Une fraction de seconde
Fin d’après-midi. La journée a été chaude, et à l’ombre des falaises, alors que le soleil commence à être masqué, l’on pourrait presque croire que le soir tombe, couvrant tout d’ombre bleue. Il doit pourtant n’être que cinq ou six heures du soir. Mais sans le soleil, la fraîcheur s’invite déjà. Une pipistrelle s’enhardit et volette au-dessus des têtes. Personne ne la voit chasser les insectes à un mètre d’eux en un vol erratique. Il sait que c’est très tôt pour en voir, alors il est surpris. Encore plus lorsque l’instant d’après, une buse, juste au-dessus de cette foule, en silence et dans une rapidité et une fluidité déconcertante la chope en plein vol ailes écartées de toute son envergure. Il ne sait plus ce qui le sidère le plus. Tout. La foule aveugle et ignorante. Les plus d’un mètre de plumes et de serres et de bec noir ourlé de jaune et ses yeux perçants accentués par une bien sévère arcade. Alors il restera là, bras ballants, bouche bée, à observer cet oiseau massif perché sur une branche basse faire festin. Il est à la traîne, on le gronde, il doit vite rappliquer sinon il le sait, il va s’en manger une.
Annotations
Versions