Alek - 2.4

7 minutes de lecture

Alek observa l’homme s’enfuir et ne perdit pas un instant. Il rengaina son arme dans son holster, il rallia en courant la distance le séparant de la fenêtre et sauta suivi de peu par Amicia.

Son plongeon vers l’inconnu, vers l’un des seuls suspects encore en état, le mena sur un rebord de toit en tôle. Il se réceptionna de justesse sur la couverture friable et regarda autour de lui. L’homme qu’il poursuivait n’était pas descendu dans la rue. Au contraire, il continuait de jouer les acrobates et s’était mis à grimper contre le mur d’un bâtiment tou proche.

Alek le prit immédiatement en chasse, il longea l’extrémité qui l’éloignait du vide. Ses pieds jonglaient entre les briques et les bouts de métaux avec plus ou moins d’aisance. Il devait bien y avoir plusieurs étages le séparant de la rue, mais il n'éprouvait nulle peur. Il était focalisé sur sa tâche, il tourna la tête quand il entendit Amicia juste derrière lui.

Elle avait atterri sur la même tôle froissée qu’Alek et le suspect. Mais contrairement à eux, la protection céda sous son poids. Agenouillé sur la partie d’acier qui l’entraînait, Amicia fermait les yeux pour contrôler la pièce métallique. Cette dernière semblait être moins rapide qu’ordinairement et la chute de la tôle fut lente. Retournant son regard sur le mur, Alek ne put s’empêcher d'éprouver du respect pour sa camarade et la maîtrise certaine de son art.

Alek arriva au bout de son petit chemin surélevé, il parvint au même mur de bâtiment que son suspect auparavant et entreprit de le gravir. Il grimaçait en progressant sur la paroi, ses mains transpirantes glissaient et la pluie ne lui offrait que peu de prise. Il s'appuya sur chaque objet, chaque brique qui dépassait de la structure. Il finit son ascension, non sans mal.

Le membre de la faction fonçait sur les toits devant lui et Alek fila de plus belle. Son cœur, qui était déjà monté dans les tours, commença à battre à tout-va tandis que sa course gagnait en vitesse. À mesure qu’Alek passait les obstacles les uns après les autres. Chaque saut, chaque glissade lui demandait toujours plus d’efforts, mais il ne pouvait laisser sa cible, le distancer, ou pire, le laisser s’échapper.

Les pieds d’Alek virevoltaient sur les toits, toute erreur pouvait le précipiter dans le vide et il ne pouvait se déconcentrer. L'homme devant courait pourtant vite, il devait connaître la réputation des magisters et avançait en voulant fuir les agresseurs en noir qui avaient déjà mis hors d’état de nuire ses camarades. Bien qu’il n’utilisait pas ses pouvoirs plus que de raison pendant sa poursuite, Alek pouvait sentir les craintes de l’individu.

Avait-il peur des membres des collègues derrière lui ? Ou des employeurs qui avaient sans aucun doute commissionné sa faction ?

Alek emporta ses questions, il esquivait les cheminées et trous sur son chemin. Malgré la rapidité de sa cible, Alek réduisait la distance et les regards que lançait de temps à autre le porte-flingue de la pègre montraient son angoisse grandissante face à ce constat.

Les toits commençaient à se tarir et l'homme que chassait Alek, au lieu de se stopper, prit de l’élan pour se projeter sur une série d’édifices situés juste en face. Il se réceptionna lourdement, il faillit chuter et se retint de peu. Alors qu’il remontait et se relevait, l'appui qu’il avait utilisé rompit et tomba de quelques étages.

Alek, qui ne s’arrêta pas non plus une fois confronté au vide ne pouvait atterrir de la même manière, il visa l’une des vitres du bâtiment. Il bondit du toit et pendant un instant vola au-dessus des passants en contrebas. Il finit son plongeon comme escompté dans la fenêtre qui se brisa face à sa folle action.

Il s’écrasa sur le sol de la pièce et se releva douloureusement. La salle dans laquelle il venait de faire irruption était occupée par deux personnes qui, médusées par cette intrusion dans leur foyer, observaient sans un mot.

Alek les salua d'un signe de tête puis reprit sa poursuite cette fois dans le bâtiment. Il enfonça toutes les portes sur son passage. Il arriva au bout de l’édifice au moment où l’individu se réceptionnait sur l’un des toits voisins. Vers les constructions qui se trouvaient toujours plus bas.

Le voyant continuer, Alek brisa de nouveau la fenêtre face à lui en prenant appui de son pied sur le l’encadrement et s’élança à son tour.

Le fuyard entendit le corps du magister atterrir. L’homme fit volte-face et, devant lancer une insulte inaudible à cette distance, tira avec l’arme de poing qu’il brandissait.

Alek se jeta vers l’une des cheminées pendant que les balles impactaient sa protection ou sifflait autour de lui. Ayant pris son propre pistolet, il sortit de son couvert, son revolver en joue, mais son adversaire avait tourné les talons.

Le maudissant pour sa persévérance, Alek se mit de suite à l'imiter. À ce rythme, toute la garde de la cité nation allait être alertée. Alek devait stopper cette course poursuite sinon l’homme allait bien finir par mourir.

Les deux filaient toujours et encore dans la nuit telles deux ombres dansant dans une funeste chorégraphie sur les toits de la ville.

Voyant les options être écourtées les unes après les autres avec les bâtiments qui se faisaient vraiment proches du sol désormais, le membre de la pègre se résolut à regagner les rues. Il sauta de de balcon en balcon, il continua de fuir sur les pavés de la voie. Alek qui se jetait à son tour fut accueilli par les derniers tirs de sa cible. Les ultimes balles volèrent autour de lui jusqu’au clic de l’arme indiquant le manque de projectiles.

Alek finit son saut contre le mur qui le stoppa net. Il laissa s’échapper un petit souffle éprouvant, il sentait des douleurs diffuses sur le côté de son corps qui avait tapé lourdement contre les briques.

Le magister ravala sa souffrance, il imita sa proie et rejoignit les pavés de la rue ou sa course reprit. Sa cible devant lui poussait les passants, les bousculait et parfois les envoyait droit sur Alek. Mais la distance entre eux ne faisait que faiblir. Face à un carrefour, le membre de la pègre s'engagea dans des voies moins occupées. Dans ces allées désertes, ses pas résonnaient dans le voisinage assoupi. Ses foulées et celles d’Alek.

Bien vite la rue mena à un cul-de-sac et Alek se retrouva juste derrière l’homme. Le mettant en joue de son arme.

Mais tandis qu’il se retournait, nulle colère ou déception. Seulement un rictus joyeux.

Des ombres des bâtiments, plusieurs individus munis de barres, de couteaux et plus rarement de pistolets faisaient leurs apparitions.

Alek sourit en retour, il bougea en un battement d’œil. De son revolver il tira sur les nouveaux arrivants. La plupart tombèrent sur le coup, fauchés, et d'autres dans la chute pressaient leurs armes libérant leur projectile. Sans s'en rendre compte, Alek vida en un éclair ses munitions sur les hommes autour de lui.

Il y en vait trop.

Alek jetta son pistolet sur le premier qui s'approcha, il fit usage de tout son long et rigoureux entraînement. Les coups pleuvaient, mais sa défense était plus qu’honorable, elle était appliquée.

Il paraît, contre-attaquait et les offensives qu’il assénait ou recevait étaient douloureuses.

Bien vite Alek n’eut plus que deux adversaires. Les deux seuls qui avaient un bon niveau de combat et qui lui donnaient du fil à retordre.

Le magister dévia le poing du premier d’entre eux, il lui répondit en lui cassant le genou d’un coup de pied bien placé. Le second individu qui porta son assaut quelques secondes plus tard fut paré tout aussi simplement, mais il entraîna tout de même le magister au sol.

Alek le maîtrisa et le fit s’évanouir en lui bloquant la gorge de son bras. Entendant les derniers râles de son adversaire avant qu’il ne perde connaissance, Alek lâcha prise.

Quand il voulut se remettre debout, il tomba nez à nez avec le canon de l’arme que tenait sa cible. L’homme avait dû recharger en apercevant ses camarades attaquer le magister. Le sourire encore plus mauvais que lors de l’embuscade, il pressa la détente dans un grand flash lumineux.

Alek ferma alors les yeux.

Aux ses oreilles, seul parvint le bruit du tir et d’une voix s’élevant au loin. La mort, elle ne vint pourtant pas.

Lorsqu'il regarda à nouveau ce monde d'aciers, il vit le projectile face à sa tête. Il avançait si lentement que le magister pouvait découvrir les détails de ce dernier. Des subtilités qui semblaient fondre à mesure qu’il frôlait son visage.

Alek se tourna rapidement pour connaître la raison de sa survie, il aperçut Amicia le bras tendu vers eux et plusieurs agents de la garde s’approcher à ses côtés.

Le porte-flingue de la pègre aussi choquée qu'Alek n’eut pas le temps de réagir, le magister se saisit son arme et d’un coup de poing l’assomma.

Le service d'ordre de la ville se précipita sur les membres de la faction.

Alek remercia Amicia d'un sourir naturel. Cela changea d’un coup quand le magister vit sa camarade saigner du nez et s'écrouler au sol tel une masse inerte. Il se précipita a son aide.

Annotations

Vous aimez lire Kost . ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0