Chapitre 8 - Idan
10 minutes plus tôt...
Alors qu'il n'était encore qu'au plat principal, Idan aperçut, dans le coin de son œil, le jeune brun se lever brusquement de sa chaise. Il leva immédiatement la tête vers lui, ses sourcils légèrement froncés, l'air inquiet. Aloïs, les paumes de ses mains appuyées fermement sur la table, esquissa un sourire. Ou du moins, il tenta. Ce qui, bien évidemment, trahissait son malaise.
— Je… je vais aux toilettes.
Idan, pris au dépourvu par cette annonce, observa Aloïs se lever, un air d'étonnement sur le visage. Pourtant, un sourire éclaira son visage, bien que l'inquiétude ne le quittait pas.
— Euh, d'accord, je t'attendrai.
Le regard d'Aloïs se fit soudainement froid et distant. Il tourna les talons, glissant ses mains dans ses poches avant de partir sans un mot de plus. Idan le suivit des yeux jusqu'à ce qu'il disparaisse au détour d'un couloir. Son esprit se mit à tourner en rond. Pourquoi cette brusquerie ? Il s'interrogeait, mais cette inquiétude étrange ne cessait de grandir. Le jeune brun semblait si… fuyant.
Il secoua la tête, décidant d'oublier cette impression. Il replongea dans son assiette. Le menu du jour n'était pas si mal, même plutôt bon. Idan s'était servi un wrap garni d'une bonne dose de chili con carne, accompagné de quelques feuilles de salade pour adoucir le tout. En dessert, une coupelle de fruits secs : banane, orange, mangue, kiwi et dattes. Bien qu'il ne soit pas particulièrement fan de dattes, il n'y fit aucune remarque et se régala.
Après avoir terminé son plat, Idan leva les yeux, espérant apercevoir Aloïs revenir. Mais il ne vint pas. Intrigué, il se remit à manger son dessert, ses yeux se levant à chaque bruit près de lui, dans l'espoir de voir le brun revenir. Mais ce n'était toujours pas le cas. À mesure que le temps passait, une inquiétude sourde se fit de plus en plus présente. Une heure… une éternité à ses yeux.
— Idan, si tu as fini, tu peux partir.
La voix de la surveillante, Clémence, le tira de ses pensées. Elle s'approcha, les cheveux blonds mi-longs légèrement ondulés, ses yeux d'un bleu océan perçant. C'était une surveillante assez plaisante à regarder, mais Idan n'avait pas vraiment l'esprit à ça. Il tourna son regard vers elle, une légère hésitation dans sa voix.
— Oui, j'attends juste mon ami qui est parti aux toilettes.
Clémence hocha la tête avec un sourire avant de repartir dans sa ronde.
"Ami", pensa Idan en silence. Le mot sonnait encore étrange dans sa bouche. Il savait pertinemment qu'il était trop tôt pour qu'Aloïs le considère comme tel. Il se sentit coupable, presque ridicule, en employant ce terme. Après tout, le brun ne le voyait probablement que comme un simple camarade.
Idan observa son assiette vide, puis jeta un coup d'œil à sa montre. Il n’avait pas réellement fait attention à l'heure lorsque le jeune homme était parti, mais il savait au fond de lui qu’il s’était écoulé au moins 10, peut-être 15 minutes. Cela faisait trop longtemps. Trop longtemps pour qu’il s’agisse simplement de "prendre son temps", comme il se plaisait à le penser. Une intuition, aussi floue soit-elle, le rongeait. Il sentait qu'il y avait quelque chose de plus, quelque chose qu'il ne comprenait pas. Cette inquiétude persistait, bien plus forte qu'il ne l'aurait voulu.
Que faire ? Il n'en avait aucune idée.
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