Chapitre 3 : La distance entre nous

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 L'appel s'était terminé sur une note douce et légère, comme une brise qui s'évapore après un orage. Pourtant, quelque chose en moi avait changé. C'était comme si, en entendant sa voix, en voyant son visage, tout ce qui était flou jusque-là avait pris une forme nette, un visage que je pouvais associer à chaque mot. Chaque parole prononcée, chaque rire, chaque hésitation m'étaient désormais intimes, gravés dans mon esprit. Et bien que le téléphone ait raccroché, cette connexion ne semblait pas vouloir s’éteindre.

Ce soir-là, je suis restée longtemps dans le silence après l'appel, à réfléchir. Les mots qu’il m’avait dits tournaient encore dans ma tête, je les revivais sans cesse. Tout semblait plus réel, plus vivant. Cette voix… elle n'était plus seulement un son derrière un écran, mais une présence, un ancrage. J’avais l’impression de l’avoir entendu mille fois avant, comme si son écho résonnait en moi depuis toujours. Et pourtant, je n’avais pas encore partagé assez de moments pour le connaître réellement. Ce sentiment d’intimité me paraissait à la fois magnifique et effrayant.

J’avais l'impression de naviguer dans un espace tout neuf, fragile, mais aussi électrisant. Chaque échange devenait plus intense. Ce n'était pas qu'un simple jeu de mots. À chaque instant, il me dévoilait un peu plus de lui, et moi, je m’ouvrais aussi, peut-être même un peu trop. Nous partagions des choses que j'avais jamais dites à qui que ce soit. Nous étions comme deux inconnus qui se comprenaient, sans explication, presque sans effort. Les silences entre nos réponses n’étaient pas des moments de doute, mais des espaces où chacun réfléchissait, où l’on se demandait ce que l'autre pensait. Il y avait comme une promesse tacite dans chaque mot échangé, comme une douce tension.

Pourtant, plus nous partagions, plus je ressentais un étrange sentiment de vulnérabilité. Chaque message, chaque appel me laissait dans cet état suspendu entre la peur et l'excitation. C'était un équilibre fragile, ce lien qui se tissait entre nous. D’un côté, il y avait cette peur de l’inconnu, de l'engagement qui venait avec l'intensité de tout ce que nous vivions, mais de l’autre, il y avait ce désir de laisser la peur de côté, d'embrasser l’aventure, de ne pas trop réfléchir.

Mais il y avait aussi la distance. La distance entre nous, qui ne cessait de me revenir en tête. Les kilomètres étaient là, invisibles, mais pourtant, ils pesaient de tout leur poids. Comment tout ça pouvait-il être réel, quand il était à 900 kilomètres de moi ? À chaque message, je me sentais plus proche de lui, mais en même temps, cette distance géographique me rappelait brutalement la réalité. Nous ne pouvions pas nous voir, nous toucher. Et cette pensée me faisait naître une sorte de frustration douce, de désir intense mais inatteignable.

Au fond, une petite voix me disait que tout ce que nous vivions, aussi intense soit-il, restait fragile. C'était un peu comme un rêve dans lequel on plonge, avec l’espoir de ne pas se réveiller. Mais même dans cet espace virtuel, il y avait cette chaleur, cette sensation qu’il y avait quelque chose de solide qui grandissait entre nous. Je commençais à imaginer ce que cela pourrait être, si un jour nous nous retrouvions face à face. Comment ce lien qui existait à travers l’écran, à travers les mots, se traduirait dans le monde réel ? Serait-il aussi fort ? Aussi intense ? Ou bien la distance le rendait plus beau, plus précieux ? Je n’en savais rien, mais l’idée de le découvrir me fascinait.

Et pourtant, même dans ces doutes, même dans cette attente, je me sentais guidée par une certitude étrange. Il y avait quelque chose dans cette connexion qui me poussait à avancer, à ne pas avoir peur. Une sensation que j’avais peut-être attendue toute ma vie, que je n’osais même pas imaginer jusqu’à ce jour-là.

Mais j’avais encore des questions, des interrogations qui me tourmentaient. Était-il aussi investi que moi ? Que ressentait-il vraiment de tout cela ? Et pourquoi, à chaque fois que je répondais un peu plus tard, je sentais cette panique dans ses mots, cette crainte qu’il pourrait me perdre, qu’il pourrait me décevoir ? Je n’avais jamais ressenti cela avant. Cette fragilité me touchait, mais ne me faisait pas peur. Elle m'attirait. Je voulais découvrir ce qu’il cachait, ce qu’il ressentait, ce qui se cachait sous cette façade.

Là où j’aurais pu être effrayée par l’incertitude de la situation, par la distance, je m’apercevais que, au contraire, cela renforçait ce que nous vivions. Peut-être que c’était ça, la beauté de l’histoire que nous écrivions à deux : l’idée qu’elle se construisait lentement, de manière fragile mais tellement sincère, et qu’elle me donnait l’envie de la poursuivre, de la vivre, peu importe les obstacles.

Les jours suivants furent un tourbillon. À chaque message, je sentais cette envie irrésistible de m’y plonger, de tout lui raconter, de lui donner chaque parcelle de moi, pour qu’il comprenne cette connexion, cette alchimie que j'avais du mal à décrire. Mais je savais, au fond de moi, qu’il ressentait la même chose. Comme si la distance n’avait pas de prise sur l’intensité de ce que nous étions en train de créer. Et je n'avais qu'une seule certitude : quoi qu’il arrive, je ne voulais pas que cette histoire se termine, ni maintenant, ni jamais.

Je savais que je m'étais éprise de lui. Le mot éprise n’a jamais été aussi juste. C’était comme une évidence, une vérité que je ne pouvais plus ignorer. Et, même si je n’avais pas de nom pour ce que je ressentais, j’avais cette certitude que quelque chose d’immense et de profond m'envahissait. Je pense qu'on peut vraiment parler de coup de foudre.

Ce phénomène dont on m’avait souvent parlé, mais que je n'avais jamais cru possible, se produisait sous mes yeux, et je n'avais pas la force de le nier. Ce n’était pas une simple attraction, ce n’était pas juste un élan de sympathie. C’était plus que ça. C’était comme si, d’un seul coup, tout avait trouvé sa place. Comme une tempête qui frappe un ciel bleu sans prévenir, qui vous secoue au plus profond, mais vous laisse une chaleur nouvelle en vous. Ce n’était pas un simple coup de cœur, c’était quelque chose de plus grand, plus fort, comme si mon cœur avait trouvé sa moitié.

Je n’en avais entendu parler que dans les livres, dans les contes de fées, ces histoires qui parlaient de princes charmants, de moments suspendus, de regards qui se croisent et changent une vie. Le coup de foudre était une chose que l’on me racontait comme un mythe, une illusion qu’on voulait bien croire mais qui n’arrivait qu’aux autres. Mais là, devant moi, il était bien réel. Il m’avait frappée sans prévenir. Ce n'était pas un coup de foudre comme je m'étais imaginée. Il n’y avait pas de flash aveuglant, ni de musique au loin. Non, c’était un regard, un mot, une sensation qui me prenait à la gorge, me forçant à respirer plus fort, comme si l’air avait soudainement un goût nouveau. Et pourtant, tout semblait si calme, si naturel. C’était une magie invisible qui se déployait.

Le coup de foudre, c’est un instant suspendu. Un instant où tout autour de soi se transforme. C’est comme si la réalité devenait plus lumineuse, plus intense, plus vivante. Les couleurs, d'un coup, semblaient plus vives, comme si chaque détail, chaque mot, chaque sourire devenait précieux. Rien n’était plus ordinaire, plus banal. Tout avait un sens, une signification. C'était comme si je m’étais réveillée d’un long sommeil et que je voyais enfin la vie dans toute sa beauté.

Je suis restée longtemps à chercher les mots pour exprimer ce que j'avais ressenti ce jour-là, ce que j'avais ressenti à cet instant précis. Le « coup de foudre », ces mots que l’on utilise parfois avec tant de légèreté, ces mots que j'avais entendus mille fois dans les histoires romantiques ou les films, me paraissaient presque ridicules. Comment décrire cette émotion folle, dévorante et sublime ? Ces mots semblaient insuffisants. Mais, paradoxalement, en y réfléchissant bien, j’ai compris que ce sont justement ces mots qui collent parfaitement à ce que mon cœur avait ressenti. Ils représentaient cette sensation d’urgence, cette montée d’adrénaline qui vous prend au corps, mais aussi cette douceur qui vous envahit, tout en douceur, comme un rayon de soleil dans la pénombre.

Le coup de foudre, c’était ça. C’était ce sentiment soudain, inexplicable, qui m’a frappée comme un éclair, mais qui m’a aussi illuminée. Un éclair qui ne brise pas, mais qui éclaire d’une lumière plus belle, plus douce. Un instant figé, suspendu, où l’on se sent à la fois vulnérable et invincible. Un moment où tout prend sens, même ce qui semblait inutile ou lointain. Il n'y avait plus de place pour le doute, ni pour les hésitations. C'était une révélation. Ce n’était plus juste un simple crush ou une amourette. C’était plus grand que ça. C’était une vérité qui se posait là, sous mes yeux, dans mon cœur.

C’était un moment où l’on se sent à la fois submergé et en paix, où les étoiles dansent autour de nous, et où l’on n’a qu’une envie : les attraper, les conserver, les faire durer. L’intensité de ce lien naissant devenait tout ce dont j’avais besoin. Comme si chaque instant passé à ses côtés, chaque conversation, chaque rire, m’approchait davantage de ce qui me semblait être ma réalité, mon endroit à moi.

Je crois que, parfois, les mots sont trop faibles pour décrire ce que l’on ressent réellement. Mais en comprenant le sens du coup de foudre, je me suis rendue compte que c’était la seule façon de décrire ce qui brûlait en moi à ce moment-là. Ce n’était ni une illusion, ni une chimère. C’était vrai, c’était tangible. C’était un bouleversement que je ne pouvais ni contrôler, ni expliquer, mais que je vivais pleinement, avec tout ce que cela impliquait. Ce n’était pas juste une passion passagère. C’était un amour naissant, un amour que je n’avais jamais cru possible, mais qui m’avait trouvé quand je m’y attendais le moins.

Je m’étais éprise de lui, et je savais que ce qui allait suivre serait inoubliable. Je n’avais aucune idée de ce que l’avenir nous réservait, mais je savais une chose : cette histoire allait être ma propre légende. Et dans cet instant suspendu, j’étais prête à la vivre pleinement.

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