Le demi-dieu
Sedryn rendit le sceptre d’or à son paternel tandis que le jeune dieu s’approchait du centre de la pièce, ne sut que dire face à cette transformation.
- Je ne m’attendais guère à vous revoir ainsi, dit Argos.
- Cette précaution est nécessaire pour la continuité de cette quête, dit Zéus de son habituel voix grave. Nous devons aussi modifier nos patronymes lorsque nous nous présenterons en présence des mortels. Je me nommerais Kyril Edéis et tu porteras le nom d’Iskhuros Cryso, nous serons des aristocrates de la région d’Etolie.
Argos baissa subitement le regard sur une cape de voyage d’un ronge foncé aux attaches d’argent brodée d’une armoirie représentant un lys d’or que tenait son paternel de sa main. Sans omettre de controverse, il prit le vêtement et l’attacha sur ses épaules, leva les yeux en ayant remarqué l’expression observatrice du seigneur.
- Ces étoffes sont d’une qualité inestimable, dit Sedryn. Je tiens personnellement à les retrouver sous leur aspect d’origine.
- Nous en prendrons grandement soin, dit Zéus qui se mit aux côtés de son fils. Nous vous remercions pour l’hospitalité que vous nous avez apportez.
- Vous avez également contribué à cette bataille et en particulier votre progéniture, dit Sedryn. Il a été d’une aide considérable pour la survie de notre maison tout en mettant son existence en péril, j’en suis donc éternellement reconnaissant.
En voyant Sedryn incliner la tête en signe de distinction, il se sentit légèrement embarrassé d’avoir la gratitude d’un àlfar de haute lignée.
- Il est tout à fait naturel d’aider son compagnon de voyage dans un moment semblable, dit Argos d’un air modeste.
- Mon peuple est responsable de votre transformation ainsi que celle de nombreuses autres divinités de votre famille, dit Sedryn. Je vais donc autoriser mon fils à entreprendre ce voyage.
- Au sujet du voyage, dit Zéus. Pouvez-vous demander à Naranwe de nous transmettre un manuscrit dès leur arrivée au Royaume terrestre ?
- Je pense qu'il a reçu l’information, dit Sedryn.
À la suite de ces paroles, Argos décida de se retourner en voyant le seigneur porter son attention vers l’entrée de la pièce de réception. Il aperçut Naranwe adossé à l’embrasure d’une des portes en le toisant du regard, ses bras et ses jambes croisés. De son champ de vision, il vit son paternel se détourner de son interlocuteur puis échanger quelques mots avec l’àlfar. Il frappa le bout de son sceptre au sol, put voir le compagnon de voyage de son fils tourner la tête au moment où ils disparurent dans une foudre sonore qui illumina la salle.
L'éclair surgit dans un grondement, traversant le ciel diurne jusqu'à la terre en laissant apparaître les divinités à la sortie d’un bois. Ils observèrent les alentours du Royaume terrestre, virent à perte de vue des parcelles agricoles et devant eux, se dressaient les remparts de la cité. Ils traversèrent le chemin qui longeait les champs pendant plusieurs mètres appréciant le climat des lieux. Ils arrivèrent bientôt devant de grandes portes de chêne, s’arrêtèrent devant les battants de forte épaisseur qui s’ouvrirent lentement. Le jeune dieu leva les yeux en direction des sentinelles qui portaient une armure, les regardèrent entrer dans la ville en gardant fermement leur lance. Il s’arrêta soudainement devant une scène quelque peu inhabituelle aux côtés de son paternel.
À l’intérieur d’un large cercle que formait les résidents, se tenait un homme d’une carrure semblable à celle de Zéus. L’un deux s’élança vers son adversaire vêtu d'une cape ressemblant étrangement à la peau d’un lion puis se transforma tout à coup en un reptile, s’apprêta à morde le bras levé de son ennemi. De son autre main, le mortel prit brusquement la mâchoire du serpent de sa poigne, sentit sa prise se refermer au fur et à mesure sur la corne d’un taureau. L’homme prit les deux cornes de l’animal en l’empêchant de le projeter hors du cercle, ignora la charge robuste de son assaillant. Il le souleva du sol en contractant ses membres tendus vers le haut, changea légèrement de position ses jambes et envoya de toute ses forces le taureau vers des caisses de fruits et légumes.
L ’animal reprit forme humaine, son corps se décomposa en une nappe d’eau qui s’écoula sur le sol pavé. Ils virent alors une femme s’approcher de l’inconnu à la cape de lion sous les applaudissements admiratifs des résidants. Elle était brune, ses cheveux bouclés étaient attachés en un chignon, portait un long khiton de couleur vermeil et des sandales. Elle enlaça tendrement l’homme et quelque peu embarrassé par la nature des ces retrouvailles, le jeune dieu préféra détourner le regard.
- Quel est donc ce mortel à la force surhumaine ? demande Argos.
- Un homme ne serait guère capable d’un tel exploit, dit Zéus qui observa le couple. Il s’agit d’un demi-dieu et il est par surcroît ton demi-frère.
Déconcerté à la suite du combat, Argos était soucieux de rencontrer et de converser avec son demi-frère. Il fixait du regard l’endroit où le dieu fleuve était quelques instants auparavant en se demandant de quelle manière il allait se procurer le sang de la divinité. Il tourna la tête, aperçut l’inconnu qui s’avançait dans leur direction en compagnie de son épouse, s'arrêtaient en leur faisant face.
- Si je ne me méprends, vous n’êtes de cette région, dit-il en observant les divinités.
- Nous venons d’Étolie, dit Zéus qui précisa. Nous sommes des aristocrates à la recherche d’un remède contre une maladie infestueuse. Nous devons nous entretenir avec le roi de Calydon au sujet d’ouvrages dont nous avons besoin.
Il remit un manuscrit au demi-dieu qui fronça légèrement les sourcils. La jeune femme regarda à son tour le message puis reconnut la calligraphie de son paternel.
- Père est actuellement en voyage, dit-elle. Il ne reviendra seulement dans quelques jours mais si vous ne devez partir dans l’immédiat, je serais aise de vous convier dans notre demeure.
- Je vous remercie, nous acceptons votre invitation, dit Zéus. Quel est donc votre nom, jeune demoiselle ?
- Je me nomme Déianara, dit-elle. Et voici Héraklès mon cher époux. Puis-je connaître les vôtres ?
- Mon nom est Kyril Edéis, dit la divinité de l’Olympe. Le guérisseur ici présent, se prénomme Iskhuros Cryso.
- Puisque nous nous sommes présentés, dit Héraklès. Nous allons vous montrer notre demeure, ensuite vous vous préparerez pour le banquet nocturne.
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