13. Morts de soif
Mel me mangeait du regard en dégustant sa bière. Confortablement assis sur une banquette face à elle, je la dévisageais pareillement. J’avais invité un ami à moi, Marc, qui travaillait dans une radio. Il voulait absolument connaitre cette brésilienne qui m’avait envouté.
Paris en septembre, ses bistrots, la foule dans laquelle se fondre, quelques bières pour libérer nos bateaux ivres.
Nous parlions musique, Marc adorait la musique, c’était d’ailleurs un peu son métier. Il ne faisait pas de musique, il était programmateur musical sur une chaine radio de grande écoute. Il nous entretenait sur les groupes qu’il allait faire passer prochainement. « L’avantage de travailler avec ce genre d’animateur, c’est qu’il n’y connait rien à la musique, je fais donc ce que je veux ! »
Il nous racontait aussi des anecdotes sur l’animateur vedette de cette tranche de midi, vraiment très sympa, mais complètement à l’ouest sur certains, tu as l’impression qu’il n’est jamais sorti de son milieu. Mais il n’est pas dédaigneux, toujours poli et bienveillant envers les techniciens, c’est juste qu’on n’est pas né dans le même monde… C’est vrai qu’il est plus facile de faire des émissions sur les têtes couronnées quand on est né avec cuiller en argent dans la bouche.
- Tu connais Herman Dune ? non pas du tout. Je te filerai un disque, tu verras.
Il s’adressait à Mélina, qu’il ne quittait pas des yeux. Sous mon regard vigilant. Et continuait de citer des noms de chanteurs ou de groupes, pour l’impressionner. Des groupes parfois jeunes qu’il venait de découvrir, parfois plus anciens mais relativement méconnus et qu’il voulait mettre en lumière.
- Et la chanteuse québécoise Bïa ? En fait elle est d’origine brésilienne et chante en français ou en brésilien, elle a gagné un prix au Gala des Félix pour son nouvel album
- Le gala des Félix ? demanda Mélina, amusée
- Ah oui, c’est les oscars de la musique québécoise si tu veux
- Ah si, je comprends. Moi je vais au concert d’une vieille chanteuse brésilienne, bientôt, Elza Soares, tu connais ?
- Bien sûr ! répondit Marc.
Après une longue conversation, je n’y tins plus et passant mes mains sous la table je touchais ses cuisses. Un courant électrique parut la saisir. Même Marc s’en rendit compte.
Peu de temps après, il invoqua une excuse pour nous laisser, en gentleman avisé. Et aussi, parce qu’il était mon ami.
Nous ne pouvions pas danser ici, mais nous pouvions nous toucher. Aussitôt Marc partit, Mélina me saisit la main et la caressa passionnément, la guidant où elle voulait.
- Tu sais que tu pourrais me faire tout ce que tu voudrais ?
Je souris face à une telle proposition et ma bouche s’ouvrit d’attente, de joie, d’excitation mêlées. Je n’avais pas beaucoup de temps ce soir-là et ne pouvais rester avec elle toute la soirée. Je le lui dis, mais cela ne sembla pas la frustrer le moins du monde ni lui ôter sa bonne humeur.
- Je ne disais pas cela particulièrement pour ce soir. Tu pourrais me faire ce que tu veux quand tu veux.
Ses lèvres s’écartaient quand elle disait cela et je voyais sa respiration s’accélérer ainsi que sa poitrine monter et descendre plus rapidement.
- Sortons nous promener ensemble.
Septembre était à son commencement et l’air était doux, l’ambiance encore aux vacances et la ville était à nous. Nous pouvions continuer à parler tout en nous caressant plus facilement en marchant que les mains empêchées par les pieds de la table et le corps engoncé sur une banquette. Je faisais glisser ma main le long de ses fesses et remontai sous son chemisier directement sur sa peau. Elle me caressait la poitrine sur ma chemise et nous nous embrassions haletants en titubant à moitié, nous arrêtant toutes les deux minutes pour reprendre haleine et regarder où nous étions…
Nous avons dérivé dans des rues plus petites et moins fréquentées. Mel s’est soudainement adossée à une porte cochère et m’a attiré à elle. Nous étions vaguement dans la pénombre.
On s’embrassait comme des morts de soif. Une soif de vie qui nous poussait l’un contre l’autre, nos mains partout sur nos corps. A un certain moment, nous dûmes reprendre haleine et sa bouche collée contre mon oreille, elle murmura, fais-moi l’amour ici, j’ai trop envie. J’avais très envie mais je regardais alentours encore partagé. J’appuyais sur le bouton de l’interphone, et… la porte s’ouvrit comme par magie. Mélina faillit tomber à la renverse, mais je la retins. Et la poussai vers un mur dans le hall de l’immeuble. Quand la porte se referma, on n’entendait que nos respirations et le bruit mouillé de nos baisers.
Quelques secondes plus tard, elle m’arrachait mon pantalon pendant que je descendais le sien. « oui prends moi maintenant, je te veux. » Ce n’était pas facile de m’introduire en elle car elle était engoncée dans son jean’s serré et n’arrivait pas bien à écarter les cuisses. Elle se retourna et attira mon sexe gonflé vers elle, le fit glisser sous les globes de ses fesses pour le rentrer dans sa fente. Elle était tellement mouillée, que je la pénétrais d’un seul coup jusqu’au bout et que je basculais en avant. Heureusement qu’elle était appuyée contre le mur, sinon nous serions tombés !
Elle m’exhortait avec ses mots et ses gestes : oui viens en moi, tout au fond, encore… Quand je sentis qu’elle allait exploser, je donnais de grands coups lents et profonds, et j’atteignis la jouissance en même temps qu’elle. Je lâchais un cri de plaisir en l’agrippant contre moi, elle tremblait de plaisir en geignant.
En entendant un petit bruit dans l’immeuble, on sursauta et on se rhabilla très vite, sous-vêtements, pantalon, et ainsi ratifés, sortîmes brusquement hors du hall. Les joues rouges et essoufflés, les vêtements en désordre, on ne faisait pas trop illusion, mais il n’y avait personne dans la rue. On rigola en se regardant l’un l’autre et partîmes en direction d’une station de métro en ayant l’impression de planer.
La prochaine fois que tu viens chez moi, je te fais écouter de la bonne musique brésilienne et nous ferons l’amour à la brésilienne. Intrigué, je ne demandais pas ce que cela signifiait, j’aimais les surprises.
Un dernier baiser pour nous dire au revoir, devant les tourniquets, et nous nous sommes allés chacun de notre côté.
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