Chapitre 1

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Comme toutes les sociétés, la France avait une importante communauté de vampires présentes sur son territoire. On ne savait pas du tout quand ils étaient apparus, probablement bien avant le Moyen-Age, mais on vivait avec. Le berceau originel des vampires était mal connu, un coup, on disait qu’historiquement ils venaient de Roumanie, un autre, on leur donnait une origine asiatique, peut être de l’actuelle Thaïlande. Dans tous les cas, en Europe, ces créatures étaient plus ou moins bien intégrées, leur présence étaient tolérées pour être plus précis. Les vampires se distinguaient du reste de la population parce qu’ils étaient réputés pour être extrêmement beaux, malgré un visage particulièrement lisse, sans la présence de la moindre ride. Les hommes vampires étaient imberbes, les femmes avaient une généreuse poitrine qui ne laissait aucun homme indifférent.

Ces communautés de vampires étaient réputées pour être violentes entre elles. Les règlements de compte étaient souvent très violents, avec de véritables carnages et des modes opératoires extrêmement violents. Parfois, ils se servaient des êtres humains comme intermédiaires pour commettre leur crime et d’autres fois, ils étaient main dans la main pour le faire. On ne pouvait pas appeler ça des guerres de gangs, c’étaient des guerres de clans. C’étaient souvent des différends séculaires qui se résolvaient très longtemps plus tard.

Caroline Mahieux avait été appelée pour se rendre dans une des boîtes de nuit les plus huppées de la Côte d’Azur, à St-Tropez, dans le Var. Caroline était enquêtrice humaine pour le Bureau d’Enquête et de Justice pour les Vampires, le BEVJ. La boîte de nuit s’appelait Gasoline et était un bâtiment d’inspiration gréco-romaine, avec de vraies colonnes marbrées et des statues antiques de chaque côté de la porte d’entrée du bâtiment. Caroline présenta sa carte aux gendarmes qui la laissèrent pénétrer. Un homme en costume-cravate arriva quelques secondes plus tard, la salua puis l’invita à la suivre. Sur la piste de danse gisait le corps du propriétaire, un grand gaillard aux cheveux longs. L’homme en costume était un inspecteur du BEVJ de Nice, Damien Rossi.

Le cadavre du propriétaire était transpercé d’un pieu au niveau du coeur et du sang s’était répandu à côté du cadavre. Caroline examina calmement le macchabée, puis prit des notes sur un petit calepin qu’elle sortit de sa poche.

- Il s’appelle Salvatore Capaldi, commença Rossi. Comme vous pouvez vous en douter, c’était bien le propriétaire des lieux. Il est né le 14 août 1732 à Bologne, en Italie. C’était lui le gérant depuis 1967. C’est sa femme, Marguerite, qui l’a retrouvé mort. Elle était inquiète de voir qu’il n’était pas rentré chez eux.

- Ce M. Capaldi est une personnalité connue de la vie nocturne, ici ? Demanda Caroline, en se tournant vers Rossi.

- Vous plaisantez ? Capaldi est une véritable vedette dans le coin. C’est le propriétaire de plusieurs autres boîtes de nuit dans le monde. Il en a à Dubaï, Paris, Los Angeles, New York, Cancùn, et je crois qu’il en avait ouvert une dans l’ancienne Berlin-Est dans les années 90. Un véritable homme d’affaires, croyez moi !

- Vous estimeriez à quelle heure son décès ?

- C’était vers deux heures du matin. Des témoins étaient présents, mais n’ont rien pu faire, car en plus, il y a eu une violente fusillade. Vous voyez ces balles au sol ? Dit Rossi en récupérant une douille, et bien je peux vous dire que ça a été violent. La gendarmerie a cru qu’il s’agissait d’une attaque terroriste.

- Et pourquoi ne retiennent-ils pas cette possibilité-là ?

- Parce que Capaldi est connu par tous les gendarmes ici. Ils savent tous très bien qu’il a de nombreux ennemis dans la région. En 2008, des Corses avaient cramé cette boîte et en 2015, un type qu’il n’appréciait pas a été tué sur le parking. Et ça, ce sont les faits divers les plus récents. Certains dossiers disent que le proprio a déjà eu des problèmes avec la justice dans les années 80.

- Vous vous êtes bien renseignés sur lui, je trouve, déclara Caroline en croisant ses bras. Vous, vous avez déjà dû vous occuper des dernières affaires, j’imagine.

- Je suis arrivé à Nice en 2014, j’ai travaillé sur la rixe de 2015. C’est tout. La victime était un dealer qui filait de la cocaïne dans de nombreuses autres boîtes de nuit et discothèques de la Côte d’Azur. Lui aussi trempait dans de nombreuses affaires pas nettes.

- Et son épouse, Marguerite, vous savez des choses sur elle ?

- Marguerite est née en Belgique, à Liège, le 17 mai 1890. Ils se sont rencontrés dans l’Orient-Express à Munich, en 1913. Initialement, elle était humaine, mais ils se sont épousés et ils ont fini par déménager pour se rendre ici en France. Salvatore voulait fuir la France pendant la Deuxième Guerre Mondiale, mais sa femme avait trop peur de prendre le bateau pour cela. Que je vous rassure, Marguerite est quelqu’un de très sympathique, mais ce que je lui reproche, c’est d’avoir fermé les yeux sur les activités de son époux.

Ce qui commençait à se dessiner autour de la personne de Capaldi était que c’était un mafieux qui après de longues années à se croire intouchable avait fini par se faire tuer. Caroline scruta pendant quelques secondes Rossi. Le jeune homme au crâne rasé expliquait très clairement les choses. Néanmoins, ce qui la perturba, c’était qu’il y avait eu de nombreuses victimes collatérales. D’après une estimation, cinq autres personnes avaient été tuées dans la fusillade et vingt-huit furent blessées par balles. Deux des victimes étaient les videurs du Gasoline. Les autres étaient des jeunes gens de la jet-set azuréenne, et étrangères. Aucun des morts n'avait un quelconque lien avec la victime principale, il s’agissait de clients qui étaient présents au mauvais moment. Caroline s’agenouilla pour observer le pieu qui avait été taillé dans du bois. La pointe avait du sang séché. Le Gasoline ne serait sans doute pas rouvert avant plusieurs mois, car des impacts de balles avaient été repérés sur les murs.

Le corps de la malheureuse victime fut retiré au début de l’après-midi. Caroline décida de suivre la civière où une excroissance était visible, puis s’arrêta en haut des escaliers, observant la pluie s’abattant à présent sur le parking de gravier. Un vent froid commença à se lever. La jeune enquêtrice frissonna puis enfila sa paire de gants de cuir avant de regagner sa voiture.

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