Si fragiles
Il court comme un cabri les montagnes que pourtant, il déteste, mais a-t-il seulement le choix ? Là où il prend du plaisir, c’est quand il sait qu’il va aller à la rencontre d’un glacier ou d’un lac. Les deux le fascinent. L’un pour sa masse extraordinaire capable de riper des vallées et d’entraîner des blocs de pierre monstrueux alors qu’il semble si léger de ce blanc bleuté, sur le dessus comme crayonné ; l’autre pour l’eau, froide, si froide, et dans laquelle il adore se baigner. Voir toute l’évolution de ces amas d’œufs accrochés aux algues jusqu’aux têtards, jusqu’aux petites grenouilles. Découvrir avec toute la vie des petits poissons, des insectes et des larves, et à chaque fois y passer des heures et des heures à observer, les libellules vrombissantes à ses côtés. Et un beau jour, dans une toute petite étendue d’eau percée de joncs d’un très beau vert, à quelques mètres l’un de l’autre, un triton et une salamandre. Il sait que ce sont des animaux fragiles, aussi ne les touche-t-il pas. Il sait qu’elles ne sont pas dangereuses, seulement fragiles. Il sait aussi que leur biotope doit être sans polluant, préservé de l’impact de l’Homme. Il s’usera les yeux à essayer de tout en voir, passant de l’un à l’autre, fasciné par ces animaux si patauds et si délicats. Et il faudra repartir, le cœur serré.
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