ça n'a pas marché...

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On nous a chargé dans des autocars, on est parti. Dans le mien, il n’y avait que des hommes. Après deux journées de voyage, on est arrivés dans un endroit qui s’appelait Chandourène, le Hameau de Chandourène. Nous avons appris plus tard qu’il s’agissait d’un centre de vacances. Il était très tard, nous étions très fatigués. On nous a mis par trois dans des petits pavillons tout propres. Des lits faits, des salles de bain toutes propres. Et il faisait tout chaud ! On s’est lavé, on nous avait donné un casse-croute mais on n’a pas pris le temps de manger, on s’est couché, on était trop fatigués. On a dormi je pense, comme des bébés ! le lendemain matin, il faisait froid mais le ciel était bleu. L’air était léger. En face de nous, des montagnes légèrement enneigées. On nous a laissé traîner au lit. On est descendu au réfectoire. On avait deux cuisiniers pour nous ! On n’avait pas le droit de faire notre cuisine, pour des raisons d’hygiène ; mais on était servis comme des princes ! Tout allait bien…

Il y avait des bénévoles à Chandourène, au départ pour nous occuper, donner des cours d’art graphique, de la peinture, mais très vite, ils se sont aperçus que nous avions besoin de cours de français. Et nous avons commencé à suivre des cours de français et de géographie…

Des amis de Saint André nous ont même emmenés au festival Xylophylle à Annot pour apprendre à graver le bois ! Ce jour là, je me souviens, j’étais avec un cousin et avec des amis, on nous a fait beaucoup de compliments. Comme je suis assez timide, je me demandais si ce n’était pas par gentillesse, parce que mon cousin et moi, nous étions vraiment très noirs, quand même ! Mais non, c’était sincère et ça m’a beaucoup touché. Ça nous a fait vraiment, vraiment plaisir.

Entre temps, nous avions déposé notre demande d’asile à la préfecture de Marseille. On attendait la réponse. Finalement, je fus convoqué à l’OFPRA, qui est l’Office Français pour la Protection des Réfugiés et Apatrides, à Paris. Et là, le résultat trois jours après, c’est que… j’avais menti ! Je ne me souvenais pas d’avoir menti. Mais on m’a dit que j’avais menti. J’ai compris peu après que l’interprète, qui parlait très bien l’arabe, avait des problèmes de traduction en français. Il avait donné des dates souvent différentes à plusieurs moment de sa traduction. Je suis donc reparti débouté de ma demande d’asile. En plus j’étais un menteur. Mes amis de Digne m’ont aidé à déposer un recours à la CNDA, le Centre National de la Demande d’asile. Et là aussi, un avocat marron. La cour n’a retenu que le mensonge ; soi-disant j’avais menti lors de ma première audience à Marseille. Des amis m’ont dit qu’il était possible de faire une demande de réexamen de dossier au près de l’OFPRA. Mais cela devenait trop compliqué pour moi. Je me sentais perdu. Alors sans rien dire à personne, j’ai pris mon baluchon. J’ai quitté les Alpes et je suis remonté à Calais.

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