L’esprit des roches et des eaux
Voiture asthmatique qui grimpe comme elle le peut les virolos de montagne, lacet après lacet, entre deux falaises quasi-verticales d’une gorge profonde. La route percée dans le roc vif va de tunnel en tunnel. Minéral gris, bleu et humide, gris et noir et mousseux, au fond un torrent blanc de rapidité qui s’écrase ici contre un rocher-là contre un autre, bousculé, constamment, contrarié et qui pourtant, furieux court. Il arrête la voiture sur cette route où personne ne passe et ils descendent, le muret de pierres à hauteur de tibia, vide à pic, net. Seul le bruit violent du courant, là-haut, le ciel est blanc de chaleur, ici, à l’ombre contrastée, il fait bon, presque d’une douce et agréable fraîcheur. Il leur montre, là, une boule anthracite presque bleutée tête chocolat, gorge blanc éclatant, qui plonge dans l’onde, en ressort, virevolte de ses courtes ailes trapues et replonge, le bec court et noir se garnissant de vers, queue courte, si courte. Dans l’eau cristalline, le voir marcher au fond, voler dans les remous, et ressortir, avec ses saccades mécaniques et nerveuses. C’est un oiseau bien amusant à voir que le cincle plongeur. Comme si une pierre avait pris vie et faisait ce qu’elle voulait dans l’eau et dans les airs.
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