Les sept chakras

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Il descend, seulement revêtu de sa veste ouverte sur son torse.

- J’ai laissé ma chemise à sécher là-haut. Ça ne dérange pas ?

- Non bien sûr, dit-elle en balanyant de la main.

- La boutique est censée être fermée, j’ai vu. On peut faire ce dont on a parler un autre jour !

- Oh ce n’est pas un problème. On peut faire ça maintenant, on ne sera pas dérangés, dit-elle joyeusement, à nouveau maître d’elle-même.

Il sourit et s’avance, elle est assise sur la banquette, son grimoire ouvert devant elle.

- D’accord. Comment on fait ? Enfin, que dois-je faire ? dit-il.

- On va d’abord aller derrière, commence t-elle tout en lui montrant le fond de la pièce.

Elle se lève et pousse le rideau viridian. Elle lui fait signe de passer devant.

- Tu… Faut… Pardon. Il faut s’allonger. Sur cette table.

Yvan prend d’abord un moment pour observer la pièce faiblement éclairée. Esmé en fait le tour pour allumer la vintaine de bougies sur l’étagère qui longe le tour de cette petite pièce. Maintenant qu’il y a plus de visibilité, on peut distinguer toutes les petites fioles et pierres qui y sont disposées.

Yvan s’installe.

- Je peux enlever ma veste ? Elle me gène un peu.

- Au point où nous en sommes, oui, dit-elle en riant nerveusement.

Il répond en riant et retire sa veste. Elle lui prend et part la déposer dans l’autre pièce.

- J’y pense comme ça, dans les autres boutiques de... sorciers, ils utilisent des encens, font brûler de la sauge, vous n’en n’utilisez pas ?

Un rictus lui échappe.

- Non c’est vrai. Les encens, parfums et les fumées en général émettent des composés organique volatiles, vous savez. Ces mêmes produits, polluent l’air intérieur dans lequel nous passons la plus part de notre temps. Ils peuvent même être très dangereux pour la santé pour certain ! Sachant ça, je ne peux pas utiliser ces produits. Même de l’eau de toilette j’évite.

La sauge, reprend-elle, les sorciers s’en servent pour purifier les objets ou des espaces, je préfère utiliser de l’eau et les pierres. C’est plus simple et moins dangereux.

Il la regarde étrangement, comme surprit par ses mots.

- Dites-m’en plus sur ce qu’on va faire, demande t-il.

Yvan est assit sur la table, Esmé est face à lui.

- J’y viens, dit-elle en souriant. Cette séance est une méditation d’équilibrage des chakras. Les chakras sont différents centres énergétiques que nous avons en nous et qui régissent différents aspects de nos vies. Il est possible d’avoir des chakras en sur-activité et d’autre moins, le travail que nous allons entamer sert à tous les remettre à niveau.

Elle se retourne et attrape une petite pochette en lin.

- Allongez-vous, dit-elle en exerçant une légère pression sur son torse nu avec sa main.

Il s’exécute.

- Je fais cet exercice à l’aide de pierres. Chacune d'elle à des propriétés différentes. Comme chaque chakras à sa couleur. Il faut donc coordonner le tout pour avoir les meilleurs effets. Respecter la couleur du chakras avec celle de la pierre qu’on va utiliser et respecter les propriétés de la pierre pour ne pas faire n’importe quoi. Il faut aussi placer à des endroits précis pour équilibrer les énergies.

Dans sa main, un pendule, qu’elle fait pendre au dessus de son corps.

- D’abord, on évalue le travail à réaliser. Ici, plus le pendule est agité, plus le chakras est déséquilibré.

Elle circule au dessus de lui, de sa ceinture au haut de sa tête. Elle pose son petit sac et son pendule à son coté. Elle récupère dans le sac une petite pierre qu’elle arrose avec une fiole laissant tomber de l’eau sur le sol. Elle roule ensuite la perle brillante dans ses mains pour la réchauffer, puis elle commence.

Elle récite un texte d’une voix douce et posée. Elle explique doucement ses gestes. Pour chaque chakras, elle donne une image de la nature comme la fleur rouge qui s'ouvre devant lui pour représenter le chakra racine. Elle explique les significations de chaque chakras et de leurs pierres associées. Elle guide Yvan sur ce que ça va lui faire et ce qu'il peut ressentir.

Elle pose les pierres sur son torse nu et parfois, elle pose aussi ses mains ou ses doigts pour trouver ses repères de l'endroit exact où doit se trouver la pierre. Chaque contact fait frémir la peau d’Yvan, aussi brefs et appétants soient-ils. Il se concentre, écoute attentivement et se laisse bercer par le flux délectable de la voix d’Esmé. Il sombre, transporté doucement, n’entendant pas la fin de la méditation.


Il ouvre les yeux d’un coup. Il met quelques secondes pour se souvenir d’où il se trouve. Des bougies dégoulinent et gouttent sur le sol. Il s’assoit d’abord, puis se lève de la table. Il prend le temps de se frotter les yeux et le visage puis passe le lourd rideau. La pièce est faiblement éclairée. Esmé est là, assise sur la banquette, la tête collée sur son carnet en alphabet étrange, endormie en pleine rédaction, le stylo encore dans la main. Son corps doucement animé par sa respiration apaisée. Il monte à la boutique pour récupérer sa chemise qu’il enfile. Elle est sèche, il fait nuit dehors, il s’est endormi longtemps. Il redescend, attrape sa veste et revient vers Esmé, toujours assoupie. Il retire le stylo de sa main et le pose à côté.

Il s’accroupit près d’elle et, d’un geste incertain, il passe une main dans son dos, qu'il caresse, hésitant, pour la réveiller. Elle plisse les yeux, sourie puis les ouvre enfin.

- Vous êtes réveillé, c’est bien, dit-elle doucement.

Il rit dans un souffle.

- Voulez-vous que je vous ramène chez vous ?

Elle se redresse et commence à ranger sa table.

- C’est gentil mais j’habite à deux pas, je vais rentrer à pied. Merci, dit-elle en souriant, les yeux encore petits.

- Laissez-moi au moins vous raccompagner. Par principe, je ne laisse pas une femme rentrer seule la nuit tombée.

Elle prend une inspiration.

- Vous avez raison. Merci.

En silence, elle rassemble ses affaires, ils remontent, ferment la boutique et descendent le rideau de fer puis marchent vers le parking souterrain où est stationnée la voiture d’Yvan.

Ils descendent un escalier et passent dans un couloir où sont installés de jeunes gens marginaux accompagnés de chiens bruyant. Par réflexe, Yvan saisit Esmé par la taille et la serre contre-lui. Elle se blottie dans son épaule, prise de sursauts à chaque aboiement des chiens tirant au maximum sur leurs laisses en mailles d'acier.

Arrivés à la voiture, il lui ouvre la porte passager puis part s’installer au volant et démarre dans la foulée. Il roule dans les rues sombres, guidé par Esmé. Une fois devant sa résidence, il coupe le moteur et descend pour la saluer.

- C’est quand même assez loin finalement.

- C’est plus court par les rues piétonnes et j’y suis habituée, mais merci beaucoup.

- Merci à toi pour cette après-midi.

- C’était ton invitation.

Il rit. Un blanc s’installe. Il s’approche d’elle pour lui dire au revoir. Il passe son bras dans le creux de son dos, la serre contre lui tandis qu’elle passe un bras autour de ses épaules. Il dépose un baiser sur sa joue.

- Merci quand même, dit-il doucement, proche de son oreille.

Ils s’écartent. Silencieux. Il ouvre sa portière.

- Passe une bonne nuit, dit-il avant de se glisser dans sa voiture.

Il démarre, elle lui sourit, lui fait signe de la main et il part. Elle reste un moment avec un sourire bêta plaqué sur son visage échauffé.

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