III
Dereck Standford remonta dans sa voiture pour quitter la demeure du compte. Il ouvrit sa sacoche tranquillement et en extirpa des documents :
– Le comte Vincent Disvard de la maison Rutthers, vingt-quatre ans, célibataire, pas d’enfants.
Une photographie argentique du comte Disvard était épinglée au document que Standford tenait dans la main, ses yeux clairs transparaissaient malgré l’absence de couleur et ses cheveux longs noirs étaient attachés à la nuque comme à l’accoutumée. Mais le comte ne regardait pas directement l’objectif, il semblait en pleine conversation et tenait un verre dans sa main gauche. Le souvenir d’un bal peut-être.
Les yeux de l’envoyé de l’organisation qui recherchait Ailia continuaient à aller de la gauche vers la droite sur le papier. Ils s’attardèrent soudain :
« Antécédents : fils légitime du docteur Jill Disvrad. Condamné à mort il y a neuf ans pour meurtres : le docteur disséquait vivant ses patients, découverte d’un assemblage macabre dans son laboratoire souterrain, reconstitution de la femme du docteur Jill, mère de Vincent Disvard qui avait quinze ans au moment des faits. Le docteur rendu fou par la mort soudaine de sa femme, avait remplacé les parties manquantes de son cadavre par celles de ses patients. Il injectait du formol en grandes quantités tous les jours au corps recomposé de sa femme. »
– Il est donc le fils de ce docteur dérangé, je crois qu’il n’a pas enchérit sur nos cadavres, la dernière fois. Il n’est pas comme son père !
Il s’amusa de cette déduction, aidé par les vapeurs d’alcool qui ne le quittait pas et poursuivit sa lecture :
« Seul héritier des Disvard. Aucun parent connu. »
Dereck Standford barra le nom du comte de la liste des voleurs d’enfants potentiels, et replongea le dossier dans sa sacoche, satisfait du travail accompli.
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