18. Le grand bain de la rue des noyés
Ce soir-là nous sommes allés diner dans un restau rue Dénoyez. Juste à côté de la piscine Alfred Nakache. Mais tout le monde l’appelait la piscine des noyés… Comme nombre de restos branchés, leur carte proposait des plats un peu comme des tapas mais en plus chers. Il y avait des bons vins et nous en avons abusé.
En sortent de là, comme il faisait étonnamment doux, nous avons marché un peu sur le boulevard de Belleville, pour nous aérer et amortir notre alcoolémie. En passant devant une terrasse bondée, la musique qui en sortait nous a fait de l’œil. Ou plutôt elle a parlé à nos oreilles. Dedans, ce n’était pas plein, mais le comptoir était assiégé, et nous avons dû nous frayer un chemin pour commander 2 caïpirinhas.
- Moins bonnes que les miennes, a dit Mel.
- Bien sûr ! A ta santé Mel et à ta joie !
Quand nous avons fini nos verres, la salle était pleine et tout le monde dansait coller serrer. Nous avons sauté dans la mêlée en gesticulant nous aussi. Parfois j’attrapais les mains de Mélina, et j’essayais de la faire tourner. La foule était si dense que c’était chaotique mais ils étaient aussi ivres que nous et personne ne se souciait de se faire bousculer. Au contraire ça les faisait marrer. D’autres fois nous dansions séparément et les mouvements nous éloignaient comme une houle à marée haute. Elle se retrouva à danser avec un inconnu brun et un peu trop envahissant à mon gout. Comme elle ne disait rien, je faisais mine de rien, mais commençais à fulminer tout seul en les fixant du regard. Quand le mec s’aperçut de mon regard hostile, il salua Mel en lui faisant des courbettes et s’éloigna. Elle revint vers moi à contrecourant des bras et des corps mouvants et cria pour que je l’entende : Jaloux, F ? Je croyais que tu aimais partager !
Elle me narguait ! Je la pris dans mes bras et l’embrassais fougueusement. Elle me serra contre elle et me rendit la pareille. Quand elle reprit son souffle elle me murmura : emmènes moi chez toi.
- Chez moi ?
Je n’étais pas à l’aise avec cette idée. Ma femme et mes filles étaient absentes ce week end là, mais je n’aimais pas l’idée. Et lui avais bien expliqué que j’étais obligé de cloisonner, de séparer ma relation et ma famille.
- Ça m’excite F, je veux que tu me baises sur la table de ton salon. Elle croqua mon oreille.
Aussitôt je me représentais la scène et j’en eus envie aussi. Elle m’excitait trop.
Dehors, la nuit avait fraichi mais nous avions tellement chaud dans cette bonbonnière que le vent nous faisait du bien. Je hélais un taxi mais ils étaient tous pris. Nous dûmes marcher jusqu’à Colonel Fabien et sa rotondité excroissante pour en trouver un de libre. Il était temps car nous avions froid. Sur la banquette arrière, nous nous sommes sautés dessus, nos mains se cherchant, nos bouches se mangeant. Nous avons dû nous retenir pour ne pas faire l’amour. Nous avions presque oublié la présence du chauffeur de taxi. C’est quand il m’a demandé de lui confirmer le chemin à la fin que j’ai repris forme humaine. J’étais ivre et mes sens enivrés par Mélina. J’ai payé et nous avons bondi chez moi.
Sur le canapé du salon, je l’ai entièrement déshabillé pour déguster sa chatte. Très vite, elle m’a repoussé : non, je ne vais pas tenir. Je veux être sur la table.
Je l’ai portée jusque sur la table, qui a un peu grincé. Allongée sur le dos, jambes écartées et offerte comme le plat de résistance, elle a dit : Le diner est servi, Monsieur.
Elle a agrippé mes fesses et quand je suis entré en elle, elle a entouré mes hanches avec ses jambes en refermant ses pieds autour. J’ai commencé à la baiser sans retenue, et à grands coups de la pilonner. Les pieds de la table couinaient en cadence avec nos gémissements. J’ai cru qu’elle allait casser mais elle a tenu le temps de notre baise sauvage.
Après avoir joui, je bandais toujours en elle, et je l’ai portée ainsi sur moi jusqu’au lit où je l’ai presque jetée avant de m’affaler à côté d’elle. Nous étions souls et rassasiés. Nous nous sommes endormis très vite.
Au matin, la tête encore brumeuse, je me suis relevé et ai aperçu Mélina, debout , nue dans mon salon. Elle prenait des photos de nos « traces »… Nos habits épars au sol, son string échoué au milieu de pièce, et sur le plateau de la table la marque encore humide de notre jouissance étalée dans la lumière du matin[1].
- Je dois rentrer, merci pour ce diner, dit-elle tout sourire.
- Et merci pour le dessert, dis-je.
- Quel dessert ?
- Toi sur ma table à manger …
- Haha… j’ai adoré F !
Elle s’est douchée et habillée pendant que je restais au lit, encore trop alcoolisé pour bouger. Quand elle est venue me donner un baiser pour me dire au revoir, je l’ai agrippée par les fesses pour l’allonger sur le lit : viens sous la couette, c’est encore tout chaud. Elle a fait semblant de protester mais s’est laissée faire :
- Je ne peux pas F, je dois travailler.
- J’ai encore envie de toi, regarde je suis tout dur.
Elle a glissé la main sur mon torse et en atteignant le nombril, elle a touché mon sexe en érection.
- Hmm, c’est vrai, je ne peux pas rester… mais je ne peux pas te laisser ainsi.
Elle m’a regardé d’un air gourmand et a pris ma queue dans sa main. Elle me branlait doucement en léchant ses lèvres. J’ai approché ma bouche de la sienne en haletant, elle a introduit sa langue entre mes lèvres et a fait bouger sa main plus rapidement. Quand elle a senti que j’allais venir, elle a stoppé son mouvement. Je l’ai imploré du regard : Mélina, Mélina…
Elle a repris en souriant, en me léchant le visage. Ma jouissance a fusé en éclaboussant mon ventre. Mélina l’a étalé en jouant avec et m’a fait un dernier baiser en me repoussant. Je suis retombé allongé. Elle s’est lavé les mains et m’a fait un petit signe de la main, en claquant la porte.
[1] Annie Ernaux, L’usage de la photo : « Souvent, depuis le début de notre relation, j’étais restée fascinée en découvrant au réveil la table non desservie du diner, les chaises déplacées, nos vêtements emmêlés, jetés à terre n’importe où la veille au soir en faisant l’amour. C’était un paysage à chaque fois différent.
Je me demande pourquoi l’idée de le photographier ne m’est pas venue plus tôt. Ni pourquoi je n’ai jamais proposé cela à aucun homme. Peut-être considérais-je qu’il y avait là quelque chose de vaguement honteux, ou d’indigne. En un sens, il était moins obscène pour moi de photographier le sexe de M. Peut-être aussi ne pouvais-je le faire qu’avec cet homme-là et qu’à cette période de ma vie. »
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