Un paradis

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Plaine. Plate. Désespérément plate. Seulement moutonnée d’arbres, comme des forêts qui ourlent l’horizon de traits sombres. De la voiture, roulant en solitaire, ils ne voient que le soleil se lever d’un côté et la nuit résister de l’autre. Quelques étoiles encore. Au milieu luit une route. Bientôt, ils tournent, quittant cette nationale, vide, se dirigeant vers cette masse feuillue, y pénètrent. Une tout autre atmosphère. Ils se garent, continuent à pied. S’enfonçant plus avant dans la masse chlorophylle. Des fleurs par touches ponctuent une variété de verts incroyables de diversité soit assombris, soit éclairés pleinement. Comme une variation plus européenne des peintures du Douanier Rousseau qui lui plaisent tant. Une clôture. Qu’ils franchissent. Plus loin enfin un étang. Roseaux et joncs. Nénuphars. Grenouilles en symphonie coassante. Libellules. Cet endroit est une merveille, presque un paradis. Sur l’autre rive, des bernaches qui se toilettent, étalant parfois une aile ou une patte. Presque immobile, comme un zigzag roux à peine souligné d’un trait noir, ailes d’un gris de cendre un peu mouillé, un héron pourpré, bec jaune, poignard. Ils l’observent en silence parcourir tout de lenteur maîtrisée son lieu de nourrissage. Trait bleu électrique qui fuse. Direct. Son vol aux ailes courtes et rondes à haute fréquence ne permet qu’à peine le percevoir. Posé, tout de nervosité de la tête à la queue, ils peuvent entrapercevoir son ventre roux et les pointillés blancs d’une partie des ailes et de la tête à la zone lorale noirâtre incluant une tache rousse. Œil sombre. Zone auriculaire rousse. Sur les côtés du cou presque un collier blanc. Il ne reste que très peu de temps en place. Et dans un vol oblique et rapide, fond sur sa proie, parfois un court vol stationnaire pour assurer sa pêche. À peine une éclaboussure. À nouveau une fusée bleu-vert filant à ras de l’eau. Ils repartiront, reprendront cette nationale, désormais encombrée, les champs fauchés et jaunâtres la bordant de chaque côté, l’air vibrant, la chaleur invivable, étouffante, le macadam qui a l’air de fondre sous les roues de la voiture.

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