"Mon but est de faire apparaître sur une toile de fond des hommes et des femmes bien vivants. Et je suis persuadée que j'ai raison de le tenter, même si c'est difficile."

Deux idées se succèdent ici.

La première m'invite à rechercher un reflet du réel convaincant, dans la façon dont mes protagonistes sont construits. En particulier, le lecteur doit croire non seulement à l'univers qui lui est présenté, mais encore doit pouvoir identifier les traits réalistes d'un personnage. En particulier les héros et les héroïnes.

Cela demande à la fois de se documenter, mais aussi d'observer finement des mimiques, des attitudes, des discours, pour mieux contourner les tropes habituels et dépeindre avec justesse les intervenants dans l'histoire qu'on raconte.

Dans toutes les recherches que j'ai effectuées, dans tous les conseils que j'ai compulsé, pour les jeunes auteurs, celui-ci revient très souvent : il faut à tout prix éviter les protagonistes unidimensionnels, sans aspérité, sans part d'ombre, sans défaut.

Ce n'est en soi pas grave de commencer comme ça. Ce n'est pas grave de s'exercer avec des personnalités simplistes. Mais à un moment, il faut oser, et tenter de déjouer une attente. C'est ainsi que l'on pourra se dire qu'on aime nos personnages jusqu'à la moelle. Que ces gens-là, on les suivrait, on leur mettrait des claques, on les consolerait.

La seconde idée est un encouragement pur et simple.

Quoi qu'il en soit, je ne souhaite rien tant que d'avoir raison de le tenter. Je voudrais, chaque jour qui passe à travailler sur un projet d'écriture ambitieux, me dire : "J'ai raison de tenter d'écrire ceci, malgré toutes les difficultés."

Ecrire quelque chose de grande valeur est un processus tellement long et laborieux, qu'il est précieux de ne pas se laisser décourager.