15. La peau douce

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Je lui rapportais cet épisode de ma vie qui m’avait laissé sur le moment étonné, et vaguement gêné.

J’avais 16 ans environ. J’habitais à la campagne au-dessus d’Evian, dans une grande maison rustique, à moitié en travaux, jamais terminée. J’ai plusieurs frères et sœurs, mais en tant que second, j’avais une chambre pour moi seul. Ce week-end-là, notre ancienne baby sitter parisienne était de passage, elle a 10 ans de plus que moi, Julie. Il y avait aussi une copine de mon frère, un an plus âgé que moi, Edwige. Que je regardais avec des yeux de merlan frit : sa poitrine gonflée m’hypnotisait. Je n’avais jamais touché que celle de Déborah qui était petite avec de longs tétons qui pointaient quand elle mouillait. Les deux venaient en préparation d’une colonie de vacances qu’organisaient mes parents l’été d’après. Elles venaient contribuer au projet d’animation, car elles allaient être animatrices.

On devait être en juin, il faisait bon, c’était presque l’été. Mon frère n’était pas là, je ne sais pas où il était… Les deux futures animatrices dormaient dans sa chambre, il avait un grand lit. La soirée s’est passé dans la bonne humeur, j’avais bu un peu de vin, j’étais pompette, je n’avais pas trop l’habitude.

Quand je partis me coucher j’étais bien. Je me glissais nu sous la couette comme d’habitude, et m’assoupissais rapidement.

Un moment plus tard, j’entendis des gloussements étouffés. De filles. Julie et Edwige devaient s’attarder à la salle de bains. Je me mis à penser aux seins d’Edwige. Je sentis plus que je n’entendis, la porte de ma chambre s’ouvrir. A la différence de pression… ou aux effluves qui y pénétrèrent alors. Des effluves de dentifrice, et de parfum. Féminin.

Je ne dormais plus. J’entendais Edwige chuchoter à Julie, mais ne comprenais rien. L’instant d’après elles gloussaient en étouffant leurs rires. En vain. Comme on fait quand on est ivre. On pense être discret mais on ne l’est pas.

Un courant d’air au-dessus de moi. La couette commençait à glisser sous mes épaules. Je ne bougeais pas, j’étais momifié. Je ne savais pas comment réagir. Et j’attendais de voir ce qui allait se passer. Avec expectative.

Mon dos fut découvert, à nu. Jusqu’aux reins. Je restais immobile. J’avais une érection comme j’avais pensé à la poitrine d’Edwige et n’osais pas me retourner, j’étais trop gêné aussi.

Elles chuchotaient toujours. Soudain, on toucha mon dos. Je retins un frémissement. Ce n’était pas une main ni un doigt. C’était un objet un peu dur. Légèrement pointu et fin. Petit. Il courait sur mon dos… Un stylo !

« C’est dingue comme il dort »

Julie, je crois, était en train d’écrire sur mon dos, avec un stylo bille. Je n’en revenais pas ! J’étais ébahi. Statufié. Et excité en même temps. Le stylo changea de main. Au tour d’Edwige.

Descendant un niveau des reins, elle écrivit un mot en grand, et voulant plus de place, fit descendre la couette sous mes reins. Découvrant mes fesses petit à petit… Je ne pus réprimer un frisson et fis un mouvement.

Qui déclencha des petits cris de leur part, et une fuite panique et bruyante. Elles laissèrent tomber le stylo sur moi, sortirent de la chambre en éclatant de rire, se cognant contre la porte, le chambranle et dans le couloir. J’entendis leurs rires étouffés quand elles s’enfermèrent dans la chambre de mon frère.

Je m’habillais d’un short pyjama large et respirais avant de me lancer à leur poursuite. Je passais à la salle de bains pour me rafraichir le visage. Et faire redescendre la tension dans mon sexe. Quand j’estimais qu’aucune bosse n’était plus visible, j’ouvrais la porte de leur chambre d’un coup et chuchotait : « pourquoi vous m’avez réveillé ? »

Hein, qui, nous !? Elles firent semblants d’être endormies en répondant d’une voix ensuquée… « Qu’avez-vous écrit dans mon dos ? »

Elles éclatèrent de rire, ne pouvant plus dissimuler leur mensonge. Rien de grave. Des mots gentils. Julie dit : J’ai marqué « Hello ». Et moi, dit Julie : Tu as la peau douce ! Et puis… aussi, je voulais faire un dessin, mais j’ai pas eu le temps ! ahahha

« Je peux m’endormir avec vous, je me sens seul, ça m’aidera à retrouver le sommeil. » C’était à leur tour de rester muettes et figées. Je pris ça pour un oui.

Je m’installais entre les deux, le lit était grand mais un peu serré à trois quand même. Je m’allongeais sur le dos. « Bonne nuit », dis-je.

« Bonne nuit », me dirent elles, se retournant chacune de son coté en me tournant le dos. Je fermais les yeux et tentais de me rendormir, mais n’y arrivais pas. Je sentais la chaleur qui émanait d’Edwige et je n’osais pas bouger. Je sentais son parfum. Je sentais aussi l’odeur du corps de Julie. Je n’avais jamais pensé à elle comme une femme, avec un corps d’une femme. Surtout que je la trouvais beaucoup trop « vieille » pour moi. Maintenant allongé à côté d’elle, elle ne me laissait plus indifférent.

Je moulinais dans ma tête, ça carburait, et n’arrivais pas à trouver le sommeil. C’était même pire que cela. La chaleur d’Edwige me donnait envie d’elle. La proximité de sa peau me donnait des frissons. Elle remua un peut et frôla mon bras. Mon érection reprit instantanément.

Je ne savais pas quoi faire. J’avais envie d’elle, mais n’osais pas. Surtout avec la présence de Julie. Je gambergeais. Et si… si elles voulaient bien me faire l’amour toutes les deux. Je fantasmais ainsi longtemps, entendant leur respiration à elle s’apaiser. Sans doute pensaient elles à la même chose que moi, mais n’osaient pas non plus. Gênées par ma présence et celle d’une autre femme avec elle dans le même lit.

Lentement je fis passer ma main sous mon short. Je me caressais sans bruit. J’espérais qu’elles ne remarquaient pas. Quand je remplis mon short de mon propre foutre, je laissais échapper un petit cri. Je me figeais mais aucune ne bougea. J’étais trop gêné d’être là, mon short mouillé et ma main poisseuse.

Je me levais et partis en catimini pour rejoindre mon lit.

Je n’ai jamais été bien sûr de mes émotions à propos de cette nuit. Ni de ce qu’elles avaient pu éprouver de leur côté. Ni même ce qu’elles avaient cherché à faire en venant écrire sur la peau de mon dos. Des années après, je me dis que cette tension sexuelle, ce désir qu’elles avaient déclenché en moi, elles devaient également la ressentir elles-mêmes. J’étais tellement naïf à l’époque. Et aussi timoré, j’aurais dû oser plus. C’était ma première occasion de faire l’amour avec deux femmes en même temps… Et je l’avais laissé passer, quel nigaud ! en plus je m’étais branlé comme un idiot, elles m’avaient forcément entendu le faire… Je me sentais honteux et confus.

Ce qui me reste aujourd’hui, c’est cette envie, ce fantasme jamais assouvi de faire l’amour avec deux femmes…

Que penses-tu de tout cela, Mel ?

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