Chapitre 9 - Idan

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Écoutant son intuition, Idan se leva de sa chaise. Il prit soin de la remettre correctement sous la table avant de se diriger calmement vers la porte qui menait à l'autre partie du self. Traversant la salle, il s’orienta instinctivement vers les toilettes réservées à son genre.

À peine eut-il franchi le seuil qu’un bruit résonnant attira son attention. Cela lui prit quelques secondes pour identifier ce qu’il entendait : des toux étouffées, amplifiées par l’écho d’une cuvette. Quelqu’un vomissait. L’idée le rendit mal à l’aise, mais une étrange inquiétude le poussa à rester.

Il jeta un coup d'œil aux cinq cabines alignées. Son regard hésita sur chacune d’elles avant qu’il ne se décide à vérifier, l’une après l’autre. Bien sûr, ce fut dans la dernière qu’il trouva ce qu’il cherchait… loi de Murphy ; on n’y peut rien.

Les mains contre la porte, il inspira doucement et, d’une voix mal assurée, appela :

— Aloïs ?

Un silence gênant s’installa. Le bruit avait cessé, mais personne ne répondit. La gorge serrée, Idan insista, plus doucement cette fois :

— Aloïs, c'est toi ?

Après un court instant, la porte s’entrouvrit lentement, forçant Idan à reculer de quelques pas.

Son cœur se serra lorsqu’il croisa le visage d’Aloïs. Ses cheveux noirs, repoussés en arrière par la sueur, lui donnaient un air égaré, presque vulnérable. Ses yeux d’un bleu pur étaient humides, soulignés par des cernes légèrement rougies par les pleurs. Idan ne put s’empêcher de le trouver beau malgré la douleur évidente qui se lisait sur ses traits.

— Aloïs… murmura-t-il, mais aucun mot ne suivit.

Aloïs resta figé, debout dans l’entrebâillement de la porte. Il évitait le regard d’Idan, ses yeux fixés au sol. Ce dernier, conscient qu’aborder le sujet ne ferait qu’empirer la situation, choisit un autre chemin. Il demanda doucement :

— Tu veux prendre l’air ?

Aloïs releva la tête vers lui, hésitant, puis acquiesça en esquissant un sourire forcé.

***


De nature bavarde, cette fois Idan se tut. Les deux garçons étaient assis sur un banc, à quelques pas du self. Idan observait Aloïs du coin de l’œil, mais ce dernier n’avait toujours pas prononcé un mot. Il semblait absorbé par ses pensées, ses doigts tortillant nerveusement un pan de sa manche. Contrairement à tout à l’heure, ses cheveux étaient revenus cacher son visage, empêchant Idan d’admirer ses yeux bleu clair qui l’hypnotisaient tant.

Le silence entre eux était lourd, mais Idan ne s’en plaignait pas. Cela faisait plus d’un quart d’heure qu’Aloïs restait à ses côtés, et il se contentait de cette proximité. Même si son cœur criait l’envie de l’aider, il respectait ce mur invisible qu’Aloïs dressait entre eux.

La sonnerie retentit, brisant la bulle silencieuse. Sans un mot, les deux garçons se levèrent et se mirent en route vers la salle B8, où les cours de mathématiques avaient lieu. Ils marchèrent côte à côte, leurs épaules presque frôlant parfois. Idan avait envie de faire quelque chose. N’importe quoi. Il voulait dire à Aloïs que tout irait bien. Mais il savait qu’aucun mot, aucun geste maladroit ne réparerait ce qu’il voyait dans ses yeux.

Arrivés devant la salle, Idan se tourna légèrement vers lui. Avant qu’Aloïs n’entre, il posa doucement une main sur son épaule, glissant lentement son pouce dans un geste apaisant.

— Merci, souffla Aloïs, presque inaudible.

Puis, après une pause, il ajouta :

— Pour tout à l’heure.

Idan esquissa un sourire, mais avant qu’il ne puisse répondre, Aloïs s’éloigna pour rejoindre sa place au fond de la salle.

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