Chapitre 1

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Personne ne sait comment le grand architecte apparût. Il parcourait le néant, une vaste étendue pleine de vide, et passait l’essentiel de son temps à assembler des fragments de rien qui composèrent un tout. L’univers, c’est ainsi qu’il l’avait appelé, était si petit qu’il tenait dans la paume de sa main. Satisfait de son œuvre, il se reposa un instant – l’espace de quelques milliards d’années qui, pour lui, s’écoulèrent en un battement de cils. À son réveil, quelque chose avait changé. Sondant l’infini, il s’étonna de voir ce qu’il vit. Dans la chaleur de sa main, l’univers couvait un monde.

Des étoiles étaient accrochées à son ciel, comme des sequins cousus sur une longue robe noire. Certaines s’étaient unies pour former une constellation, celles-là passaient tout leur temps à bavarder, et d’autres avaient pris le large, à la recherche d’un lieu où s’établir pour briller dans leur coin. Des planètes étaient nées dans le tourbillon furieux d’immenses nuages de poussière ; d’un naturel méfiant, elles tournaient sur elles-mêmes pour garder un œil sur toutes choses. Le soleil, brûlant de désir pour l’une d’entre elles, lui fit la promesse d’éclairer ses jours. La lune, un morceau de pierre qui n’avait rien pour plaire, se proposa d’éclairer ses nuits. Ensemble, les trois astres engendrèrent la vie sur terre.

Les premières formes de vie n’avaient ni queue ni tête, mais elles étaient fascinées par les constellations qui, ponctuelles, apparaissaient chaque fois que la nuit tombait. À force de les contempler, elles finirent par leur ressembler. Ce qui vit sur terre n’est que le reflet de ce qui vit dans le ciel, mais ne dites jamais à la grande ourse qu’elle a quoi que ce soit en commun avec les ursidés ! Elles ont une haute estime d’elles-mêmes, les étoiles, et elles le prendraient mal. Ici-bas, nous devenons ce à quoi nous prêtons le plus d’attention. Alors mieux vaut faire attention à ce sur quoi nous posons les yeux.

Les trois astres étaient si fiers qu’ils ne virent pas que la vie sur terre, peu portée sur la réflexion, se contentait d’apparaître et de disparaître sans poser de question. Il n’y avait aucun lien entre les êtres qui étaient en même temps au même endroit, et la loi du plus fort prévalait. Mais comme le chacun pour soi n’a pas de sens, et qu’il faut un sens pour savoir dans quelle direction avancer, la vie sur terre piétinait. Jusqu’alors, tout ce qui avait été créé avait créé en retour. La boucle était-elle bouclée ? Personne ne pouvait l’affirmer, mais les trois astres devinrent la risée de l’univers, qui prenait un malin plaisir à comparer la vie sur terre à un arbre qui ne donne pas de fruits. Contrarié, le soleil rejeta la faute sur la lune. Elle, que les étoiles traitaient de caillou opportuniste parce qu’elle se servait de la lumière du soleil pour briller, en fût profondément affectée. Elle passa devant lui, bien décidée à lui faire comprendre qu’il n’était pas le centre du monde. Alors, la terre fût plongée dans l’obscurité un court instant.

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