Chapitre 2

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Lucie Ferregat, Ferregat Lucie, son nom résonne dans mes oreilles depuis ce matin. Je suis assis devant le bureau du proviseur depuis vingt minutes et je commence à m’ennuyer. Je connais chaque fissure du mur en face de moi et j’ai testé toutes les chaises de la salle d’attente - je tiens à préciser qu’aucune n’est confortable. A part mater la secrétaire, je n’ai plus grand-chose à faire. Et comment dire… elle a dû voir passer Napoléon 1er si vous voulez mon avis. Alors mon cerveau se retrouve à penser à la seule chose de différent qui s’est produit aujourd’hui : Lucie. Je ne lui trouve rien, elle n’est pas du tout mon genre. Mais il y avait quelque chose chez elle, ce truc qu’elle dégageait, qui a fait qu’elle m’a marqué.

Alors que je projette de partir en douce, le directeur ouvre d’un coup sa porte et d’un grand sourire m’invite à entrer.

- M. Eragon, comme je suis content de vous revoir. Ca fait quoi, trois jours ?

- Quatre.

- Ah oui. Vous savez depuis combien de temps l’année a commencé ?

- Un trimestre.

- Vous savez dans quel niveau vous êtes ?

- Terminale.

- Et vous savez qu'elle a été votre moyenne ce dernier trimestre ?

Je hausse les épaules. Je sais très bien quelle est ma moyenne et je connais par cœur le discours qui va s’ensuivre. Mais je n’en ai strictement rien à faire. De toute manière, ce n’est pas comme si j’avais le temps, ou même la possibilité, de travailler chez moi.

- 5. Vous n’avez rien à redire ?

Devant mon silence, il enchaine :

- Et combien de retenues ? 8. Je ne compte même pas le nombre d’observations. C’est la dernière année. La dernière lige droite. Il faut se ressaisir !

- Je ferai tout mon possible.

- Et chez vous, comment ça se passe ?

Immédiatement, je me crispe.

- Qu’est-ce que ça peut vous faire ?

- Il est de mon devoir, à moi aussi, de veiller sur vous. Et s’il le faut, je préviendrai…

- Non ! Vous ne pouvez, vous n’avez pas le droit ! Vous voudriez que je vienne voir comment vous élevez vos gosses moi ? Alors foutez-moi la paix.

- Si vous voulez jeune homme. Mais à une condition. Je veux te voir t’investir dans la vie du lycée. Tu es inscrit au club de collecte de fonds et d’organisation d’évènements scolaires.

Le club CFOES a été crée il y a environ cinq ans. Ca a tellement bien marché que le principal a maintenu ce club alors qu’aujourd’hui, plus personne n’est inscrit. On ne se demande pas pourquoi. Le boulot consiste à faire des gâteaux ou de la couture toute l’année et de se taper toutes les préparations des fêtes du lycée (les regrettées fêtes d’Halloween et de Saint-Valentin, la fête de Noël et la fête de fin d’année, réservée aux terminales). Rien de très réjouissant.

- C’est une blague.

- Non.

- Mais vous savez très bien que ce club ne sert plus à rien ! Je vais m’emmerder, ça va me retirer du temps pour travailler et puis je vais pas me taper tous les préparatifs pour rien tout seul !

- Sur ce point, je vais vous rassurer. Vous ne serez pas seule. Mme. Sorigué y a inscrit Mlle. Ferregat. Vous la connaissez ?

A l’entente de ce nom, l’idée de devoir aller au club me paraît un petit peu plus attrayante. Ce serait l’occasion d’en apprendre plus sur cette fille.

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