Une souris et un homme
Les anti-douleurs, la chaleur, sa blessure, tout le fatigue. Du mal à dormir la nuit pourtant, comme si cette fatigue, à force d’être omniprésente, le mettait comme dans une forme de fébrilité. État anxieux dit son médecin. Plus tard, des années après, un médecin du sport lui avait expliqué qu’un sportif allait de blessure en blessure, que l’état émotionnel fluctuait dans ces moments de crise et c’était bien normal. Que l’accompagnement des sportifs permettait de réduire le phénomène. Seulement, lui, l’avait vécu sans la moindre explication, à la dure. Pleine gueule. À gérer ça seul. Et seul, bien, c’est souvent comme il le pouvait. Et là, c’était au fond d’un méchant canapé sans âge et hideux, devant une télé fatiguée de diffuser des programmes idiots, aussi, s’était-il endormi devant, le bras tendu vers la chaise où reposait une assiette et des biscuits. Il s’entend ronfler, et ça le berce, ça le rassure. Il sent sa respiration vibrer, l’impression d’être un chat qui ronronne. Enfin un peu serein. Le bruit de la circulation, des grattements légers, si légers. Et le son d’un biscuit qui se déplace. Dans un demi-sommeil, ses yeux s’ouvrent et il aperçoit au bout de son bras, une boule grise, toutes vibrisses tendues, qui croque dans ses gâteaux secs. Il est tellement étonné, tellement dans le gaz, et aussi tellement émerveillé d’avoir à seulement quelques centimètres de sa main un être vivant, pourtant farouche au possible. La souris finira par partir, lui par se rendormir, se demandant s’il a rêvé.
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