Bourrasque de plume et de poil
Il est installé dans le canapé du salon, en L, dans l’enfilade, face à lui, la table si basse et traîtresse en verre, l’entrée et son gros et lourd meuble miel orné de bronze et sa plaque de marbre massive, épaisse, verte et blanche et noire enfoncé dans un coin dans le sombre, et ensuite la cuisine meublée de formica bleu. L’immeuble est traversant. Derrière lui des baies vitrées, immenses, donnant sur la rue calme, devant lui, dans l’office, une fenêtre sur le parc. Il lit une bande dessinée, mais s’emmerde profondément. Autour de lui, le monde vaque. Fin d’après-midi plutôt tranquille. La moquette jaune, épaisse sous ses pieds, le chat gris refait pour la énième fois sa toilette, à en être parfaitement trempée. Et un mouvement, à travers ses pages, il décèle un mouvement, un froufrou silencieux. Il reste là, interloqué et d’un coup, sur une intuition, il bondit tout droit dans la cuisine. S’arrête à son seuil et ne bouge plus. À sa gauche, sur le meuble où est posé le pain, un jeune, tout jeune merle à la couleur encore indéfini, à la fenêtre, face à lui, une merlette se met à s’égosiller d’alerte pour rappeler son jeune effronté. Et bien sûr le chat qui rapplique. Traits foncés qui filent d’un coup de panique vers le jardin. Trait gris qui file vers la fenêtre, saute avec une facilité déconcertante le mètre d’allège et atterri, guerrier et carnassier, plus bas dans la pelouse. Et maintenant d’expliquer comme il le peut à une maisonnée incrédule pourquoi le chat s’est barré en trombe.
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