Chapitre 18 : Le beau Césario
Novembre. Vingt-et-une heure passées.
Le sans-fil sonne. Je décroche : c'est Césario. A cette époque, P'tite Gueule, tu n'avais pas encore de mobile. Ça ne faisait que commencer, cette nécessité. J’avais donc offert à Louis un sans-fil parce que je voulais téléphoner de mon bain. Mais lui était contre cette invention, et il avait conservé son téléphone à fil. C’est pourquoi nous avions chacun notre téléphone : moi, le sans-fil, sur ma table de nuit ; lui, le avec-fil, par terre sur le tapis du salon, à côté du canapé où il dormait.
« - Ah, Césario... »
« - Comment ça va, ce soir ? »
« - … Louis est au salon, je parle pas fort. Bof, ça fait une semaine qu’il ne m’a pas parlé ! »
« - L’enfoiré. C’est son toubib qui le pousse, comment il s'appelle déjà ? »
« - Avicennes. Çui là c’est comme s’il couchait dans notre lit, tu vois… »
« - Ah le salaud !! Je préfèrerai que ce soit moi… »
« - Non, tu peux pas venir, t’imagines… »
« - Ou il faudrait qu’il soit chez Benjamin. »
« - Il va y aller vendredi et samedi soir, quand son frère sera parti en week-end… »
« - Je pourrais venir, alors… »
« - Mais le Petit ? »
« - Je viendrai après qu’il soit couché, si tu veux. »
« - OK : mais promet-moi de partir après… »
« - Je partirai vers deux-trois heures du mat’. »
« - Non avant, que j’ai au moins mes six heures de sommeil. »
« - Je te sens pas, ma pauvre. »
« - Je fais tout ce que je peux, pourtant : cette semaine j'ai invité Jenny, son mari et leur gosse. Je voulais qu’il connaisse mes amis du Dispensaire, tu vois, qu’on devienne tous amis. »
« - Oui, Jenny m’a raconté. C’est à peine s’il leur a parlé. Il n'a rien mangé. »
« - Et après ce qu’il m’a dit sur eux : oh le mépris. Oh le mépris. Et sur toi : il m'a dit que tu étais un con, le Don Juan de la première rue à putes du Vingtième, le Casanova botoxisé de la roulette, un gagne-petit du cul... Que tu ne sortais que des boudins... Que tu détachais les étiquettes des pâtés Olida pour te masturber dessus car tu croyais que les cochons étaient des top-modèles... Ah non, ça c'est peut-être son pote Thierry, je me souviens plus trop bien... En tout cas, il a bien dit que, dans ton cabinet, on glissait sur le sperme en arrivant, que ton assureur voulait plus t'assurer à cause de ça, car il y avait eu des jambes cassées… D'ailleurs, ce n'était pas un cabinet, mais des chiottes avec un fauteuil dentaire... »
« - Sur moi ? Il a dit tout ça ? Putain, je l'entends le dire, c'est bien son style de blague, c'est pas inventable... Je te crois à 100 %... Oh la petite merde, l'enflure... Glisser sur le sperme, putain d'humour !! Même si c'était vrai, comment saurait-il ? Il m'a vu qu'une seule fois, il y a trois mois ! Au spectacle d'illusionniste au Palais des Congrès... Qu’est-ce qu’il a encore dit sur moi cette prothèse en papier-mâché, ce fil dentaire ? Dis-le-moi exactement, je vais lui faire ravaler ses propos en même temps que ses dents du fond, dents de sagesse, molaires et prémolaires... Et même sa mandibule inférieure... Tiens, attends une heure que je rapplique, et tu vas voir un peu d'entre nous deux qui c'est l'homme… »
« - Oh ! Mais tu m'excites... Toi, tu as le don pour m'exciter... Mais non, non ! Pas de scandale... Calme-toi, calme-toi, mon chéri : mais rassures-moi, tu as toujours ta barre de fer dans ta voiture ? »
« - Forcément, attends : tu me connais. »
« - La nuit dernière, j'ai rêvé que tu l'attendais masqué sur le parking, devant, et que tu lui flanquais un grand coup de barre sur la tête... »
« - T'es pas folle ! Quel rêve... »
« - ... T'inquiètes pas : après j'arrivais pour éponger le sang et j'appelais le SAMU. »
« - Ah tu l'aimes encore, alors... »
« - NON ! Quand je l'essuyais je découvrais qu'il avait ta tête, que c'était toi en fait... Y avait un gros bonhomme en costume gris et avec un chapeau qui me disait alors que Louis t'avait tiré dessus avec la 33 Long-Rifle de son père... ! »
« - ... La 22 Long-Rifle... Tu fais des rêves de ouf, toi... Mais merci pour l'attention... »
« - T’es pas Corse pour rien. Mais une barre de fer, quand même. Mais tu vois, tu as beau être un peu bagarreur, t’es plus tendre que lui, au final ! C'est un pervers en fait, il peut vouloir se venger, mais à la manière tordue... »
« - Il tient de sa mère. »
« - A ce propos, tu sais pas la meilleure ? »
« - Non, c’est quoi ? »
« - Avicennes lui a mis dans la tête qu’en m’épousant c’est comme s’il avait voulu épouser sa mère. Du coup, comme ils ne peuvent pas se blairer, il a découvert qu’il ne pouvait pas me blairer… »
« - Mais pourquoi t’avoir épousé ? »
« - Par culpabilité : il se sentait coupable… D’ailleurs il se sent toujours coupable de tout. Pour moi, pour Arthur, pour son frère avec ce fichu remboursement. Il me reproche de profiter de ça, de ‘‘ manipuler ’’ sa culpabilité. »
« - Ah le sac de nœuds ce mec : excuses-moi, j’ai envie de rire. En tout cas, tout ça, ça nous aura permis de faire de bons restaus. On en a fait combien déjà ? Et tu me payes la chambre du Sofitel, le midi… Ah-ah… J’aime bien t’entendre sourire tout d’un coup. »
« - M’entendre sourire ? M’entendre rire, d’accord, mais sourire ? Tu vas pas te mettre à faire du Louis ? »
« - En tout cas, moi, je te le dis, il faut prendre ça à la rigolade et ne pas te mettre à culpabiliser pour lui. Il n’avait qu’à pas venir te rechercher en Bretagne. Il me fait rire le fifils à sa mémère qui l’a abandonné. »
« - Te gênes pas, ça me détendra aussi. Re-merci de me donner des remplacements chez toi, j’ai enfin fini de payer Benjamin, je vais pouvoir me resaper. Chut… attends… Louis semble venir vers la chambre. Ah non, je me suis trompée… »
« - … Donc attends que je comprenne : si on récapitule, en gros, il t’a épousé parce que tu lui rappelais sa mère qu’il ne peut pas blairer et par culpabilité… »
« - Ça doit être ça, mais je m’y perds : et aussi, attends, parce que sa mère l’a abandonné petit. Alors qu’il avait deux mois, tu parles qu’il s’en souviendrait. Donc il s’est accroché à moi ‘‘ parce que je l’avais quitté ’’. En gros si je l’avais pas quitté on ne serait pas ensemble. »
« - Il peut pas s’en souvenir : pour preuve, on s’est embrassé pour la première fois devant Arthur au Parc floral, quand il avait à peine deux ans, et il n’a pas réalisé… Alors à deux mois comment veux-tu qu’on se souvienne… »
« - Surtout que ça n’a pas duré. Ah, ouf que tu me dises ça. J’avais comme un doute sur Arthur, qu’il ne lui ai pas dit, tu vois… »
« - Mais non, calmos. Il savait à peine parler. Puis on a fait attention. »
« - On était quand même devant sa poussette ! Mais qu'est-ce que tu veux, ça a été instinctif : j’avais pas prémédité. Louis dit que je prémédite tout le temps, mais jamais. Je suis spontanée. C’est mon instinct qui réfléchit, pas moi. »
« - Tu étais si triste ce jour-là. Ah-ah : c'est un faible, un geignard, ton Louis. »
« - Au fait, confirmation, il me l’a dit : il voulait annuler les noces : il me ‘’ sentait pas’’. Je pue ou quoi ? Il m’a épousé parce que j’étais enceinte de Arthur. D’ailleurs il n’y a que lui qui compte pour lui. Tu vois, à la limite, j’ai été un ventre pour lui, voilà tout ! »
« - Dis pas ça : ou alors un joli ventre, avec une jolie fente en-dessous…. »
« - Tu sais, après ma péridurale, je n’arrivais plus à jouir… »
« - Ah non, je savais pas. »
« - C’est en imaginant que c'était toi qui me baisait au lieu de Louis que c’est revenu. Je… »
Soudain, j’entends qu’on raccroche ! Pendant que Césario me parlait !
C'est Louis. Forcément ! Louis a du décrocher en entendant le téléphone sonner et, depuis, doit nous écouter de sa ligne fixe !! Oh l’espion. Ah, le monstre. Je savais que je pouvais pas lui faire confiance... Et, par réflexe, j'ai raccroché au beau milieu de ma phrase ! Que va penser Césario...
Je lui dirai demain au Dispensaire. Nous avons rendez-vous avant au parking pour une petite séance. Malgré Césario, si tu savais comme je suis triste, P'tite Gueule. C'est dû au fait que nous sommes en novembre : mon plus sale mois. C’est comme si la sale météo de tout le pays se donnait rendez-vous dans ma tête. Chez les Lathérèse, cette période était appelée par Mémé le « temps des Goblieux ». Elle faisait une sorte de fête avec ses copines dans l'un des trous-grangiers - une fois, elle me fit venir. Le plus monstrueux souvenir de mon existence, mais j'en reparlerai. Quelle gueulante poussa Papa quand il le sut. Novembre... Je suis née en novembre. Mon père avait fait sa dépression en novembre. Ma mère faisait ses TS en novembre. Elle était elle-même née en novembre. Louis disait que les choses importantes lui arrivaient soit en juin, soit en novembre. Jamais entre : comme not’ mariage, par exemple. Mais pas comme la naissance de Arthur. Fichu 21 novembre : nous avions fêté l’anniversaire d’Arthur ce midi et, pour une fois, nous avions été bien tous les trois, aucune colère n'avait éclaté. Ce soir, il y avait eu une deuxième fête chez les parents de Louis, juste à côté : sa mère s’était surpassée, tout était trop bon. Même, je l’avais trouvée gentille. En revenant à l'appartement, j’avais reproposé à Louis de dormir dans notre lit - au lieu de camper dans le salon. Ah : s’il avait dit oui ce soir-là... J’avais envie, en plus. Je lui avais même dit :
« - Si nous faisions un deuxième bébé. Je voudrais un deuxième petit zizi… »
« - Non : hors de question. »
Mais non, pour le téléphone, je catastrophise. Je deviens de plus en plus comme Louis. J'ouvre ma boîte de Lexomil et je coupe une barette en deux.... Mais cela n'empêche pas les pensées de galoper : si Louis nous a entendu, qu'a-t-il entendu, a-t-il tout entendu ? En attendant d'en savoir plus, je dois faire comme si de rien n’était. Demain, nous sommes vendredi : Louis a dit qu’il partirait passer les deux nuits chez son frère, qui libère son studio chaque week-end pour partir travailler je ne sais pas où en « province » - Louis prétend qu'en s'absentant, il ne donne pas de prise à mes colères, et qu'ainsi il passe deux jours au calme. Mais s’il a entendu que Césario viendra, je suis sûre qu’il emmènera Arthur. Il ne voudra pas risquer qu’il entende quelque chose - comme si à son âge on avait pas un sommeil de plomb ! Remarques, P'tite Gueule, tu me diras que depuis la naissance du Petit, nous ne pouvons plus faire de sieste crapuleuse, car cela le réveille : c'est automatique. Mais la nuit, il dort. Mais, en ce qui me concerne, cette nuit-là je ne dors pas : même pas une heure !
Au matin, pourtant, Louis est comme à l’accoutumée. Il part à son boulot. Quand je reviens il est là : il a pris sa demi-journée. On dirait qu’il les prend quand je travaille, pour me voir au minimum. De toute façon, même si cela était vrai, il ne le dirait jamais.
Vingt heures : son sac fait, Louis se tient débout dans l'entrée, s'apprêtant à sortir.
Mais voici que, soudain, Arthur déboulle de sa chambre dans le couloir de toute la vitesse de ses petites jambes et vient entourer de ses bras les jambes de Louis, en essayant de peser une tonne pour l'empêcher de partir. Il hurle vouloir venir avec lui. Louis hésite. Le Petit hurle encore plus.
« - C’est exceptionnel », dit Louis, « mais je l’emmène. Ça l’amusera de découvrir le studio de Benjamin. Comme on sera à côté du Jardin des Plantes, on ira faire un tour. Je te le ramènerai en fin de matinée, car je travaillerai l’après-midi. Je le reprendrai samedi soir. »
Bon sang ! S’il me le propose, c’est qu’il a entendu que Césario envisageait de venir... ! Je ne sais pas quoi dire, je suis en sueur. Je me hasarde à l'examiner plus attentivement... Mais non, il ne semble n'avoir aucune malice.
Il semble angoissé, certes, mais pas plus que d'ordinaire.
Le P'tiet est si content qu'il va chercher ses peluches, ses joujoux, ses Legos. Je dois le déshabiller, le rhabiller, lui préparer un immense sac avec toutes ces affaires, qu'il empile comme pour un déménagement. Ca n'en finit pas. La galère de chez la galère. Mais quand ils partent, j'en suis certaine : Louis nous a entendu, Césario et moi. Peut-être pas entièrement, certes, mais en partie. Le tout est de savoir quelle partie.
En tout cas, j’ai quartier libre pour cette nuit.
J’appelle illico Césario : il se met en route aussitôt.
Notre gymnastique me fera oublier mon angoisse. Je ferais appel à mon Goblieu pour multiplier mes sensations. À une heure, je dirai à mon amant de rentrer. Je pourrai dormir, tant j'aurai décompressé, sûre de chez sûre. Quel amant ce mec, un vrai macho. Demain après-midi, je donnerai le Petit à ses grands-parents et j’appellerai Andrée.
Tout se déroule comme dit et, dès le lendemain, je compose le numéro d'Andrée. Après de longues secondes de stupéfaction, ma meilleure-amie-pour-la-vie fait :
« - Tu dis quoi, mais tu dis quoi ? »
Notre dernière conversation remonte avant notre mariage, où je ne l'avais pas invité - en dépit du rôle qu'elle avait joué. Elle me le repproche, mais je lui dit que si elle m'avait appelé, je l'aurais invitée. L'affaire en reste là car, en effet, c'est toujours moi qui l'appelle. Andrée découvre donc, d'un coup, ce qui s'est passé depuis tout ce temps : retrouvailles, mariage, enfant, ma relation avec Césario. A présent, elle parle si fort au téléphone que je dois le tenir à distance de mon oreille :
« - Et ce soir ton Corse revient ? »
« - Oui, on a prévu de se faire une pizza au lit devant la télé, tandis que Arthur sera avec Louis au studio de son frangin. Je changerai les draps après. »
« - Benjamin, son frère cadet ? »
« - Ben oui, Benjamin son frère cadet. T'en connais un autre ? »
« - T’aurais dû prendre celui-là, t’aurais eu moins de problème. »
« - Pourquoi ça ? »
« - Dans leur bande à Vinneuf, étant l'avant-dernier en âge, il faisait tout ce qu’on lui disait. Il t’aurait obéi, sûre, si tu lui avais ordonné de pas rembourser votre prêt à une personne qui aurait l'idiotie de prêter une telle somme sans reconnaissance de dette… Mais, dans l’immédiat, tu dois la jouer fine : ton Louis frise l’abandon de domicile conjugal. Si, dès qu’il part, il emmène Arthur, tu vois un peu la réputation de mauvaise mère qu’il va te faire ! »
« - Ah oui ça ! D’autant qu’il m’a quasi dit qu’il m’avait épousé juste pour Arthur, vu que j’étais enceinte. »
« - Ben tu vois… »
« - Ça veut dire toujours garder Arthur et l'empêcher de l'amener au studio de son frangin, et ce à partir de demain ! Tu vois, c'est bizzare, mais ça m'angoisse, tout d'un coup, de devoir le garder quand je suis toute seule à la maison... Mais Césario, je le mets où, moi ? »
« - Tu le laisses en remise chez lui, tiens donc la question ! Il faut que tu gardes la maîtrise d’Arthur. Que ce soit toi qui décides, t’es sa mère, ça doit être clair pour Louis que tu décides pour son fils. TON propre fils à toi, attends voir un peu ! »
« - Ah oui, j’avais pas vu ça comme ça… »
« - Alors, qu’est-ce que tu fais pour Césario ? »
« - Je l’appelle et je le repousse : on se verra au Sofitel, ce lundi entre midi et deux. C’est juste à côté du Dispensaire, c’est pratique. Vers onze heures trente, on se débrouille pour manger avant, un sandwich rapide entre deux patients, histoire que la dalle nous casse pas les pieds, on se lave les dents et hop. »
« - Si ton Louis a des doutes sur Césario, attends-toi que dimanche après-midi il mette le Petit chez ses parents et qu’il te commence à te parler divorce. Tiens-moi au jus. »
« - Oh putain, bordel. »
« - Écoutes : je viens à Paris la semaine prochaine. Je suis invitée par Paulo. Il y aura aussi Heinrich. »
Paulo, je te le redis, est le surnom de Jean-Paul Laroche - oui, le gendarme.
« - Quoi, Paulo est à Paris ? Vous auriez pas pu me le dire avant ? Et que vient faire Heinrich dans l’histoire ? Il doit bien avoir quatre-vingt ans maintenant ! »
« - Paulo travaille au quartier général des gendarmes… »
« - Au quartier général... ! Il parlait moitié en baffes et moitié en hurlements... Qu’est-ce qu’il nous faisait rigoler ! »
« - Attends, mais il a grandi ! C’était il y a plus de quinze ans. Mais il est toujours aussi rigolo ! »
« - Encore grandi ? A quatorze ans, il était déjà plus grand que les profs... Il avait même fait une clé au prof de gym. La honte qu'il lui a foutu ce jour-là !! Et Heinrich ? Quand il nous donnait ses cours de boche, il avait déjà la cinquantaine. Maintenant, c'est le grand-âge, il doit se traîner... »
« - Tu parles, non. Pas du tout. Il est toujours gaillard. Tu verrais sa tête, on lui donne soixante-cinq, pas davantage. On croirait une pub pour les jeunes retraités. Avec sa taille, il ressemble à un général de la Whermacht, lui manquent que la casquette, l'uniforme, les décorations comme celles d'au-dessus de mon lit de Vinneuf - et les jumelles ! Il travaille pour des pontes, et en plus à l’Assemblée nationale. Il fait du l.o.b.b.y.i.n.g ! Il est devenu lobbyist pour un groupe de chimie. Un gros truc. »
Je me fais expliquer. La touche qu’Heinrich doit avoir à l’Assemblée avec son vert de travail et ses bottes en caoutchouc...
« - On se verra mardi à midi : viens, tu raconteras... Ma p’tite, si ça tourne en divorce, t’auras les conseils de Paulo, en brigade il faisait les affaires de moeurs ! »
« - Tu te souviens de la première muff avec laquelle il est sorti ? Il était si grand et elle si petite que les flics du Mans l'avaient pris pour un pédophile qui emballait une gamine de dix ans... Ils ont dû l'amener chez la gamine pour checker son âge, puis après ils l'ont transporté chez ses parents pour faire idem avec lui : c'est là qu'ils ont découvert qu'il habitait la caserne de gendarmerie, et que son père était de la Criminelle, tout comme eux. Du coup, comme les flics ne peuvent pas saquer les gendarmes, ils lui ont quand même fait un rappel à l'ordre - alors qu'ils avaient quatorze ans tous deux. Pour se foutre de son père, Ils ont même menacé de l'inscrire au casier judiciaire, et son pendard de père les a cru... Ils ont failli en venir aux mains... On en parlait dans tout Villeneuve, c'est même monté jusqu'à Vinneuf ! »
« - Oui ! Tu penses que je m'en souviens, qui ne s'en souvient pas là-bas ? C'était dans les Nouvelles mançaises... Eh bien elle est devenue sa femme et, maintenant, elle pèse bien un bon quintal - mais quasi pour la même taille. Et ils ont trois gosses. »
« - Césario, c'est aussi un spécialiste du dicorce : il a divorcé trois fois, et son meilleure pote, un Corse aussi, est avocat. Il me conseille d'aller le voir... »
« - Écoute, mieux vaut quatre conseils qu’un ! Puis on a envie de te voir ! La bande sera au complet ! »
« - Sauf Francis… »
« - Ah, parles pas de ça !!! C’est du passé, mort-enterré. C’est près de l’Assemblée nationale, à douze heures trente. C'est Chez Françoise... Regardes l'adresse dans l'annuaire des PTT, aux Pages Jaunes. »
« - Ok-d'ac. À mardi. On va s’en payer une bonne tranche ! »
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