Le printemps de Jean Thomas et de Maureen – par Etienne Ycart

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Les chariots cahotaient, sur la piste boueuse, les chevaux avançaient au pas, l'herbe verte et grasse qui poussait drue au bord de la piste était trop tentante. Mais les cochers veillaient, ils le savaient, s'ils n'avançaient pas plus vite, la bonne marche du convoi serait compromise. Ils n'avaient pas le choix, ils tiraient sur les licols, fouettaient la croupe des bêtes et les remettaient dans le droit chemin. Tous ici le savaient, arriver au pied des montagnes trop tard et c'était la mort assurée.

Jean Thomas, lui, chien fougueux n'en faisant jamais qu'à sa tête, ignorant les mises en gardes de Louis le métis, le conducteur du convoi, avait attiré sa brulante compagne dans les verts pâturages.

La belle Maureen avait sagement suivi son mari au départ, puis trouvant amusant de le dépasser, avait lancé sa monture au galop, dans cette herbe haute qui lui fouettait le bas des jambes. Quand le convoi avait été hors de vue, elle avait arrêté sa jument.

Jean-Thomas l'avait alors rabrouée :

  • Te rends-tu compte ? Louis nous a demandé d'être prudent, car hors du troupeau nous sommes vulnérables !
  • Ho, n'est-ce pas toi qui m'a entrainée ici, n’avais-tu pas une idée derrière la tête ? alors profitons, où vois-tu des indiens maléfiques, des bêtes sauvages ? vois comme ces fleurs sentent bon, jette donc une couverture ici, nous pouvons prendre quelques minutes de bon temps tout de même.
  • Dans l'herbe quelques fois des serpents peuvent dormir, ici, ils sont redoutables !
  • Ma foi, rajouta la jolie rousse d'un air entendu et coquin, avec la danse que nous allons effectuer, les serpents de la plaine vont fuir le secteur. Ils croiront qu'un parti de bisons broute dans le secteur !

Jean Thomas, malgré, lui sourit aux grivoises plaisanteries de sa jeune femme, lui aussi avait cette envie. La promiscuité dans laquelle ils vivaient depuis le départ d'Indépendance les génait Les bruits incongrus qui sortaient des toiles de tente à côté d'eux la nuit les indisposaient parfois grandement, les chants italiens à toute heure, les rires tonitruants, les jurons teutoniques, les lourds ronflements, les pets nocturnes, et...les cris de jouissances sauvages, calmaient leurs ardeurs. Ils se sentaient parfois épiés, écoutés.

Ici dans ces vastes étendues, avec le ciel, les oiseaux et les papillons comme uniques spectateurs, il se sentait enfin libre, il entama de brefs préliminaires, promptement écourtés par la belle qui l'enfourcha comme un canasson...

Là dans cette prairie enfin elle put crier tout son saoul ! Depuis le temps qu'elle attendait ce moment.

Les corps enfin repus, ils admirèrent dame nature, les papillons butinaient avec gourmandises des espèces de lys sauvages, de petits passereaux gros comme le moineau d’Europe, dansaient sur des grandes tiges d'herbes hautes.

Lorsqu’ils rentreront dans les rangs, tout à l'heure, ils le savaient, Louis les grondera, ils baisserons la tête, penauds en jurant leurs grands Dieux qu'ils ne recommenceront pas ! Mais ils en avaient cure, ils en avaient profité. Rien ni personne ne pourrait leur enlever le plaisir qu'ils avaient eu sur cette couverture. Ils le savaient, à la première occasions ils en profiteront de même, quel mal y avait-il à cela ?

Jean Thomas venait d'entendre un bruit, là sur sa gauche, il voyait l'herbe haute bouger sur sa droite, il serra la main de Maureen très fort, si c'était des indiens, ils étaient cuits !

Le danger était passé, ils n'avaient pas vu ce que c'était, mais...

Ils y pensaient maintenant, il était temps de récupérer leurs chevaux qui paissaient tranquillement à quelques pas de là, ils avaient eu de la chance, si ça avait été des indiens qui étaient passés à côté d'eux sans les voir ils auraient pu leurs voler les chevaux, ou pire, savoir qu'ils se cachaient là dans les hautes graminées. Alors là, ils auraient pu...

C'est Maureen qui termina la phrase que son mari avait marmonné

  • Si ma tante en avait, ce serait mon oncle !

C'est dans un grand éclat de rire qu'ils rentrèrent au galop dans le convoi, ils le rattrapèrent facilement, il n'avait guère avancé ! il était même à l'arrêt !

Quand louis les vit, il explosa de rire et leur dit !

  • Alors les amoureux, c'était bien votre partie de bête à deux dos dans la savane, vous étiez tellement concentrés que si j'avais été un indien j'aurais pu vous trancher la gorge sans que vous en rendiez compte !

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