1.1 Point de départ...

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— Maxime ! Ton petit déjeuner est prêt !

— Oui maman, je me lève dans cinq petites minutes, grognais-je en enfouissant la tête dans l'oreiller

Six heures du matin était vraiment trop tôt pour se lever. Je remontais la couverture jusqu'à ma nuque et fermais les yeux. Encore un peu.

— Maxime ! Il est six heures et demi ! Ton train va partir sans toi ! Et il est absolument hors de question que tu arrives en retard alors que cette école a bien voulu t'accepter en cours d'année ! Ne ruine pas nos efforts, jeune fille !

Bla bla bla.

Je finis par me lever malgré tout. C'est vrai que cette école d'architecture n'avait pas été enchantée de m'accepter mais comme mon père était quelqu'un de plutôt influant dans ce domaine, mon nom de famille avait rempli son rôle de passe-droit. Les choses différaient d'un point de vue à l'autre mais mon dossier scolaire n'était pas ce que l'on pouvait appeler de reluisant au vu de mes antécédents familiaux. Et puis c'était sans compter mon don unique pour les ennuis.

Je me couvrai des pieds à la tête après avoir pris une bonne douche chaude. Robe en laine avec collants chauds, des bottes et des gants en cuir. Je saluais ma mère et entamais mon bol de lait chaud.

— Ca ira, n'est-ce pas ? demanda ma mère, inquiète.

Je hochai la tête en détournant le regard. Si cela irait ? Ca dépendait de tellement de choses. Des autres. De moi. Maman tendit la main pour me presser doucement le bras en signe d'encouragement. Je lui jetai un coup d'œil puis retournai à mon occupation première. Elle retira sa main avec regret. Malheureusement pour elle qui était très tactile, moi je ne pouvais pas me permettre un quelconque toucher. Surtout pas avec les derniers évènements. Je devais montrer au juge que ce n'était pas de ma faute si mon ancien camarade de classe s'était retrouvé dans le coma. Que ce n'était qu'un regrettable accident qu'il avait provoqué de lui-même.

A ma naissance, je ne respirais pas. Aussi les médecins ne se sont pas immédiatement interrogé sur les veines noires qui apparaissaient au travers de ma peau blanche. Puis au bout d'une nuit, ils estimèrent que c'était anormal. Tests sanguins, radiologies, IRM, prélèvements d'ADN. Tout a été fait. Apparemment il y aurait un gène différent dans mon ADN, quelque chose en plus dans la formation de mes cellules qui aurait changé certaines choses dans mon organisme. Le fait est que dès que les gens me touchaient, mon corps le percevait comme un élément étranger et s'attaquait aux autres. Ils ressentaient alors une douleur intense. Un truc avec les connections synaptiques, les anticorps et les hormones.

Enfin, Hugo était un sale con. Et ça l'amusait de me voir toujours couverte. Une fois, il m'a volé mes gants et a passé mon pull sous la douche de la salle de sport avec la complicité des filles. Quand je suis sortie du vestiaire, furieuse et inquiète, il en a profité pour se vanter. Comme je ne faisais pas attention à lui particulièrement mais à tout le monde, il m'a saisit le bras. Grave erreur. J'étais aussi horrifiée que les autres. Les veines autour de sa prise devenaient noire tendis que celles de sa main s'assombrissaient. Il n'a pas eu la force de crier. Concrètement ce n'était pas moi mais comme j'étais saine et sauve et lui à l'hôpital, c'était inadmissible pour le directeur. Conseil de discipline et tout le tralala... Je n'avais pas fait long feu.

— Maxime ! Ton sac !

— Oui, maman, soupirais-je.

Je lui fis un signe de main, mis mon sac sur une épaule sauf que lorsque j'ouvris la porte. Il y avait un homme tout en noir qui attendait. Surprise, je le regardai avec des yeux ronds.

— C'est pour quoi ? demandais-je avec méfiance.

— Max ?

Ma mère se demandait surement ce que je faisais encore dans la maison, mais elle était trop occupée à préparer le café de mon père pour venir jeter un coup d'œil.

— Oui, Max, que voudrait un inconnu à une heure pareille à ton humble avis ? sourit l'homme.

Son sourire m'horrifia. A la place des dents, il possédait des crocs énormes qui lui entaillaient la lèvre. Je reculais et me pris les pieds dans le tapis. Je me retrouvai les fesses à terre quand deux énormes bêtes entrèrent en grognant dans la maison. Je voulus me lever quand j'entendis les cris de peur de ma mère et les pas précipités de mon père qui descendait les escaliers. L'homme me saisit par l'épaule en rentrant ses griffes dans ma chaire. Je hurlais de douleur alors qu'il me soulevait et que mon épaule se disloquait en craquements sinistres. Le déchirements de mes muscles me fit me crisper encore plus autour de sa prise. Mais mon incompréhension était totale. Il n'avait pas mal ? Pourquoi n'avait-t-il pas mal ? Il me sembla qu'il souriait, d'un air béat et stupide. Je ne voyais plus grand chose, ma vision s'obscurcissait à mesure que mon sang perlait et que la douleur se faisait intense.

Il nous guida tranquillement jusqu'à la cuisine où ma mère était plaquée contre un meuble avec une spatule pour toute arme de défense. Elle ne me regarda même pas. Elle ne cessait de crier. Pour faire peur à la bête ou pour se rassurer ? Dans tous les cas cela ne sembla pas plaire à mon tortionnaire qui émit un grognement lugubre. La bête lui répondit et se jeta sur maman pour lui déchirer la main, qu'elle envoya valdinguer sur la vitre de l'autre côté de la pièce. Une trace ensanglantée se forma alors que la main retombait, la spatule toujours entre les doigts inertes. La bête noire s'acharna ensuite sur son ventre, avec ses crocs et ses griffes, elle lui labourait les chairs et plongeait son museau pour le ressortir ensanglanté, des morceaux de foie ou d'intestins pendouillant entres ses dents. Je hurlai alors que ma mère était prise de soubresauts et qu'elle gesticulait ses jambes dans un dernier effort de survie. Je voulus me détacher des griffes sans succès bientôt seuls mes pleurs résonnaient entre ses murs en plus des geignements de satisfactions de la bête et des rires de l'homme. Ma tête pulsait au même rythme que ses griffes bougeaient dans ma blessure. Il me sembla que le sang recouvrait le sol lorsque les muscles de ma nuque lâchèrent et que mon crâne tomba en avant.

— A ton avis, que venons-nous chercher, Max ? me susurra le monstre à l'oreille.

Il me jeta contre l'escalier. Le dos tapa une ou deux marches, je ne savais plus. Tout semblait aller au ralenti, j'avais mal, mon bras gauche ne répondait plus, ma robe me collait à cause du sang et ma tête... C'était comme si j'étais sur le point de me noyer. Je sentais que j'aillais vers le fond mais je ne faisais rien pour m'y soustraire. Quand l'homme me força à regarder une fois de plus, je vis en haut que le corps de mon père était là mais qu'il était incomplet. L'autre bête, la brune, était en train de faire ses dents sur son crâne. Elle lui avait gobé les yeux et arraché la moitié d'une joue. Sa langue pendait par le trou formé. La bête me regarda attentivement du haut de l'étage. Elle retroussa ses babines en un sourire macabre, emplit de sang et de choses que je ne voulais pas identifier. Mais je crus reconnaitre un morceau d'oreille. Je me débattis pour pouvoir tourner la tête et vomis de ton mon soûl par terre. De dégoût, l'homme m'avait lâchée, je me précipitai sur le monstre du haut pour saisir son visage à pleine main. Les veines apparurent, le loup couina mais ne put se détacher de ma prise et comme cette fois je mis toute ma force pour arriver à mes fins, il mourut très, très rapidement. Je le relâchai et m'effondrai à mon tour au sol. Des sanglots m'arrachaient la gorge alors que je ne pouvais même pas regarder le corps de mon père.

— C'est pour toi que nous sommes là, Max. C'est à cause de toi tout cela, si tu n'avais pas été là, ils seraient encore en vie.

Il leva le pied, je ne pus que le regarder avec un air pitoyable qui, lorsque j'y repensai me dégoutait, et le choc fut tellement violent que je m'évanouis sur le coup.

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