La lumière orangée, qui noyait l’espace d’une douce apathie, avait la même texture que celle diffusée dans une fameuse grotte près des gorges de Cascarot ; du moins offrait-elle cette même sensation qui s’était perdue dans les méandres de sa mémoire. Et lorsqu’un fumet de champignon s’éleva hors d’une marmite qui gargouillait, c’est tout un pan de son passé qui ressurgit.

« Dabril ? »  

— Ne bouge pas. Tu émerges, c’est bon signe.  

L’homme qui l’avait recueilli après sa chute avait un teint juvénile et un visage raffiné. Pourtant, son regard mélancolique et une énorme cicatrice au visage lui donnaient une allure bien plus mature. Une élégance naturelle émanait de son corps svelte, recouvert d’un costume turquoise qui lui allait à ravir. On aurait dit une sorte de philosophe, d’intellectuel androgyne perdu dans ses propres fantasmes de fin du monde. Néanmoins, lorsqu’il concocta une potion violacée en mélangeant des ingrédients étranges, le Tenrabéen comprit que son sauveur miraculeux était doué, tant ses mains habiles savait modeler la matière et contrôler la douleur. La potion versée dans un creuset fut méthodiquement moulue avec des plumes qui se désagrégèrent à son contact. L’onguent appliqué sur la poitrine d’Antoine, la plaie béante qui lui faisait un mal de chien commença à cicatriser.  

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