Chapitre 4

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Ils avaient réussi à prendre leurs chevaux et galopaient le souffle court, sans regarder en arrière, craignant que quelques dangers ne les poursuivent. Le visage de l’éclaireur était tendu et avait vieilli en quelques heures. S’il n’y avait eu que lui, il aurait prêté main forte à Achéhis mais en leur ordonnant de fuir, elle lui avait confié la vie de Dame Noylen. Un rapide coup d’œil vers la gauche lui apprit que cette dernière inondait ses joues de larmes si abondantes que le vent provoqué par la course folle ne parvenait pas à les sécher. Après de longues minutes, alors que l’astre au reflet d’argent était déjà haut dans la voûte céleste, il se mit à parler :

- Que votre cœur, Madame, ne soit pas en peine : le lieutenant savait ce qu’il faisait. Oh je le vois bien que vos pensées vous reprochent l’irréfléchie course que vous avez entreprise derrière votre amie et vous accablent de sa capture, mais chassez-les de votre esprit. S’il est vrai que vous commîtes une grave erreur, plus grave encore serait l’erreur de s’enfermer dans d’inutiles et blessants reproches.

Noylen observa l’éclaireur qui ralentissait le galop des chevaux pour regarder en arrière. Elle ne songeait pas même à lui demander son nom, se contentant de méditer sur ses paroles et sur les évènements récents.

Enfin, ils s’arrêtèrent de galoper et les chevaux se penchèrent pour brouter l’herbe fraîche et tendre, pas encore mouillée par la rosée étincelante du matin. Le soldat descendit de sa monture et observa le sol minutieusement. Une troupe d’Elfes y avait fait halte il y a peu et avec un petit galop, ils pourraient sans doute les rejoindre rapidement. Il en parla avec sa compagne qui acquiesça, ayant l’intime conviction que cette troupe était celle de son époux.

Alors ils repartirent et rejoignirent la troupe. Cette dernière les avait repérés depuis longtemps et les attendait. Le commandant et Arez se dégagèrent de la masse pour prendre chacun un fugitif dans ses bras : Noylen dans ceux de son époux, l’éclaireur dans ceux du commandant.

- Seigneur Auziras, enfin ! Mon ami, tant de mois sans nouvelle, mon cœur espérait encore mais ma raison vous croyait mort !

- Le devoir avant les amis, cher commandant, et le service du Roi ne souffre guère de délai, répondit Auziras laissant pour la première fois la fatigue paraître sur son visage.

Il chancela un peu lorsque le commandant se recula pour l’observer.

Un peu à l’écart, Noylen et Arez parlaient entre eux, le mari caressant doucement les cheveux de sa femme qui lui contait leur mésaventure.

Le Seigneur Auziras dut faire de même lorsque le commandant lui demanda si il avait croisé le lieutenant Achéhis. La troupe se fit avide de détails sur la capture de leur lieutenant, consternée qu’une telle chose ce soit produite. Pour la plupart, Achéhis ne pouvait être prisonnière : leur héroïne ne pouvait qu’avoir fait semblant, n’était-elle pas invincible ?

- Le lieutenant Achéhis a été capturée par nos ennemis, et cela est confirmé par deux Elfes, le Seigneur Auziras, qui certes n’a pas la gloire d’Achéhis mais n’est pas moins courageux et Dame Noylen, dont la parole ne pourrait être remise en doute : n’est-elle pas l’épouse d’un grand stratège royal ?

Oui, cela est une grande perte et nos cœurs sont dans l’affliction. Mais ne perdons pas espoir car j’en ai la conviction, le lieutenant n’a pas dit son dernier mot : tôt ou tard il s’échappera et nous reviendra. Allons au Roi porter la terrible nouvelle, que son courroux soit à la mesure de la perte que nous déplorons.

Un seul soldat se permit cette réflexion :

- Et si Dame Achéhis est tuée ?

Le commandant qui allait donner l’ordre de départ, juché sur sa jument baie qui piaffait déjà le regarda posément.

- Nous la vengerons.

Et toute la compagnie partit en direction de la capitale, traversant sans trêve monts et vallées pour avertir le Roi Aramion, Seigneur d’Olfondor des derniers évènements.

Bien loin de là, dans une sombre tour, un Elfe était étendu sur une paillasse, les bras en croix sur sa poitrine. Ses yeux bougeaient sous les paupières fermées, comme s’il était en proie à quelques songes sombres. A son cou pendait une pierre ronde avec gravé dessus, un taureau enlacé par un serpent et ses lèvres murmuraient sans cesse d’inaudibles phrases. Mais en se penchant sur son visage, on aurait pu déchiffrer les nombreuses malédictions qu’il proférait à l’égard d’Achéhis et des Elfes Lunards.

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