Un gosse et un clebs

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Vacances. Il tourne. En rond. Il court la forêt, tire des balles de 22 mm dans des cibles, il s’améliore, mais une fois finit sa boîte de cinquante, il s’ennuie à nouveau. Il passe bien du temps dans le grenier, là-haut, dans les objets de la seconde guerre et lit tout ce qu’il peut lire sur cette guerre si prodigieuse pour un ado, quand il pleut, mais là, il ne pleut pas et il s’emmerde profond. Alors sa mère et son jules, un pauvre type à ses yeux, lui ont trouvé un travail. En vacances. Histoire qu’il s’occupe. Loin d'eux. Et il commence ainsi à travailler en chenil, à nettoyer les box, et il y en a beaucoup de box. Alors il ramasse la merde, passe le jet d’eau, pour les chats, change les litières, remet des croquettes, de l'eau dans les gamelles. Il ne se souvient pas s’il a été payé pour ça, juste d'avoir été éloigné de la maison et d’arrêter de tourner en rond. La routine est la même, il entre dans une cour grillagée, avec ses dix boxes. Libérer les chiens, qui peuvent avoir un instant de liberté et jouer entre eux, avec lui aussi, sauf une. Trop farouche, et si elle se sent acculée, qui se défend. Alors son box est-il nettoyé après et à part. Il a pour consigne de ne pas s’en approcher, de la laisser libre. Pas de contact. Une première journée, puis une deuxième, la semaine passe, et au bout de deux, trois semaines, au moment de repartir, alors que comme d’habitude, l’animal tourne échine baissée, queue entre les pattes, grondant constamment pour le prévenir de ne pas faire l’idiot, lui, s’accroupit près de son seau d'eau sale et de sa raclette et regarde le sol. Rien d’autre. Et de deviner les cercles nerveux et traqueux du cabot. Et d’attendre, plein cagnard, au centre de la cour, sans bouger, sans la regarder. Petit à petit, tel un requin en chasse, les cercles se font plus serrés, s’approchent, pas trop au début, puis de plus en plus près. Truffe humide qui lui sent la main. Il ne bouge pas. Elle revient. La chienne s’arrête et le renifle sous toutes les coutures, lui ne bouge pas. Les gouttes de sueur s’écrasent au sol et ses genoux lui font mal, mais il reste immobile. Il tourne sa paume vers le ciel, une croquette immédiatement avalée, et puis une deuxième. La chienne plaque son flanc contre lui, au risque de le faire tomber, elle accepte enfin d’être caressée. Une fois ou deux, pas plus. Et il se relève doucement et repart tranquillement. La chienne n’a plus sa queue entre les pattes.

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