Il ne la verra que morte, sûrement tuée par une automobile, cette pie-grièche écorcheur a été ramassée par son père pour la porter, il ne sait où, où il fut copieusement engueulé ce père, l’espèce étant protégée à ce qu’on lui a dit, puis, après bien des tracas et de méfiances, enfin à un taxidermiste. Il ne verra donc que ce corps inerte et mou. Les ailes rousses, calotte grise, masque noir bec puissant, crochu lui donnant l’air d’un tout petit rapace et le ventre saumon. Jamais il ne la verra dans son biotope, ni en vol, ni à l’affût, ni en chasse, ni à empaler ses proies, ni à les dépecer, puisqu’il s’agit là de son trait le plus distinctif, seulement ce tout petit corps, mort.