Chapitre 1

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Un mois plus tard au sud de la capitale elfique

« Majestés, nobles Elfes et paysans, accueillez les archers venus des quatre coins du pays :

Poridur de Ratur ; Arguer de Dolinfir ; Vanamir de Gandate ; […..] ; Erriardur de Savaq et Achéhis de La Garde Royale Elfique, lieutenant vainqueur du siège de la capitale.

La première épreuve, consistera a atteindre la cible située a 50 mètre après le précipice devant lequel se tiendront les archers. Sur les 112 participant seules les 25 premiers seront retenus. »

Les archers se regardèrent, seulement 25 !

« Que l’épreuve commence ! Déclara le maître des jeux.

- Madame, après vous s’inclina un participant en laissant la place à une Elfe, seule femme parmi les compétiteurs.

- Merci, Sire archer, votre esprit chevaleresque me touche.

Achéhis, car c’était elle, visa et tendit la corde de son arc avant de décocher sa flèche qui se planta dans le centre de la cible. La foule acclama la jeune archère, qui leur adressa son plus beau sourire.

Toute la foule scandait le nom du Lieutenant, et on se bousculait pour tenter de l’apercevoir, cette jeune Elfe si célèbre.

A la fin de la journée, Erriardur était deuxième. Prenant son mal en patience, il réussit à sourire quand Achéhis vint le féliciter :

- Monsieur, quel talent ! Je crois qu’en un pareil dilemme, il n’y qu’une chose à dire : que le meilleur gagne!

Mais le sourire de son interlocuteur était fort crispé et il ne put s’empêcher de susurrer entre ses dents :

-Ce sera moi !

Et alors qu’il regagnait sa tente, son espoir s’amenuisa car il entendit des Elfes dire : « La jeune Dame Achéhis est pleine de promesses, elle, première dès le premier jour ! La rumeur court qu’elle sera promue Capitaine des nouvelles recrues de la Garde Royale ! Quel talent ! Aucun Elfe ne peut la battre. dit l’un

- Le deuxième s’est tout de même bien défendu ! répliqua un autre.

- Peut-être, je ne nie pas qu’il est doué, mais je crains qu’il ne soit que trop sûr de lui, Dame Achéhis, elle, accepte humblement la défaite si quelqu’un la bat, ajouta un troisième.

- Si quelqu’un la bat, laissez-moi rire ! Savez-vous que même le Roi ne la bat pas ?

-Alors là, si même sa Majesté ne peut la battre, le deuxième n’a vraiment aucune chance !

- Bien, alors je vous offre un verre pour les victoires de Dame Achéhis celle de ce soir et celle de demain, dit le premier en les entraînant dans une auberge.

Erriardur rentra dans sa tente en fulminant, maudissant cette Elfe si douée et ces Elfes qui louaient son talent. Il se promit de leur donner tort le lendemain.

Une silhouette capée de noir entra dans sa tente derrière lui. Erriardur se retourna et la menaça de son arc bandé.

- Doucement, je ne suis pas un ennemi, susurra -t-elle, je suis là pour t’aider…

- M’aider à quoi ?

- A battre ce lieutenant, voyons !

- Je n’ai pas be…, répliqua Erriardur avant de changer d’avis. Et que faudrait-il que je fasse pour avoir ton aide ?

- Et bien, rien que des broutilles… des renseignements sur l’armée de ton Peuple et me suivre aussi pour rencontrer celui qui m’envoie …

- Non mais pour qui te prends-tu ? Je n’ai pas besoin de toi pour battre Achéhis, sors de ma tente !

- Si tu changes d’avis, mets ceci à ton cou, conseilla le mystérieux visiteur avant de partir.

Erriardur considéra l’énorme pendentif avec curiosité. Taillé grossièrement dans une pierre noire, le dessin était difficilement voyant. Il finit par y découvrir avec effroi une héraldique jamais vu depuis fort longtemps, un taureau enlacé par un serpent, symbole de l’antique ennemi du monde d’Olfondor, jadis battu par les Elfes et dont on n’avait plus eu de nouvelles depuis des milliers d’années.

Mais son regard s’illumina d’une lueur étrange et il finit par ranger le pendentif dans ses affaires après avoir eu un court instant l’envie de le jeter loin de sa tente. Satisfait de lui-même, il se coucha.

En haut d’une colline se tenait Achéhis, les cheveux dans le vent, son carquois et son arc dans son dos, regardant pensivement les étoiles. Les personnes qui allaient et venaient ne pouvaient s’empêcher de la regarder du coin de l’œil : sa chevelure était de jais, souvent relevée comme une couronne autour de sa tête tant elle était abondante. Finement ondulée par endroit, elle tombait, lâchée, jusqu’aux genoux de la jeune Elfe qui en était très fière : c’était sa seule coquetterie, cette abondante chevelure noire. Son regard était profond et expressif, sauf lorsqu’elle le désirait : alors, il devenait aussi impénétrable qu’une sombre nuit sans lune. Ses yeux noisettes étaient vifs, souvent rieurs, presque moqueurs. Son nez était très fin, harmonieusement disposé sur son long visage et sa bouche fine formait un beau sourire.

Musicienne, elle composait à ses heures perdues, jouant de toutes sortes de flûtes et aussi de l'andata (nom elfique pour la guitare classique) , instrument des Hommes que seuls quelques rares Elfes savaient manier. Ses chansons étaient également très appréciées, et en fin de journée, au crépuscule, il n’était pas rare qu’un soldat lui réclame quelques ballades de sa composition.

Ses compagnons de la garde royale s’entendaient pour dire qu’elle était dotée de toutes les qualités pour être capitaine : autoritaire mais compatissante, sérieuse mais aussi dotée de beaucoup humour, excellente guerrière avec beaucoup de sang froid, toujours portée par une flamme d’espérance ; mais c’est sa loyauté sans faille envers son Roi qui était surtout célèbre : le bruit courait qu’elle avait préféré l’amour de son Roi à celui de sa famille.

Surtout, son talent exceptionnel pour le tir à l’arc et son sens de la stratégie militaire, faisaient d’elle une grande chance pour l’armée. N’était-elle pas venue à bout, avec seulement quelques Elfes, du siège de la Capitale lors de la révolte des Elfes Lunards ?

Mais ils s’entendaient également sur ses principaux défauts : elle était très têtue, susceptible, fière et surtout intransigeante que ce soit sur un ordre donné ou sur un exercice militaire. Perfectionniste, il n’était pas rare qu’elle exigeât qu’un exercice soit recommencé s’il n’était pas à son goût.

Bientôt, une Elfe rejoignit Achéhis.

- A quoi songes-tu, Achéhis ?

- Je ne songe pas, Noylen, j’observe les étoiles, elles ont l’air si triste et pâle ! répondit Achéhis en se tournant vers la nouvelle venue.

Noylen était sa meilleure amie et sa confidente ; d’un naturel enjoué, Noylen était ( presque ) toujours joyeuse. Plus petite en taille qu’Achéhis, elle était néanmoins plus musclée, aussi blonde que son amie était brune. Plus âgée qu’Achéhis, elle s’était mariée à un stratège de la Garde Royale depuis quelques temps déjà et taquinait souvent Achéhis sur ce sujet.

Mais surtout, Dame Noylen était une couturière et dentellière réputée dans tout Olfondor et même la famille royale faisait faire ses tenues de gala chez son entreprise.

- Moi je n’arrive pas à comprendre comment tu peux deviner les sentiments des étoiles ...murmura Noylen. Puis, prenant un ton enjoué : Alors est-ce vrai ce que l’on raconte ? Tu vas être Capitaine des nouvelles recrues ?

- Nous verrons … Tu l’ignores peut-être mais le Roi est plein de surprise, il peut changer d’avis d’un jour à l’autre ! Tant d’autres Elfes mériteraient ce titre…

- Oui, mais il doit y avoir pleins de jeunes Elfes de ton âge chez les nouvelles recrues, et en général, ils sont beaux garçons…

Achéhis ne releva point la taquinerie, habituée depuis longtemps à ce genre de plaisanterie.

Alors elles tombèrent dans le silence de la nuit.

- Bon, ce n’est pas que je m’ennuie, mais je vais me coucher, bonsoir ! dit Noylen au bout d’un moment, avec un bâillement à se décrocher la mâchoire.

- Bonne nuit ! répliqua sa compagne.

Puis tout doucement un chant s’éleva dans la nuit et une compagnie de soldat rejoignit Achéhis sur sa colline.

La garde s’éveille pour la gloire du Roi

Le protéger sera toujours une immense joie

La patrie sera toujours plus belle

Tant que rayonnera le Soleil

Soldat, soldat, debout lève-toi !

Il faut servir le Roi !

Que tu sois las ou fatigué

Réjouis-toi et fais le guet !

Rappelle-toi ton serment

Qui te lie à tout moment !

Que nous soyons en guerre

ou en paix. Souviens toi de tes pères,

Tes pères sont morts pour la patrie et le Roi !

- Compagnie, halte ! ordonna le commandant. Lieutenant Achéhis, approchez !

Le Roi m’a mandé de vous envoyer chercher : il veut vous voir dans sa tente.

- Bien, mon commandant. Bonsoir, mon commandant.

- Au plaisir lieutenant. Compagnie, marche !

La garde s’éveille pour la gloire du Roi ! …..

Achéhis se dirigea vers la tente dressée pour le Roi à l’occasion des jeux.

Elle y entra et s’inclina devant son monarque, assis sur un siège comme celui de nos empereurs romains, recouvert de pourpre brodé d’or et d’argent.

Majestueux, Aramion, Roi des Elfes, Seigneur d’Olfondor, commandant en chef des armée elfiques, portait à son front un diadème d’or, serti de saphir. Son visage était emprunt de sagesse, le temps y avait tracé quelques rides, tant son âge était avancé. Ses sourcils n’étaient pas très épais mais se fronçaient facilement. C’était son seul défaut : sous l’inquiétude, il devenait irascible.

Il invita son Lieutenant à s’asseoir.

- Lieutenant Achéhis de la garde Royale elfique, j’aimerais vous posez des questions auxquelles il faut que vous me donniez des réponses.

- Aux ordres de son Altesse.

Le roi commença une série de questions : bien qu’il ait croisé plusieurs fois ce Lieutenant debout devant lui, Aramion voulait entendre de sa bouche les nombreux talents qu’on lui prêtait.

A la fin de l’entretien, le Roi observa longuement le lieutenant et fini par déclarer :

- Dans trois jours vous partirez avec neuf compagnons que je désignerai et qui seront sous vos ordres et sous ceux du commandant qui vous accompagnera. Vous irez au pays des Hommes en mission de reconnaissance. Et auparavant, dites-moi ce que vous avez vu à l’est lors des nuits précédentes.

- Sire, j’ai vu une grande fumée qui s’étendait d’est en ouest lors des deux dernières semaines. Je crois que cela s’étend, majesté.

- Qu’est-ce, à votre avis ?

- Une mauvaise nouvelle, Sire, rien d’autres. Cette fumée est menaçante, et visiblement elle vient du pays des Hommes. Si je puis me permettre, Majesté, ce conseil …

- Je vous en prie.

- Les Hommes de l’est ont l’esprit manipulable et il y a longtemps que nous n’avons reçu aucune nouvelle, qu’elle soit diplomatique ou autre … Il serait sage, m’est avis, d’envoyer des éclaireurs voir ce qu’ils deviennent…

- Des éclaireurs sont partis il y a deux mois et ne sont pas revenus. Je compte sur vous pour me faire un rapport dès votre retour. Bonsoir et bonne chance pour le concours.

- Bien, aux ordres de son Altesse.

Achéhis salua, sortit et se dirigea vers sa tente. Elle fut stoppée par un enfant qui lui demanda un autographe sur son arc.

- Pourquoi veux-tu que je signe ton arc?lui demanda doucement Achéhis

- Parce que vous êtes la meilleure ! Vous battez tout le monde, et vous êtes le meilleur soldat d’Olfondor !

- Et à quoi te servira mon nom sur ton arc ?

- A me rappeler que l’amour et la fidélité de la patrie sont plus importantes que le reste.

- Si cela te sert à ça, alors je veux bien, mais n’oublie jamais : obéissance et loyauté sont les deux qualités que tu dois travailler pour devenir un Elfe.

- Je n’oublierai pas, promis.

Ébouriffant les cheveux de l’enfant, elle rit en sculptant avec son canif le manche de l’arc puis elle repartit vers sa tente. Avant d’y entrer, elle regarda le ciel et fronça les sourcils : décidément, cette fumée ne lui inspirait que de la crainte et de la méfiance

- Hommes, que mijotez-vous ?

Deux jours plus tard, remise des prix des jeux olfondoric arc.

« Je vous prie de bien vouloir accueillir notre championne : Dame Achéhis !

Et le deuxième est Erriardur de Savaq qui recevra un arc en argent.

Un banquet près de la tente royale sera donné en l’honneur des jeux. Les dix premiers seront accueillis gratuitement, pour les autres le Roi vous offrira un verre et puis vous aurez accès au banquet sous la tente bleue. Pour acheter les billets d’entrée, veuillez suivre l’oriflamme rouge.

La Dame Elfique, sa Majesté la Reine des Elfes, Femme du seigneur Elfe, nous fera l’honneur de chanter pour ces seigneurs, annonça le maître des jeux.

Erriardur jura intérieurement de se venger de cette lieutenant surdouée. Et lentement une idée germa dans son esprit : Achéhis était favorisée et tout le monde avait triché ! S’étant lié d’amitié avec l’un des participants, il l’entraîna à l’écart du groupe.

- Vanamir, mon ami, puis-je te parler sérieusement ? demanda-t-il à son compagnon.

- Oui, oui … mais dépêches-toi, j’ai envie de manger, moi.

- Je suis sûr qu’il se passe quelque chose de grave, vois-tu. Achéhis doit cacher quelque chose.

- Quel genre de chose ? Erriardur, mon ami, tu te m’éprends! Achéhis est respectée par tout le monde, c’est impossible qu’elle cache quoi que ce soit !!!!

- Justement ! Plus on est célèbre, plus on se construit une légende. Je suis sûr qu’elle a triché.

Sinon, j’aurais été premier et toi deuxième ! Il faut se venger !

- Tout ça parce que tu es mauvais joueur ! Arrête ton cirque et viens t’amuser ! Puis reprenant son sérieux, Vanamir ajouta : que lui reproches-tu, à Achéhis ?

- Ce que je lui reproche ? Mais suis-je le seul à voir que sous un masque de gentillesse, elle est calculatrice, se rapprochant progressivement du pouvoir par sa popularité et ses exploits glorieux ? Lors du siège de la capitale, j’étais présent. J’ai tué un ennemi avec mon arc, pour aider l’Armée mais sais-tu ce qu’elle a fait, au lieu de me remercier pour ma bravoure ? Elle m’a reproché d’être là et non à l’abri et d’avoir tué un des nôtres mais ce n’était pas l’un des nôtres, bon sang, c’était un Elfe Lunard, un moins que rien ! Elle m’a humilié devant toute sa compagnie, voilà pourquoi je ne l’aime pas, acheva Erriardur.

Vanamir haussa les épaules, décontenancé par la haine de son camarade et lui tournant le dos, alla s’amuser, laissant Erriardur seul avec sa colère.

Furieux, ce dernier alla à sa tente, et mit le pendentif autour de son cou. Il faillit tomber à la renverse tant le poids était conséquent mais finit par se relever et se dirigea vers les rafraîchissements.

Mais un cheval sorti de nulle part apparu, monté par une grande ombre noire qui enleva Erriardur et disparut dans la nuit.

Et au loin, regardant par quelques maléfices, le Grand Chef parti dans un rire sournois….

- Tu es à moi !

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