Il est l'Heure de Rentrer (3/5 ; 2024)

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 Une petite pièce, plongée dans la lumière du crépuscule apparut. Une montagne humaine, couverte d’un épais manteau simili-cuir, sirotait un whisky en scrutant l’extérieur depuis la fenêtre. Pas d’indicateur au-dessus de sa tête, rien que la présence sombre, ses contours que le créateur de la simu n’avait pas jugé bon d’éclaircir un peu. À l’extérieur, on pouvait apercevoir les silhouettes menaçantes des pics nus.

“T’es enfin réveillé ? fit Maissenç.

  • Euh… qu’est-ce qu’il s’est passé ? Je…
  • Bon, je te fais le topo : on sort de ce trou à rats (au même moment, une petite famille de rats se glissa sous le lit), on pète tout sur notre passage, on arrive au bout du village, on plonge dans la vallée et on arrive au QG des terroristes. T’es prêt ?
  • Et on risque pas de se faire attaquer par des drones ?
  • Non, non, t’inquiète pas. Bastien a posté des drones un peu partout sur le chemin, il les torpillera si besoin.”

 Soupir, sensation des contours d’un flingue dans la poche de l’armure. Léché par les dernières coulées de lumière, l’objet était d’une complexité effarante. Un peu partout, en petits caractères holographiques, figuraient des statistiques, des mots en gascon, anglais et parfois chinois. À part un gros 21/21 pour noter les munitions, au-dessus de la lunette de visée, tout paraissait relativement obscur.

 Chauve, barbe rasée de près, Maissenç révéla sa cicatrice de la Bataille de Bilbao, celle qui naissait du côté droit de sa mâchoire, serpentait le long de sa joue, et s’arrêtait au niveau de l’arcade sourcilière. Rafistolée à la hâte, même le meilleur médecin du Duché avait été incapable de la faire disparaître. Comme chez de nombreux collègues, ce genre de marque était l’un des prix à payer pour que le Bordelais reste en sécurité.

 Envie d’une clope ; Maissenç l’interrompit en le chopant par le bras, et déclara :

“Allez, lève-toi.”

 Il approcha de la porte, l’ouvrit d’un mouvement délicat, oublia comme à son habitude de passer d’abord par la caméra manchière, inspecta l’extérieur, et lui fit un signe de main.

 Le camp des narcoterroristes tenait plus du bidonville qu’autre chose. Les bâtiments, recouverts de plaques de tôle et de bois accrochées à la hâte, étaient organisés en file indienne entre deux masses rocheuses.

 Maissenç, en l’espace d’un éclair, flanqua une balle dans le crâne d’un terroriste attablé devant un joint et un café. D’un mouvement sec, il envoya s’effondrer celle de son collègue dans la tasse à son tour.

“Beau tir, on y va.

  • Je… Comment est-ce que j’ai fait ça, moi ?”

 Pas le temps de reprendre son souffle, Maissenç était déjà parti dans l’artère du camp et déchaînait le feu sur quiconque lui barrait la route.

 D’un pas discret, il se planqua derrière une grosse caisse, brava l’avalanche de sinogrammes et de mots anglo-saxons et régla la force de frappe sur 17,3. Il sortit ensuite de sa planque et envoya un tir dans la tête d’un narco à la recherche d’un abri.

 Son ami lui lança un clin d’œil. Quand Maissenç jouait aux beaux gosses tout droit sortis d’un film, il avait juste envie de lui mettre deux baffes, histoire de le rappeler à l’ordre.

 Les Gasqués arrosèrent généreusement les ennemis de balles plasmiques. Finalement, trois chargeurs vidés plus tard, il put rengainer.Après l’orgie de sang, de cris et de fumée, le camp était retombé dans le silence. L’esprit embrumé, le Gasqué se rappela enfin son nom. Il voulut demander à Maissenç ce qu’il se passait, mais ce dernier, après avoir fouillé la seule baraque aux murs de pierre, étouffa ses doutes d’une canette de KleineMädchen.

 Il avala la sienne d’une traite, et désigna ensuite le bout du village, un escarpement qui donnait à admirer toute la vallée. Tandis qu’Almaric sirotait sa canette – les Bavarois avaient la production de bière dans le sang –, Maissenç sortit une paire de lunettes-jumelles, scruta les environs, et déclara :

“Je vois le QG, trois quarts-d'heure, à moins d’un kilomètre cinq devant nous.”

 Il dézippa une grande poche taillée le long de son manteau et laissa sortir une longue toile jusqu’à ses jambes. Il aida son allié à faire de même, envoya valser la canette dans les montagnes, se redressa et déclara, regard perdu dans le lointain :“Almaric, quand je dirai “qu'ei l'òra de tornar”, tu sautes avec moi, d’accord ?

  • Mais, mon nom c’est… D… je crois. Je ne trouve plus, mais pas Almaric, bredouilla D., encore loin d’avoir fini sa bière.
  • Allons, j’aurais pensé que tu savais. Ça veut dire qu’“Il est l’heure de rentrer””

 Une douce chaleur émanait du sourire de Maissenç. Lorsqu’il vit ses yeux se mouiller, au moment où ils se posèrent sur les siens, Almaric ne put penser qu’un jour, les simus puissent recréer un tel sentiment de fraternité.

 Son ami l’aida à se relever, prit une profonde inspiration, et déclara : “Qu'ei l'òra de tornar.”

 Alors une immense bourrasque balaya Almaric, l’envoya voler à travers les montagnes. Une lumière éblouissante s’éleva au-dessus de lui, enveloppa chacun de ses membres, jusqu’à ce que tout le décor disparaisse. Enfin, le courant d’air faiblit, et le Gasqué apparut, gravé en énormes lettres sur l’horizon, le message suivant :

"Error a la lectura deu fichèr "HQarea_OP-SPE0805.bcg" lo programa que's va tornar cargar en esperar ua solucion complementària. Contactatz l'administrator tad ua ajuda adaptada."

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