Elle était là, m’observant longuement comme je le faisais aussi. Tout sourire, elle tendait la main, m’invitant à la rejoindre ; j’étais tellement tenté, elle m’éblouissait et m’enveloppait de son doux regard… Je ne pouvais penser qu’à elle et à rien d’autre, ma belle…

« … Papa ! Tu m’écoutes ??

- Quoi ? Euh... oui, bien sûr... Donc, qu’a fait Elise ?

- Bon sang, tu n’écoutais pas ! Tu es tout le temps comme ça ! On ne peut pas continuer comme ça ! »

Tous les jours, les mêmes répliques. J’oublie souvent ce qu’elle me dit, malgré tout. C’est ça, la vieillesse… Et je pense à elle. Edith. Où était-elle, déjà ? Je ne sais plus. Je ne sais pas. Mon esprit s’envole, encore, toujours. Je suis comme ça.

Du coup, il faut bien que je demande :

« Où est Edith ?

- ... Papa... Tu as de nouveau oublié ça ?

- Oublier ? Comment ça ? »

Oui, c’est vrai. Oublier ? Comment ça ? J’oublie quelque chose ? De quoi je parlais déjà ? Je ne sais plus. Je dois avoir la tête ailleurs, en ce moment.

« Hé ho ! Papa, écoute-moi pour une fois ! Je te dis que tu as un problème et que tu ne vas pas bien du tout ! Tu comprends ?? »

Un blanc. Moi ? J'ai un problème ? Mais comment ça ?

...

Ah, je m’en souviens maintenant. Je me demandais où était Edith.

« Et pourquoi j'aurais un problème ? D’ailleurs, où est Edith ? »

Encore une fois, un blanc. Puis d’un coup, des pleurs, des cris. La tristesse, la colère ? Je ne sais plus. Je retourne à mes pensées. En même temps, je vois de jeunes dames vêtues de blanc sortir celle qui me parlait. ... ... Qui était-ce, d’ailleurs ? Elle me parlait… de quoi ? Je ne sais plus. Je suis fatigué, je m'éloigne...