Royal
Il est tard pour une observation, l’air vibre littéralement de chaleur, les herbes sèches, jaunes, cassantes, piquantes et coupantes. Il reconnaît au vol et au chant les oiseaux, des passereaux essentiellement qui traversent ce plateau bordé de falaises abruptes et subjugue ainsi son petit monde par sa connaissance. Ce plateau est relativement triangulaire et chaque pointe semble comme relevée, s’affaissant en son centre. Des blocs prodigieux gris de mousse et de lichen émaillent le paysage devant eux. Ils sont sur le départ, la journée a été frustrante parce qu’ils sont arrivés trop tard, qu’il fait vraiment trop chaud, pas les conditions idéales pour faire des coches. Ce terme l’intrigue. Il s’agirait donc de faire comme une collection des animaux vus, ah. Alors qu’il le sait, depuis qu’il est tout gamin, que chaque observation est un présent de la nature et qu’il s’agit d’en être respectueux, reconnaissant. Il arrête le petit groupe, murmure un truc qu’il n’entend pas. Tend le doigt vers l’extrémité du plateau, à l’autre bout de la médiane, des roches, des roches et des roches, brunes, trémulantes. Une pierre se détachant sur un ciel presque gris d'orages en gestation, peut-être un peu plus droite que les autres, bouge et tourne la tête vers eux. Il s’agit d’un aigle royal. À à peine 500 mètres d’eux. En poste, à l’affût. On lui a suffisamment dit pour qu’il le sache désormais, néanmoins, on le lui rappelle, que son aire est à l’aplomb très certainement de ce poste de guet. Tant pis pour la chaleur, tant pis pour la soif, ils restent là à l’observer en silence pendant encore un long moment jusqu’à ce que cet oiseau majestueux étale ses ailes de deux mètres et finisse par s’envoler en chutant de manière totalement contrôlée de la falaise, disparaissant ainsi de leurs jumelles.
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