Une perle loin de tous
Tout petit parc. Une perle. D’un côté, les grands bassins aux horizons ouverts en majesté, de l’autre, la rue où parfois passent des chars qui faisaient trembler le sol. Entre, ce parc. De hauts murs de meulière. Un petit chemin de gravillon. C’est par hasard qu’il l’avait trouvé, il ne sait plus comment. En se perdant sûrement. Dans cet écrin, une véritable jungle, c’est à peine si on voyait le ciel d’ailleurs. Et ce point d’eau, calme, absolument calme. Des bancs, de ci, de là. Des lecteurs, souvent. Il y venait fréquemment. Loin de ses tracas, pour boulotter son sandwich en toute tranquillité. Échapper à la vie en collectivité parfois. Faire une pause des autres. Il n’avait dit à personne ce secret, et personne ne venait à le suivre et apporter les cris et les embrouilles qui lui cassaient les pieds. Et ce lieu ne s’y prêtait pas. Ce n’eut pas été un joli cadeau à lui faire d’ailleurs. Alors, à l’écart, il venait y passer parfois de longues heures pour observer les martinets filer à seulement quelques centimètres de l’eau, effleurant parfois du bec la surface de l'eau, comme une lame de rasoir acérée. Poursuites rapides, à peine battues, en longues glissades planées, accélérant ou freinant brutalement dans l’espace plutôt réduit de ce parc, tout petit, si petit. À sa mesure. Loin de tous.
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