Semaine de merde. Week-end qui s’annonce de merde. Il est vendredi début d’après-midi et le constat est amer. Un pote qui frappe à sa porte. Même chose pour lui. Semaine de merde. Week-end de merde qui s’annonce. Il a une idée. Se barrer, là-haut, et se perdre en montagne. C’est l’automne, il n’y aura personne vu que les nuages seront bas. Ok. En à peine quelque temps le paquetage est fait et ils grimpent les virolos jusqu’au plateau. Ils savent très bien qu’il est strictement interdit d’y camper, mais ils s’en contrefoutent. Ils posent la bagnole, à l’écart histoire de ne pas attirer l’attention, et partent finir de grimper à pied. Arrivés sur le plateau, avec une carte d’état-major, ils s’orientent et commencent à tracer dans les nuages. Sensations particulières de flottement alors que le sol est hiératique, massif. Ils ne voient parfois pas à deux mètres, parfois les nuages semblent lécher le sol à un mètre ou deux d’altitude, bouchant pourtant tout horizon. Le soir va bientôt tomber, la tente sarcophage est dépliée, le feu allumé. Ils goûtent le froid du soir avec une plénitude complète. Ils ne verront pas les étoiles et ce n’est pas grave. Les cieux sont comme des cocons et l’obscurité semblent les enlacer avec beaucoup de précautions. Réveil au milieu d’un troupeau de moutons bêlant à qui mieux mieux, clochettes tintant comme une sorte de nuée sonore et ininterrompue. Ils repartent. Torse-nu. Pour de très longues heures de marche. Parfois une pluie fine. Jusqu’au soir, où à nouveau dans les nuages, ils vont bivouaquer. Et le lendemain matin, d’autres moutons. Comme s’ils eussent été télétransporté. L’idée les amuse. Dimanche fin d’après-midi, ils regagnent la bagnole, puis la vallée et ses emmerdes.