Mesure d’éloignement
Un mur de meulière. Un mince trottoir de mauvais bitume. Les voitures garées si près. Il étend à peine les mains qu’il touche à la fois les rétros et les pierres. Petite rue sans passant. Et lui qui marche à toute allure. C’est le printemps et c’est encore agréable de marcher au soleil, et il ne s’en prive pas. Cris d’alerte, un oiseau le frôle de toutes ses plumes brunes et se pose devant lui. Au sol, cette femelle grive musicienne adopte une stratégie plutôt particulière puisque, aile étalée et traînante, elle fait croire au prédateur qu’elle croit qu’il est, qu’elle est blessée et pense ainsi l’attirer loin de son nid et de ses petits. Il ne veut pas la stresser plus que ça, mais n’a pas trop où aller ailleurs que sur ce trottoir, alors il ralentit son pas, essaye de ne pas l’effaroucher et surtout l’observe. Sa poitrine est blanche constellée de taches noires, son bec pointu, l’œil noir qui l’observe sans arrêt. Une fois suffisamment loin du nid, d’un coup, elle arrête de traîner la patte et se remet debout et d’un coup d’aile, disparaît tout à fait dans un bosquet.
Annotations
Versions