Et de penser à Bernard Clavel
Il gare sa voiture, plus loin, là où il y a de la place, histoire de ne pas perdre de temps à trouver à se garer plus près, et d’arriver en retard, et de se faire engueuler comme du poisson pourri par un patron qui par contre, n'en a strictement rien à cirer qu'il fasse des charrettes à rallonges le soir. Alors il préfère perdre du temps à marcher un peu, moins de postillons à gérer. Et traverser ce parc lui fait du bien, et à l’aller et au retour. Ombre qui file. Les journées se passent et à chaque fois cette ombre lupoïde qui court les allées et les pelouses, à toute vitesse. Il a compris que l’animal, un superbe husky, trouve ici à se dépenser, et il ne s’en prive visiblement pas, jamais statique, toujours à tendre ses trajectoires au plus court, à fond. Et un jour, le chien aux yeux bleus et à la robe gris clair, presque blanche se plante devant lui, en signe de soumission et se met à hululer. Et chaque matin, et chaque soir, alors que cette femelle lui raconte sa vie, droit dans les yeux, lui s’accroupit et l’écoute, puis elle file sans qu’il n’ait pu la caresser. Le voudrait-il ? Il comprend son désir de liberté, ô combien ! Sa maîtresse, intriguée par ce manège qui se répète chaque jour, vient un jour le voir et ils se mettent à discuter. Et alors qu’elle lui explique que cette chienne a été recueillie à la SPA, après avoir été maltraitée par un maître, et qu'il est désormais impossible pour le moindre homme de l’approcher, celle-ci se colle à lui et quémande caresse sous le regard complétement stupéfait de sa maîtresse. Il sera le seul à pouvoir ainsi l’approcher.
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