Prologue [par PM]

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 Cela commença un dimanche soir, vers six heures du matin, dans une cave sombre d'une petite commune lotoise au nom source de jeux de mots d'une rare élégance. Un homme penché sur un établi mettait au point la dernière étape de son plan. Puis il bailla à s'en décrocher la mâchoire, jeta un coup d'œil métaphorique à son horloge et vit qu'il était largement l'heure d'aller dodo.

 Cela continua un lundi matin, vers 14 heures. L'homme du paragraphe précédent se réveilla. On va faire une elipse sur son p'tit déj, son passage aux toilettes et le début de son plan afin de le retrouver à nouveau dans sa cave, entre un réservoir plein d'une mystérieuse poudre brune marqué des lettres KNL, une autre cuve actuellement vide et une table recouvert d'un drap et entourée de tout le matériel nécessaire à une opération chirugicale de l'hernie inguinale, par exemple. Il enfila sa tenue de praticien : un mélange hétéroclyte de diverses pièces d'armures, protégées par une surblouse intégrale de chirurgie. Le mec veut faire ça bien, quoi. Lorsqu'il fut prêt, il activa son minuteur, prit dans sa main droite un scalpel et dans la gauche une masse d'arme, avant de se tourner vers la porte. L'attente ne fut pas longue, comme prévu. La porte vola sur quelques mètres et une rousse furieuse à la chevelure enflammée se jeta sur l'homme en hurlant :

 — MAURIIIIIICE !!

 Celui-ci jeta son scalpel sur l'arrivante qui esquiva. Il s'avança et lui porta un coup de masse à la tête. La rousse fut projetée contre un mur. Elle se redressa, le visage déformé par la haine (un peu) et le coup de masse (beaucoup). Ses cheveux roux virèrent au bleu tant ils chauffaient. Au dessus d'elle, les briques commençaient à noircir. Maurice toussa. L'air se chargeait d'une irritante fumée noire.

 — Rends-le moi ! grogna Georgette.

 — T'as pas dit le mot magique !

 Elle se pencha en avant et fit s'enflammer une planche qui n'avait de toute façon pas d'autre utilité narrative.

 — Rends moi Katashi !

 Maurice haussa les épaules et désigna le katana, posé sur une table et habillement mit en valeur par un jeu de lumière. Le bougre avait révisé ses leçons de mise en scène, pour une fois ! Il releva la visière de son haume afin qu'elle le voit faire un sourire machiavelique et dit :

 — Viens le chercher.

 Georgette sauta sur son adversaire tel du GHB sur le verre laissé sans surveillance d'une meuf en soirée. Elle évita de justesse sa masse d'arme, bloqua un coup de poing et renversa son adversaire. Celui-ci tenta à nouveau de la toucher avec sa masse, mais elle la lui arracha des mains et la jeta derrière-elle. Ses coups pleuvèrent sur le pauvre Maurice dont l'armure tombait en lambeau. Il jeta un coup d'œil désespéré à son minuteur :

00 : 04

 Georgette arracha ce qu'il restait de la cuirasse de son adversaire.

00 : 03

 Elle lui planta son poing dans le ventre.

00 : 02

 Un sourire carnassier aux lèvres, elle ramassa la masse d'arme et la leva au dessus du visage de Maurice, sans défense malgré son armure comme une tortue retournée sur le dos.

00 : 01

 — Adieu, débile !

00 : 00

 Maurice adressa une rapide prière à sa propre intelligence. Georgette jubilait. Un arc éléctrique se propagea sur un mur, le long d'un cable, et éclaira la scène un court instant. Le manche de la masse d'arme fut prit d'étranges vibrations. Une chaîne en jaillit en enserra les mains de la rousse. Puis, dans un grésillement assourdissant, elle décola. Il y avait au plafond une plaque métalique à laquelle se colla la masse et la rousse malheureuse. Maurice s'éleva lui-aussi, avant que son armure ne s'effrite complétement et qu'il ne retombe lamentablement. Il se releva et s'étira.

 — Comme sur des petites roues tournant en tous sens, fixées sous un chariot de manutention, sous le pied d'un meuble, etc.

 — MAURICE ! TRICHEUR !

 — Je savais que ça marcherait, le coup de l'éléctro-aimant ! Et maintenant...

 Il s'installa devant une console et tapota plein de boutons. Georgette tomba, puis redécolla, puis retomba, puis reredécolla, puis reretomba, puis rereredécolla, puis rereretomba, avant de rerereredécoller. Après cet intermède divertissant au sein de son plan si génial, Maurice saisit un fusil qui n'était pas touché par l'attraction magnétique parce que le scénario. Il chargea une balle du genre qu'utilisent les soigneurs pour endormir les rhinocéros, visa sa proie et tira. Georgette continua de se débattre quelques minutes avant de s'évanouir.

 Elle se réveilla quelques heures plus tard, sanglée sur la table d'opération. Elle avait au bras gauche une perfusion de cannelle et au droit une autre qui lui pompait le sang. Son regard suivit le tuyau qui rejoignait la cuve. Celle-ci n'était plus vide, elle contenait désormais ce que Georgette estima être deux ou trois centaines de littres de son sang, qui se renouvelait grâce à la cannelle. De cette cuve partait d'autres tuyaux jusqu'à une machine étrange qui semblait être le croisement consanguin entre un téléporteur, un four micro-onde, un moteur de voiture et un moule de patisserie. Le tout était surplombé par une autre cuve pleine de Cannelle. Maurice, clé à molette en main, finalisait ce truc sans nom.

 — Si si, il en a un !

 — J'ai rien dit, grogna Georgette.

 — Ta gueule, j'parle au narrateur ! Mec, voici le Roupliqueur 2000 ! Fait pas attention au « 2000 » c'est juste pour faire plus classe.

 — Qu'est-ce que c'est que...

 — Attends cinq minutes, Georgette, j'te montre !

 Maurice bidouilla un boitier rouillé, un écran clignota, un haut-parleur fit « bip ! », et la cuve se vida de quelques litres qui partirent dans la machine. Maurice saisit à nouveau son fusil et visa une sorte de sas duquel émergea vite un cri. Un cri féminin, que Georgette trouva familier. Le sas s'ouvrit, Maurice tira, et Georgette tomba en arrière.

 — QUOI ??? hurla Georgette (celle de la table d'opération).

 — Et voilà ! s'exclama Maurice.

 Il ramassa le corps inerte de la Georgette de sa machine et la sangla sur une autre table d'opération. C'est lorsqu'il alluma le reste de la cave que la rousse (celle de la table d'opération) vit une autre dizaine de tables, de cuves et de Roupliqueurs 2000.

 — Tu te demandes pourquoi je fais ça ? Attends...

 Maurice finit d'installer la deuxième Georgette, il la perfusa et alluma le deuxième Roupliqueur 2000. Il bidouilla le boitier, l'écran clignota, le haut-parleur bipa et une nouvelle Georgette émergea.

 S'étant saisit d'une tronçonneuse, le vaillant Maurice entreprit de métamorphoser la troisième rousse en hachis parmentier, les pommes de terre en moins.

 — Et voilà ! Je vais te cloner quelques milliers de fois, et pour aller plus vite je vais aussi cloner tes clones. Tu verras, c'est un mauvais moment à passer mais ensuite je viendrais massacrer tes doublons et toi j'te laisserais tranquille ! C'est plutôt un bon compris, non ?

 — bip ! fit le Roupliqueur.

 — Oh merde... fit Maurice.

 Il esquiva de justesse une claque qui s'écrasa sur la cuve voisine. Cette Georgette était aussi petite que ses consœurs, mais sa musculature la rendait aussi large que haute.

 — Merde, râla Maurice. Deux bugs pour le prix d'un...

 Il se jeta sur son fusil mais elle se jeta sur lui d'abord. Elle colla à Maurice une gifle qui expédia son âme hors de son corps.

 Lorsque Maurice revint à lui, il était dans la cage qu'il réservait aux clones de Georgette. Celle-ci l'observait d'ailleurs à travers les barreaux.

 — Tu sais comment est-ce qu'on conquiert le monde ?

 Il se releva, la tête lourde. Derrière la rousse, toutes les tables d'opération étaient occupée. Les Roupliqueurs semblaient tourner à plein régime. Des centaines de Georgette tenaient compagnie à celle qui se clonaient ou entretenaient les machines. L'une arriva avec une cargaison de cannelle.

 — Avec une armée.

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