4. Se construire des souvenirs
J’étais marié avec une photographe depuis 10 ans et j’avais deux filles. C’était le hasard des rencontres, la roulette russe ou alors l’algorithme de cette application de rencontres qui nous avait fait tomber l’un sur l’autre. J’étais ingénieur dans le domaine de l’énergie et j’écrivais parfois des histoires, des contes pour enfants. Et parfois des nouvelles pour adultes. Avec Mélina, j’allais me convertir aux histoires érotiques.
La vie ce sont des rencontres… C’est une Lapalissade. Tomber ainsi sur une femme dont les envies répondaient aux miennes. Respirer. Prendre une respiration. On dit que c’est pour le cul, mais l’envie précède toujours le cul. Et l’envie est intellectuelle. Les hommes sont autant sapiosexuels que les femmes, il n’y a pas de critère lié au genre. Femme désirée, femme désirante. On peut remplacer femme par homme.
J’aimais ma femme, j’aimais mes filles et m’en occupais puisque je ne travaillais pas le mercredi pour être avec elles et les accompagner à leurs activités de ministres des envies enfantines… J’avais besoin d’autre chose. De plonger dans le grand bain parfois, sans savoir si j’avais pied. Cette excitation du danger. La même que quand on est enfant. J’avais envie d’avoir des envies nouvelles. Un regard nouveau. Une peau autre. Découvrir l’eau du grand bain, fraiche ou chaude, d’une autre couleur.
Elle me disait : "je sais que tu as eu d’autres aventures avec des femmes sur ce site, racontes moi s’il te plait."
- Comment tu le sais ?
- Enfin, F, c’est évident, d’ailleurs tu ne nies pas… Je découvre la relation adultère, c’est toi qui m’enseignes. Raconte-moi tout.
- Mais tu es jalouse comme une Latina !
- Oui, je veux l’exclusivité de ton sexe si nous sommes ensemble, mais je veux que tu me racontes tes aventures passées… ça m’exciterait.
- Oui mais ce n’était pas aussi bien qu’avec toi
- Menteur, flatteur, elle me frappa du plat de la main, racontes moi !
Je lui narrais alors ma rencontre avec Camille. Elle m’avait donné rendez-vous chez elle :
C’était dans un quartier piétonnier au-delà de Montparnasse, disons derrière le lion de Denfert Rochereau. J’avais mis un peu de temps à trouver l’adresse car je ne venais pas souvent dans ce coin. Ce qui m’avait attiré dans sa voix, c’est ce léger voile un peu plus grave qui le recouvrait, comme l’ont souvent les femmes d’origine espagnole. En tout cas c’est ce que j’y entendais moi, des senteurs du sud, des musiques au son de guitares et de castagnette, des sourires et des robes qui virevoltent, des jambes qui se dévoilent…
Je chassais ces images de ma tête pour ne pas tomber de ma moto. Je cherchais le numéro et garai mon engin sur le trottoir. Sous une fenêtre de son immeuble afin de pouvoir m’échapper, comme le faisaient les cowboys en sautant par la fenêtre du saloon en cas de coup dur pour s’enfuir sur leur cheval.
Elle m’avait dit au deuxième étage. Je faisais le code et entrai dans un petit couloir sombre qui débouchait sur une cour. Je trouvai l’escalier B, mais c’était raté pour sauter par la fenêtre, son appart donnait sur cour…
Et si jamais ce n’était pas chez elle et qu’elle m’avait menti ? Ou alors, si jamais elle ne m’attendait pas seule ? J’avais des appréhensions… Mais j’étais là maintenant, je devais y aller, mon désir était plus fort.
Je m’appelle Camille, avait-t-elle dit, j’ai 26 ans, je suis seule chez moi, je suis célibataire d’ailleurs, si tu es toujours partant je te donne mon adresse. Alors, tu décides quoi ?
J’étais venu. J’étais à l’heure. J’étais devant sa porte. Et j’allais frapper. Je retenais ma main. Retenais ma respiration. Reprenais mon souffle. Deux étages ce n’est rien normalement, allez !
Au moment où ma main allait toquer, j’entendis du bruit et me retenais. Une toux de vieux, sortait de derrière la porte. Elle m’avait bien eue, elle m’avait filé une fausse adresse !
Je rageais intérieurement, quand une porte s’ouvrit derrière moi, « tu t’es trompé de côté », entendis-je.
Je me retournai en sursaut, pris en flag et je vis, une main qui tendait un foulard : « toujours partant ? Alors bande-le sur tes yeux ! »
Sa voix souriait. Cette même voix qui m’avait enchanté avec ses accents légèrement rocailleux. Mais une vraie voix de femme.
Je mis le bandeau et dis : « je suis prêt. » La porte s’ouvrit, je sentis une lumière qui s’ouvrait sur un nouveau monde et pénétrais dedans…
Camille me guidait par la main, qu’elle avait légèrement potelée. Je la sentais amusée et pouvais deviner son sourire à défaut de le voir. Sa voix était enjouée et elle semblait intriguée, impatiente et excitée. Alors que je me sentais avec encore un peu d’appréhension. Pour me détendre, elle me fit asseoir sur un canapé confortable et me proposa un verre. « Vin blanc », répondis-je.
Une lampée fraiche vint titiller les papilles de mon palais, et nous échangeâmes quelques amabilités, le temps que je trinque avec elle, et que je finisse en quelques gorgées le verre. L’alcool fit alors son effet et je me sentis bien.
Elle prit alors ma main et la posa sur sa poitrine. A travers l’étoffe, je sentais battre son cœur malgré le volumineux sein qui me séparait de lui… Ce battement d’impatience réveilla mon envie.
« Déshabille-moi », dit-elle d’une voix assourdie par la timidité mais enhardie par ses envies. Je glissai ma main entre le tissu du haut de son décolleté et de sa peau : elle était chaude et moelleuse. Quand mes doigts atteignirent son téton déjà durci, elle poussa ce petit soupir, prélude à un abandon de soi. Pendant que je caressais sa poitrine, j’embrassai son cou et lui fis un collier de suçons.
- Déshabille-moi, répéta-t-elle.
Je m’exécutais et soulevais son petit top à bretelles vers le haut, dévoilant un soutien-gorge pigeonnant…
Elle avait une poitrine volumineuse et voluptueuse. Je l’embrassai goulument et mes mains parcouraient son corps pour le découvrir. Je la découvrais sans la voir. Souvent on dit aux enfants de « toucher avec leur yeux », mais moi je la regardais avec mes mains. Elle était pulpeuse à tous égards et cela me donnait l’eau à la bouche. je la découvrais aussi avec ma bouche et sa peau était savoureuse.
Elle avait gardé ses bottes et sa jupe. Je m’agenouillais devant elle et fis remonter sa jupe pour découvrir ses jambes douces et offertes à mes caresses. Quand j’eus posé ma bouche sur l’intérieur de ses cuisses, elle eut un petit frisson, et je léchais pour remonter à leur intersection, d’une main écartai l’élastique de sa culotte et glissai la pointe de ma langue sur l’entrée de son sexe épilé. Elle écarta plus largement et je me mis à la déguster comme un amuse-bouche. Je la sentais monter et descendre en cadence avec ma langue, comme sous l’effet de la marée montante.
Elle gémissait d’aise, mais avant de jouir, elle me prit la main et m'entraina dans sa chambre. Me poussa presque sur son lit sur lequel je tombais, les yeux toujours bandés. Me déshabilla avec précipitation. Prenant ma queue, elle l’aspergea avec un brumisateur et la branla entre ses seins comme des grosses pêches moelleuses... Je me cambrai et dus lui demander d’arrêter avant de jouir. Elle se campa au-dessus de moi et s’enfila sur moi lentement en savourant ce délice. Quand elle fut jusqu’à la garde elle s’interrompit. Me griffa légèrement le torse et commença des petits mouvements d’avant en arrière.
Je gémissais et elle accéléra pour que nous jouissions ensemble dans un grand concert de cris.
Alors seulement elle m'enleva le bandeau. Elle était plutôt gironde et avait un visage avenant avec des taches de rousseur. Je l’ai embrassé et nous avons bavardé un peu avant de refaire l'amour plus tard...
Après avoir pris ma douche, en me disant au revoir à sa porte, elle m’a dit :
« Tu as aimé, oui, on s’est construit des souvenirs pour notre avenir, non ? … »
Cela m’avait amusé, oui, mais je n’avais pas bien saisi ce qu’elle voulait dire à cet instant. En couchant cette histoire sur le papier j’en prends bien conscience. C’est un souvenir passé certes mais un très agréable souvenir auquel il m’arrive de penser parfois comme lorsqu’on garde une goulée de vin en bouche, dans l’espoir d’en conserver le goût le plus longtemps possible dans son palais.
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