Chapitre 2

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Au petit matin, Achéhis s’apprêtait à partir avec sa troupe lorsque, étouffant une exclamation de surprise, le commandant lui fit signe :

- Lieutenant, il y a des traces de sabots datant de la nuit dernière, et visiblement le cavalier n’était pas un Elfe. Regardez, tout le monde sait que les Elfes sont légers et ne laissent presque aucune trace sur la terre, or, les traces sont bien visibles.

- Cela doit venir des Hommes… commença un soldat

- Oui, coupa Achéhis, mais cela n’a rien d’un Homme.

- Alors il nous faut voyager encore plus discrètement. Abandonnons nos chevaux et passons par les bois. proposa le soldat

- Je ne suis pas d’accord, répliqua Achéhis, si cette « chose » est rusée, elle passera par les bois. Si elle nous prend par surprise, sachant qu’on a pas le droit de tuer tant que nous ignorons ce que c’est, elle pourrait abattre nombreux soldats de notre compagnie.

- Et en ce qui concerne les chevaux, si l’individu a des espions qui sont encore cachés, ils noteront ce changement d’attitude. Gardons les chevaux et passons par la grande route, du moins pour le moment. Ajouta le commandant.

Et puis, nous ne sommes pas en mission d’espionnage mais de diplomatie. Nous allons apporter au roi des Hommes les salutations du Roi Aramion et de la reine Atadras.

- À vos ordres, mon commandant, répondirent les soldats.

Ils se mirent en route. La compagnie avança d’abord silencieusement, puis, un soldat entonna un chant :

Par les bois et les vallées

Nous partons sur nos pieds

La grande route nous appelle

Elle nous fait pousser des ailes

Lorsque la nuit sera noire

Nous garderons espoir

Car notre race est belle

Belle comme une hirondelle

Nos pères ont planté

L’herbe qu’écrase nos pieds

La montagne garde les souvenirs

Du temps où nous aimions rire.

Lorsque notre race prendra fin

Nous ne mangerons plus rien

Les Elfes partiront de cette Terre

Vers des chemins plus clairs. ……….

Ainsi chantèrent les soldats sur plus de dix kilomètres. Alors qu’ils arrivaient en vu de la porte de l’est ( Les Elfes ont une vue extrêmement développée, ils peuvent voir jusqu’à 90 km à la ronde, en plaine), ils trouvèrent qu’une extrême agitation régnait dans ce lieu si paisible d’habitude. Des soldats allèrent en éclaireurs pour comprendre cette soudaine agitation.

- Je crois que notre fouineur nous a devancé, mon commandant. Il faudra aller plus vite, dorénavant, dit un sous-lieutenant.

- Non, surtout pas. Nous devons observer, pas attaquer. Si par malheur nous tirons les armes trop tôt, notre fin pourrait être proche, intervint Achéhis, le regard triste.

Elle pensait aux éclaireurs que le Roi avait envoyé tantôt et qui avaient disparu.

Au bout d’une heure les éclaireurs revinrent et annoncèrent :

- C’est incompréhensible, les Elfes de ce village ont l’air frappé d’une folie….étrange. Et la compagnie qui est normalement chargée de surveiller cette frontière n’est pas à son poste.

Les habitants sont terrorisés. Tenez : lorsque nous sommes arrivés devant les portes, les portiers ont sonné une trompe et tout le monde est rentré chez soi en hurlant :

« Il revient, il revient, c’est la fin !!!!! »

Nous sommes rentrés dans le village et avons frappés à une porte, pas de réponse. Nous avons retoqué en disant :

« Ouvrez ! Au nom du Roi Elfique et de sa Dame ! »

Une tête apparut, ou plutôt un œil et nous regarda stupéfait par la boîte aux lettres. Puis, il enleva les innombrables meubles qui bloquait sa porte et ne laissa entrer que Arez qui y est encore. Il faut que vous veniez !

- J’ai ma petite idée ….murmura le lieutenant.

Ils partirent au galop et arrivèrent aux portes de la ville.

- Ouvrez ! ordonna le commandant au portiez, ouvrez au nom du Roi !

La porte s’ouvrit presque aussitôt et les cavaliers pénétrèrent dans le village. Ils retrouvèrent Arez, qui leur dit :

- Allons établir le campement, ensuite je vous conterais le témoignage de cette personne étrange.

Ils installèrent leur campement à quelques centaines de mètre à l’ouest de la grande route, et là ils soupèrent puis alors que la veillée touchait à sa fin un soldat réclama :

- Un chant, mon lieutenant, s’il vous plaît !!!

Et les autres reprirent en chœur :

- Un chant, un chant, un chant !!!

-

Ils étaient trois

Envoyés par le Roi

Quérir des nouvelles

D’une grande Demoiselle

Alors qu’ils repartaient

La D’moiselle pleurait

Le plus galant des trois

Lui prit le bras

Il l’emmena par dessus les frontières

La belle Demoiselle se laissa faire

Jusqu’au pays des Hommes

Là vivait des Gnomes

Le messager les chassa

Il prit la main de la Dame qu’il baisa

Des enfants de cette union

Naquirent des Hommes très mignons

Hélas, les Hommes

Devinrent pires que les Gnomes

Mais des Milliers d’Années plus tard

Naquit un Homme très bavard

Il chassa les Hommes mauvais

Et rétablit la paix

Avec les Elfes il signa un accord

Que dès qu’il sonnerait du cor

Les Elfes le secourraient

Le Roi qui mourrait

Désigna un successeur

Celui qu’il aimait de tout son cœur

Depuis une amitié,

Avec les Hommes s’est formée

Jamais, nous n’oublierons

Jadis nos pères sont morts sur le front

Le serment est sacré !

Les soldats applaudirent. Puis, alors que les Elfes montaient la garde ou allaient se coucher, Achéhis et Arez entrèrent dans la tente du commandant.

- Arez, nous vous écoutons, invita le commandant.

- Voilà, mon commandant : dès que je suis rentré, l’Elfe a refermé vivement la porte et a remis tous les meubles contre sa porte. Encore méfiant, il a pris une fourche dans une main et m’a demandé une preuve qui puisse lui confirmer que j’étais bien de l’Armée Elfique et non un traître. Il m’a fallut du temps pour le convaincre, montrer mon épée gravée du symbole du Roi ne suffisant pas.

Enfin, il m’invita à grimper dans sa demeure, située en haut d’une colline. Une fois arrivé, je lui ai posé les questions qui me brûlaient les lèvres depuis mon arrivée :

« Dites-moi, pourquoi êtes-vous tant effrayés ? Pourquoi tant de méfiance et de précaution ? Où sont les soldats de la Porte Est ?

Il me répondit en mettant les mains en l’air et en levant les yeux au ciel.

- Ah ! Si vous saviez, vous ne poseriez point tant de questions … Les soldats de la porte ? Nous l’ignorons ; certains sont partis avec des éclaireurs en mission pour le Roi Aramion, qu’il soit béni ! En mission vers où et pourquoi ? Cela nous l’ignorons, nous les civils. Mais le fait est qu’aucun n’est revenu. Quant aux autres, certains ont été tués par d’odieux personnages qui ont abusé de notre générosité.

-Qui étaient ces odieux personnages, des Gnomes ?

- Bien sûr que non, voyons ! Jamais au grand jamais nous n’aurions ouvert à des Gnomes ! Tout le monde sait bien que ce sont des êtres méchants, vicieux, malins et sournois. Nous nous sommes fait avoir par des Hommes. Oui monsieur, des Hommes ! Et puis ce n’est pas tout... Cela dure depuis maintenant deux mois, et je pense que ce n’est pas prêt de s’arrêter. Donc, deux jours après le passage d’un éclaireur du Roi, alors que le soleil se couchait, des Hommes ont demandé asile pour une nuit. Ils avaient l’air éreinté, alors on a écouté notre bon cœur et on les a hébergés.

Ah ! Mes aïeux, soupira-t-il, vous aviez raison en disant de se méfier des étrangers, surtout des Hommes ! Pendant qu’on dormait, il ont enlevé tous les Elfes masculins de moins de 124 ans et les ont embarqués. Puis, quelques semaines plus tard, c’était des cavaliers tout de noir vêtus qui nous ont pris de forces nos chevaux, tuant les derniers soldats encore en vie. Nous avons alors envoyé quelqu’un vers la capitale pour demander du secours mais un aigle noir géant au regard cruel nous a un matin rapporté sa dépouille.

Ce matin, c’est un cavalier venu de l’est qui a forcé notre porte et a incendié la ferme du portier, en passant à toute vitesse dans notre bon vieux village. Et pis encore, les rumeurs courent que des drôles de bestioles essayent de s’emparer de toute la ligne de frontières entre nous et les Hommes, des mi Homme mi autre chose de pas sain. Il y a des chansons qui disent qu’on n’est pas près de s’éteindre, mais franchement, je commence à avoir des doutes là-dessus. Il était temps que vous arriviez ! Encore une chose : les rares soldats survivants après les attaques ont tous mystérieusement disparu après le passage de l’aigle noir... »

Après qu’il m’eut informé de tout cela , je le remerciais et sortis à votre rencontre. Alors que je vous attendais, j’aperçus des femmes sortant de leurs maisons en disant : « La mère Trabel dit que ce sont les Gnomes qui reviennent,dit la plus menue

- La mère Trabel raconte beaucoup de choses que l’on est pas obligé de croire, répliqua sa voisine de droite, depuis le départ de son fils, depuis qu’elle a quitté le nord pour l’est, elle est devenue très étrange selon certains.

- Comme si elle ne l’était pas avant ! , coupa celle qui n’avait rien dit jusque là, mais j’admets qu’elle est beaucoup plus étrange depuis un mois : elle dit que les personnes bizarres qui passent cherchent son fils premier né, qui se nomme Erriardur, mais elle se trompe, naturellement.

- Naturellement, elle est folle, voilà tout, railla la première, maintenant, mesdames, je vous souhaite le bonsoir et pas un mot !!!

Voilà, cela ne nous avancera pas, je le crains, mais vous m’avez demandé de tout raconter, alors…

- Alors vous avez bien fait, merci Arez, vous pouvez disposer, dit simplement le commandant.

Une fois Arez sorti, le commandant se tourna vers Achéhis :

- Lieutenant ?

- Oui, mon commandant ?

- Qu’en pensez-vous ?

- J’en pense beaucoup de choses, mon commandant, mais laissez-moi d’abord réfléchir, je vous prie …

« Bien, premièrement, le Roi m’a parlé des éclaireurs qu’il avait envoyé voici deux mois environ, il n’a eu aucune nouvelle . Deuxièmement, les personnes qui volent des chevaux c’est plausible. Notre cavalerie est redoutable mais malheureusement a un point faible qu’ont exploités nos ennemis : la plupart des chevaux étaient dressés ici, et en les volant, ils nous ont frappés d’un coup dur. Et troisièmement pour le moment, je pense et je suis presque sûre, qu’il ne s’agit pas de Gnomes ; les traces lors de notre départ n’étaient pas celles d’un Gnome. Mais il est fort possible que ces ennemis, c’est bien cela à mon avis, veulent couper les Hommes des Elfes et dans ce cas là … Ce sera plus dure que toutes les autres guerres de l’Histoire des Elfes et celle des Hommes.

- Il n’y a pas beaucoup d’espoir de paix dans ce que vous me racontez là, lieutenant, soupira le commandant, mais je sais que vous n’avez pas tort … du moins pour certaines choses. Car vous serez sans doute en accord avec moi si je vous confie qu’à mon avis ces ennemis qui se meuvent dans l’ombre veulent non seulement nous couper des Hommes mais aussi les retourner contre nous. Mais maintenant, la question essentiel est la suivante : que faisons-nous ? Continuerons-nous d’avancer, resterons-nous ici ou irons-nous voir le Roi car nous en avons assez vu ?

- Je continuerais, moi, mais vous mon commandant, je pense qu’il serait plus sage d’aller exposer au Roi ce que vous avez vu et entendu. Je garde Arez … quoique non. Son témoignage pourrait être utile. Je partirais seule.

- Vous n’y pensez pas Lieutenant ! Si vous êtes prise ou tuée, les Elfes perdront non seulement un grand Lieutenant et une grande femme mais l’Armée perdra aussi un grand stratège, ce qui serait très critique en ce moment en vue de la guerre qui se prépare.

- Mais il faut que nous sachions de quel côté se trouve le Roi des Hommes ! Si il est de notre côté, il ne pourra rien m’arriver mais s’il est du côté de nos ennemis, y aller à plusieurs seraient dangereux. Si nos ennemis ont réussi à pénétrer dans notre pays et à y aller et venir comme bon leur semblent, il est plus prudent que vous vous fassiez accompagner d’une escorte. De plus, il serait sage de laisser quelques soldats à la Porte de l’Est en attendant d’y renvoyer toute une compagnie.

- Cela n’empêche pas que vous preniez un compagnon de route …

- Mon commandant, je connais chacun des soldats qui composent la compagnie. Comme vous, ils ont femme et enfants. Je m’en voudrai d’être responsable de la mort d’un père ou d’un époux.

- Mais vous aussi avez de la famille Lieutenant !

- Oh, les miens ne s’en soucieraient guère, n’ayez aucune inquiétude là-dessus… soupira Achéhis avec un regard triste.

- Très bien Lieutenant, allez prendre quelque repos, la nuit porte conseil. Demain, nous demanderons un ou deux volontaires pour vous accompagner.

Elle ne répondit pas, mais salua et sortit. Alors le commandant soupira :

- Sacrée Lieutenant…

La jeune fille se dirigeait vers sa tente, quand Arez l’appela et lui montra une forme étrange, qui se détachait indistinctement dans le clair de lune.

- Mon lieutenant, je pense que j’ai trouvé le personnage de toutes nos interrogations.

- Parfait je vais le suivre. Dites au commandant que je suis partie seule, il comprendra. Adieu,saluez Noylen pour moi compléta-t-elle en enfourchant un cheval - Soyez prudente Dame Achéhis, votre perte nous plongerait dans le désespoir, moi et ma femme.

Le Lieutenant sourit et partit dans le galop silencieux des chevaux Elfiques. Elle ne se doutait pas, qu’une autre forme, à la chevelure dorée, la suivait dans la nuit…

Mais Arez lui, la remarqua et sourit :

- Ah chère épouse ...Sois prudente.

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