Le dernier renard
Il est nuit. Froide. Il a plu et l’herbe luit de vert dans les cônes de lumière jaune des lampadaires. Il est gris anthracite de tristesse et se dirige fébrile de fatigue et de trop de café noir vers sa voiture. Tache fauve. Il reconnaît immédiatement l’animal. Se fige. S’accroupit pour casser sa silhouette et regarde en biais le renard à quelques mètres seulement. Prudent. Mais pas inquiet. Étonnamment. Aucun bruit, la ville dort, aucun mouvement. Seuls ces deux êtres de solitude qui par le plus grand des hasards se sont croisés. Ils se regardent. Le renard hume chaque brin d’herbe sans plus se soucier de sa présence et lui, dans ce temps suspendu, est instantanément ailleurs, loin des odeurs d’hôpitaux et de mort aigre qu’il vient de quitter. De se souvenir du Petit Prince… S’il ne l’avait pas été pour cette mère mal aimante, la vie lui rappelait dans une douce poésie muette qu’il était bien un Petit Prince. Même lorsque ce renard sera reparti dans les noirs mystères de la nuit.
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