mon air dépité :
— Par contre, je te demande juste une chose, t’as intérêt à être remis pendant les vacances, parce que j’ai prévu plein de trucs à faire ensemble !
À midi, comme tous les vendredis, nous sortons manger dans le centre-ville. Je me sens… presque d'humeur correcte, ce mec a vraiment un don pour ça ! Il m’emmène d’abord acheter un sandwich, puis me guide dans une ruelle pavée qui m’est inconnue. Il s’arrête devant l’entrée d’un bâtiment à l’architecture typiquement alsacienne avec un sourire triomphal. Je fronce les sourcils en relevant les yeux vers la devanture :
— C’est pas un bar, ça, par hasard ?
— Si ! Tenu par un Belge en plus ! Allez, c’est le dernier après-midi ! Et il n’y a plus de contrôle ! Et la bière n’est pas chère, 4€ la pinte d’Affligem, c’est donné !
— D’aaaaccord…
— Allez, 45 minutes top chrono, c’est parti ! Et c’est moi qui t’invite ! dit-il en brandissant fièrement un billet de 50€.
— T’es sûr que c’est une bonne idée ?
— Bien sûr, t’es jamais venu bourré en cours ?
— Bah… au risque de te décevoir, non. Mais on n’a pas 18 ans !
— Oh tu sais, ici, le chiffre d’affaire prime sur les questions éthiques, alors à quelques mois près…
Sur ce, il interpelle le barman et nous commande deux demi-litres. Alors que j’avance prudemment, lui vide son verre en à peine cinq minutes. Il s'exclame gentiment :
— Allez fillette, en avant !
Piqué dans mon orgueil, j'avale d'un coup le liquide restant et repose avec fracas le verre vide sur le tonneau renversé qui nous sert de table en lui lançant un grand sourire.
Pour le deuxième, j’essaie de suivre sa cadence, mais whaou ! Il a une de ces descentes ! Je commence légèrement à sentir les effets de l’alcool, mais pris au jeu, je me lève pour aller commander le troisième. Il me retient :
— Hmm… on va passer à du plus sérieux… Est-ce qu’on pourrait avoir deux Chimay ? … Grandes, oui, bien-sûr… Bon, 9°, ça commence à être sérieux !
Elle est vraiment excellente, cette bière ! Je la termine quelques minutes plus tard, et je dois dire que je commence à ne plus marcher avec la même assurance que d'habitude.
Lilian me scrute d’un air complice :
— Tu penses qu’on a tout vu ? Je ne sais pas si t’as remarqué, mais dans l’arrière-cour, ils possèdent une micro-brasserie, et ils produisent une petite spécialité fort sympathique. Je ne l’ai goûtée qu’une fois, mais entre meilleurs amis, c’est une bonne occasion. Bière X44, 12,6 degrés d’alcool !
Lorsque Lilian revient avec la commande, j’ai au moins l’heureuse surprise de constater qu’on nous sert des demis et pas des pintes… Nous trinquons aux vacances que nous allons passer, et je suis très étonné de ne pas vraiment sentir le goût de l’alcool en commençant à boire. Lilian m’explique :
— Le propriétaire m'avait expliqué qu'il a réalisé un travail important sur les arômes pour cacher le goût de l’alcool, et qu’il ajoute aussi pas mal de sucre pour aider !
Après avoir pris le temps de déguster ce fantastique breuvage, je me tourne vers la vieille pendule en bois accrochée au-dessus du bar, et déchiffre difficilement l’heure à l'aide des aiguilles en fer forgé :
— Eh mais on a cours dans cinq minutes !
— Ah oui ! dit-il en se levant, manquant de renverser son verre d’un geste non maîtrisé.
Heureusement, nous ne sommes qu’à quelques rues du lycée, et malgré quelques hésitations, nous débarquons en cours de physique-chimie juste avant la sonnerie. Nous nous écroulons littéralement sur nos chaises du deuxième rang après avoir fait un terrible effort pour ne rien laisser paraître, et essayons de contenir le fou rire qui monte déjà.
M. Kwiatowski lance :
— Allez, maintenant que tout le monde est là, ouvrez votre bouquin page 172 !
Faire défiler les pages jusqu’à la bonne réquisitionne toutes mes capacités mentales, et je surprends Lilian à galérer à côté de moi :
— Eh mec, 172, pas 127 !
Il retente une nouvelle fois l’exploit, mais arrive page 162, et commence à rire sans pouvoir se contrôler. Alors que je vois le prof se rapprocher dangereusement, j’ai tout juste le temps de tourner cinq feuilles de son livre. Ouf !
— Bon, aujourd’hui nous allons faire les exercices 15 et 27 en cours. Charles, tu viendras corriger le 15 au tableau, et puis… comme le 27 est assez difficile, j’envoie… Michaël ! Allez, vous avez vingt minutes pour réfléchir !
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