Vert, noir, blanc, bleu et roux
Ils venaient de quitter un sous-bois sombre et humide et approchaient d’un sentier tournant à droite en une longue courbe montante et courant à flanc de montagne, bizarrement sans la moindre touche de vert, seulement ces pierres noires, en éboulis, chaos minéral prodigieux sur un ciel laiteux, presque orageux. Ils avançaient donc, silencieux, plus impressionné par l’atmosphère qui se dégageait de ces éboulements titanesques que par respect de la consigne invitant au silence lorsqu’il s’agit d’observation animale. Et l’effort aussi. Qui coupait la respiration. Courte. Les jambes. Lourdes. Sac à dos faisant ployer les torses. Un geste. Attentif, sachant qu’ils étaient en terrain découvert, ils se baissaient instinctivement en douceur, sans mouvement brusque. Même pour les enfants qu’ils étaient. Dans le noir des roches un monticole bleu. Ils ne voyaient que ça, cette électricité de la teinte voletant à la recherche d’insectes, presque ombre en contre-jour flûté de ses mélodies aiguës. Un autre geste les invitant à regarder plus haut. Trait roux. La queue aussi longue et épaisse que le corps, un renard, truffe noire, pattes noires, ventre crème file prudemment comme une ligne nerveuse au-dessus d’eux, blocs noirs, forêt verte, ciel blanc, touche bleu virevoltant, chemin presque blanc. Et eux, yeux écarquillés et pétillants.
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