Il court, il court
L’automne commence à faire valoir son petit vent aigre annonciateur des froids plus rigoureux de l’hiver. Les rues sont vides des fêtards qui de coutume déambulent alcoolisés et bruyants, le crépuscule tombe rendant tout gris bleuté anthracite. Il se croirait dans un mauvais polar d’Olivier Marchal et il déteste les polars d’Olivier Marchal qui en font des caisses et des caisses. Il coupe les rues en diagonale, on vous dit qu’il n’y a personne, pas même une voiture qui roulerait trop vite de toute façon. Ses pas sont silencieux, ayant depuis longtemps l’habitude des semelles de crêpe ou de caoutchouc au contraire d’un de ses amis, qui lui aimait habiter la ville du bruit de ses pas. Lui préfère passer comme une ombre et observer. Les gens, les choses. Une ondulation sur le bitume, un trait fluide rapide et sec. L’animal s’arrête. L’observe. Et repart disparaître à toute vitesse sous les voitures garées à la queue Leleu. Un furet vient de faire frémir d’une houle ténue cette rue vide sombre et bleue de la fraîcheur de la nuit qui vient.
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