Du zen
Il est arrivé tôt. Avant l’ouverture. Alors il traîne ses guêtres et son gros sac. Il se pose un instant et monte son puissant objectif sur son appareil. Face à lui, une plaine. Un écureuil, tache rousse et vive furète entre les bancs. Personne. Au milieu de la plaine, un héron cendré chasse, à pas prudent. La lumière est dorée et bleue tout en même temps. Il se saisit de son engin, le porte à son œil, monte le zoom au maximum, fait dans un mélange de fébrilité et de calme les réglages. Le corps légèrement penché, le bec en avant prêt à saisir sa proie. Il attend le moment propice où tout se mettra en équilibre, l’avant-plan, l’arrière-plan, la lumière, l’attitude de l’oiseau tendu à l’extrême qui se détache du fond. Il déclenche. Une seule et unique fois, comme Kihoro le ferait. Un tir de sniper et il adore ça. L’écureuil à côté de lui saccage la poubelle, aidé par des corneilles. De penser à Melville. Et au titre de Manchette, La position du tireur couché. Plus tard au Zen dans l'art chevaleresque du tir à l'arc.
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