Chapitre 2

16 minutes de lecture

Voilà déjà deux semaines que je suis toujours au même point, célibataire et passant mes soirées dans le bar proche de chez moi.

Une fois encore, je marche à travers les rues de la ville pour atteindre le Stormy Weather qui est déjà bondé de monde. Et pour cause, je suis arrivé beaucoup plus tard que d'habitude, ce qui m'oblige à jouer des pieds et des coudes pour pouvoir m'installer au bar. Je profite qu'un client se lève, libérant un siège et m'assied rapidement sous les yeux mécontents d'un homme. Je l'ignore royalement et commande un whisky au barman sur ma gauche.

Il pose ses yeux sur moi et rapidement, un sourire se plaque sur ses lèvres.

- Tiens, salut Jay ! Comment ça va aujourd'hui ? me demande-t-il.

Je sursaute légèrement à l'entente de mon prénom et me mets à le dévisager quelques instants. Ses traits me sont familiers, mais tout est flou dans ma tête. Je revois des brides d'images dans lesquelles son visage se dessine mais même en creusant au fond de ma mémoire, il m'est impossible de me rappeler son nom ou quoi que ce soit d'autre le concernant.

Il remarque certainement mon trouble puisqu'il se sent obligé de préciser :

- Je suis Hugo ! D'habitude quand je commence mon service tu es déjà bien bourré, finit-il en rigolant.

Il pose mon verre devant moi et me glisse un clin d'œil.

Ses yeux sont vert-gris, ses cheveux châtains, coupés court sont légèrement en bataille et lui donnent beaucoup de charme. Mon regard s'attarde un peu plus sur lui, il est habillé d'un jean foncé, surmonté d'un tee-shirt moulant, sous lequel je devine un corps parfaitement sculpté.

Tout en l'observant de loin, j'attrape ma boisson et avale une première et longue gorgée. Hugo revient très vite vers moi.

- Alors, comment ça va ce soir ?

Je fronce les sourcils malgré moi, me demandant s'il y a un sens caché à sa question mais dans un haussement d'épaules :

- Ça va pas trop mal je dirai, je réponds avant de prendre une rasade de ma boisson.

- Super, tant mieux.

Je le vois s'activer à préparer un cocktail avant de renverser le tout dans un verre, de rajouter des fioritures et de le poser face à moi.

- Cadeau, c'est mon spécial Hug'killer

- Oh ! Merci

Je jette un œil curieux au mélange et prends mon courage à deux mains pour venir tremper le bout de mes lèvres dans le liquide sous le regard amusé de Hugo. Ce dernier ne me quitte pas des yeux, attendant certainement mon verdict. Alors, j'y vais plus franchement et avale le contenu de mon récipient. C'est pas mauvais mais je ne peux m'empêcher de grimacer lorsque l'alcool passe à travers de mon œsophage. Je lève mon pouce vers le barman et vide totalement mon verre puis en réclame un autre.

Entre plusieurs allers-retours entre les clients, le brun s'accorde quelques petites pauses afin de discuter un peu plus avec moi. J'apprécie particulièrement son ouverture d'esprit et son humour un peu douteux, mais il reste d'une agréable compagnie.

Pendant une de nos conversations, j'apprends donc que j'ai tendance à beaucoup trop parler lorsque j'ai un bon coup dans le nez. À tel point que le barman est au courant de quasiment toute mon histoire avec Flynn. Apparemment je lui ai aussi avoué que jusqu'à très récemment, j'étais strip-teaseur, que j'étais plutôt doué là-dedans et que s'il le souhaitait je pouvais même lui faire une petite démonstration de mes talents. Je sens le rouge me monter aux joues et une chaleur me parcourir tout le corps tellement j'ai honte de moi. À moins que ce ne soit les effets de l'alcool, qui me fait faire d'ailleurs n'importe quoi.

Je me mets à rire de mes pensées et me trouve complètement idiot, mais c'est plus fort que moi, je ris de plus belle en ingurgitant un peu plus d'eau de vie.

Lorsque je constate que mon verre est vide et que je suis en train d'essayer de boire quelque chose qui n'existe même pas, je ris de plus belle. Si je me laissais aller, je crois que je pourrais même me rouler par terre tant je suis hilare.

Pour remédier à mon problème et étancher ma soif inexistante, je fais signe à Hugo pour lui réclamer de la vodka; me calmant un peu. Mais ce dernier se penche vers moi et me fixe dans les yeux.

- Ça suffit comme ça.

Mon sourire s'estompe jusqu'à disparaître, j'ai l'impression que mon cerveau marche au ralenti et que je dois me concentrer davantage pour comprendre ce qu'il vient de me dire. Et puis, soudainement, sans que je ne puisse réellement le contrôler, je me mets à rire avant de lui répondre :

- Dis-moi, tu fais ça avec tous tes clients?

Un sourire en coin apparaît sur son visage alors qu'il se rapproche et pose sa main sur la mienne.

- Seulement avec ceux qui me plaisent.

Je cligne des yeux, un peu perdu.

- Qu...quoi ?

- Disons que j'aimerais bien que tu te souviennes de moi demain, de ce moment....

- Est-ce que...est-ce que tu me dragues ? je demande ébahi.

- À ton avis ? Rétorque-t-il avant de s'éloigner pour servir un autre client.

Perturbé, bien que charmé, par ce séduisant jeune homme, je règle ma consommation en laissant un billet sur le comptoir et me lève immédiatement. Je me précipite presque jusqu'à la porte, essayant tant bien que mal de marcher plus ou moins droit. Mes pas me dirigent automatiquement vers chez moi, je n'aurais peut-être pas dû partir alors qu'il venait de me faire des avances mais, je ne sais pas...c'est trop tôt...

Je ne suis pas prêt pour ça, pas prêt à ce qu'on fasse attention à moi de cette façon. Je ne peux pas alors que le seul que je voudrais est Flynn.

Je ne peux pas encore tourner la page, je ne peux pas et ne veux pas. Tout dans l'appartement me rappelle sa présence, ses affaires sont toujours là et ça me pousse à espérer qu'il revienne. Sa sœur n'est pas passée, peut-être parce qu'il veut nous laisser un peu de temps, réfléchir pour mieux revenir ? Oui, peut-être qu'il finira par revenir parce que je lui manque. En tout cas, à moi, il me manque...

Je tourne la clé et attrape la poignée de la porte, je me fige et fixe cette main qui a été frôlé par cet autre homme qui n'est pas mon Flynn. La tête me tourne et je sens une boule désagréable remontée le long de mon œsophage, j'ouvre expressément la porte et cours jusqu'aux toilettes, le poing contre mes lèvres pour me retenir. À peine je me retrouve à quatre pattes devant la cuvette des WC que je laisse sortir tout ce qui se trouve encore dans mon estomac.

À bout de forces, je me relève et tire la chasse avant d'aller me rincer la bouche. Trop fatigué pour faire quoi que ce soit d'autre, je décide d'aller directement au lit.

Je crois que je me suis endormie immédiatement car lorsque j'ouvre à nouveau les yeux, le soleil est déjà haut dans le ciel.

Je referme les paupières, aveuglé par la lumière du jour puis attrape mon oreiller et plonge la tête dessous. Je ne veux pas bouger d'ici, je voudrais rester au lit jusqu'à ne plus faire qu'un avec. Si seulement mon matelas pouvait m'aspirer et me faire disparaître pour toujours, je lui en serai très reconnaissant.

Mon ventre se met à gargouiller dans un bruit horrible, me rappelant que je n'ai rien avaler depuis plus de vingt-quatre heures.

À contre cœur, je quitte mon plumard et d'un pas traînant, je me rends à la cuisine, me jetant presque sur le frigo dans l'espoir d'y dénicher un truc à me mettre sous la dent. Finalement, j'attrape la brique de lait déjà entamée et rempli un bol où je rajoute des céréales avant de m'empiffrer.

Si Flynn me voyait prendre un petit déjeuner à midi, il râlerait et me rappellerait à quel point ce n'est pas sain. Je voudrais tellement qu'il soit là, qu'il m'engueule, et m'oblige à prendre un vrai repas. En pensant à lui de cette façon, mon estomac se noue, je lâche ma cuillère avant de couvrir mon visage de mes mains et fonds en larmes.

***

Plusieurs jours ont passé depuis que j'ai quitté précipitamment le Stormy Weather et je n'y ai pas remis les pieds depuis, préférant rester cloîtré chez moi, le plus souvent au lit, ou alors devant la télé avec un pot de glace ou une bonne bière. En quelques mots, je suis devenue une vraie loque.

D'ailleurs, en ce moment même, je suis avachi dans mon canapé, vêtu d'un tee-shirt trop grand et d'un vieux jogging, complètement décoiffé. Mais, au programme ni de film, ni de glace, en revanche, cela fait des heures que je regarde cet album photos que j'ai entre les mains. Notre album photos.

Je ris parfois face à certains clichés qui me rappellent quelques anecdotes, comme celle-ci où Flynn et moi sommes assis l'un à côté de l'autre, morts de rire à cause d'un de nos amis qui avait recraché sa boisson par le nez ou une autre encore, où l'homme de ma vie avait deux marques de peinture bleue sur les poches de son jean arrière. J'en avais plein les mains et j'étais simplement venu les poser sur ses fesses en rigolant.

Je souris, je pleure et je ris tour à tour, les larmes m'accompagnant tout du long.

Soudain, la sonnette retentit, m'arrachant un "merde" de surprise, je renifle, sèche mes larmes et respire un bon coup avant de me lever pour aller ouvrir.

Une petite blonde que je connais parfaitement se tient devant moi, tandis que mon cœur se met à tambouriner fortement en s'imaginant qu'elle n'est pas venue seule.

- Cynthia !

- Salut Jay, fait-elle doucement.

Je jette un coup d'œil dans le couloir à la recherche d'une autre tête blonde à lunettes qui pourrait surgir d'une seconde à l'autre mais un raclement de gorge me ramène sur terre. Je repose mon attention sur Cynthia et avale difficilement ma salive.

- T'es...t'es toute seule?

Je tente de le lui demander innocemment, mais je sais à qu'elle a compris que je faisais référence à son frère.

- Oui...euh...en fait, je...je viens récupérer les affaires de Flynn..

- Ah !

J'ai l'impression de me prendre une claque en pleine figure et n'ose plus du tout bouger. J'ai envie de vomir tellement je me sens mal, j'avais imaginé qu'il serait revenu, mais non et ça me brise davantage le cœur.

Difficilement, je ravale ma fierté ainsi que les larmes qui menacent de couler et m'écarte pour la laisser passer.

- Vas-y, entre, je souffle.

Elle me remercie d'un hochement de tête avant de pénétrer timidement dans l'appartement. Un malaise sans nom se faire ressentir, et ni elle ni moi n'osons faire quoi que ce soit une fois que j'ai refermé la porte.

Je me ressaisis tant bien que mal et lui propose un café, ce qu'elle refuse sans aucune surprise. Elle ne semble ne pas vouloir traîner et je la comprends.

- Et hm...tu sais ce qu'il veut récupérer ?

- Oh, euh, oui ! Il m'a fait une petite liste...tient, me fait-elle en tendant un bout de papier chiffonné.

Je l'attrape sans grand enthousiasme et le parcourt des yeux, la liste n'est pas très longue. Ses vêtements, quelques livres et des babioles qu'il a lui-même achetés ou ramener en aménageant ici.

Je l'entraîne à ma suite, rougissant lorsque ses yeux se posent sur le capharnaüm qui règne ici, mais elle garde le silence, me remerciant quand je lui tend une grosse valise à roulette qu'elle s'empresse de remplir de tee-shirt, jeans et autres bouts de tissus appartenant à son frère.

De mon côté, je pars à la recherche d'un vieux carton et commence à y déposer une à une ses petites bricoles tout en essuyant les perles salées qui s'échouent de temps à autre sur mes joues.

C'est dans un silence de plomb que je l'aide à tout descendre à sa voiture, tout rentre sans difficulté mais c'est comme si elle arrachait une partie de moi et comptait l'emporter avec elle.

Cynthia se poste face à moi, sans trop savoir comment réagir à mon égard, elle me fuit du regard et je comprends alors qu'elle est au courant de mes anciennes activités nocturnes, elle est plus que gênée et rougit dès que ses yeux se posent accidentellement sur ma personne. Je me sens nu et vulnérable face à cela. C'est bizarre puisque j'ai l'habitude de me déshabiller sans problème devant les autres, mais c'est différent.

Est-ce que Flynn aurait agi comme elle s'il était resté? Je ne l'aurai pas supporté, c'est certain. Je me demande tout de même s'il pense encore à moi comme si j'étais le pire des salopards, ou s'il pense à moi tout court...

Je prends mon courage à deux mains et ose enfin ouvrir la bouche pour aborder le sujet.

- Comment il va ?

Elle relève subitement les yeux vers moi avant de les détourner aussi vite, son visage prend une teinte anormale, me laissant deviner qu'il y a une chose qu'elle n'a pas envie de me dire. Il déprime, comme moi ? Se saoule pour oublier comme je le fais ? Elle met bien vite fin à mes interrogations silencieuses et prend la parole.

- En fait...il va plutôt bien..

- Oh ! C'est une bonne chose.

- Oui surtout depuis...

Elle se tait tout d'un coup, comme si elle s'apprêtait à en dire trop, mais c'est le cas, elle en a déja trop dit, et puis, ce qu'elle veut taire, je le lis dans ses iris, cela se voit comme le nez au milieu du visage. Je devine parfaitement de quoi il s'agit.

- Il a quelqu'un, c'est ça ?

Elle se gratte l'arrière de la tête et baisse les yeux sur ses pieds. Elle n'a pas besoin de dire quoi que ce soit, je sais que j'ai visé juste. Mon monde s'écroule un peu plus autour de moi, et il m'entraîne dans sa chute.

- Oui, mais tu sais, ce n'est rien de très sérieux, tente-elle de se rattraper, enfin...je veux dire que c'est tout récent..

- Comme notre rupture...

Sans que je ne puisse le contrôler, les mots s'échappent de mes lèvres, je n'ai pas pu les retenir, ils étaient bien trop amers à garder en bouche.

Mais c'est vrai, il est parti il y a moins d'un mois, comment peut-il déjà avoir trouvé un autre homme à aimer ? Ce n'est pas censé être aussi simple de se remettre en couple avec une autre personne. Surtout pas après avoir partagé ta vie pendant des mois et des mois avec quelqu'un, encore moins ce dernier a vraiment compté...

- Je suis désolée Jay...

Je ne réponds rien, qu'y a-t-il à dire de toute façon ? Cynthia se hisse sur la pointe des pieds et vient poser un baiser rapide sur ma joue avant de me tapoter l'épaule.

- Prends soin de toi, me recommande-t-elle avant de finalement remonter dans sa voiture et s'en aller, me laissant sur le trottoir, seul avec mon cœur en miettes.

Je reste là, quelques minutes avant de remonter chez moi, comme un robot, de façon totalement automatique.

Je ne parviens même pas à atteindre mon canapé et m'effondre, le dos collé à la porte, me laissant glisser au sol.

Je me sens terriblement seul, le chagrin me bouffe de l'intérieur, c'est certainement tout ce que je mérite après lui avoir menti. Mais, putain, ça fait trop mal de savoir qu'il a déjà comblé la place que j'ai laissée, qu'il m'a remplacé par un autre. Je ne suis vraiment qu'une sale merde qui ne vaut rien. Sinon pourquoi il se serait précipité dans les bras d'un autre homme ?

La nausée me prend et je me précipite dans la salle de bain, mais rien ne ressors et cette boule qui obstrue ma trachée ne veut pas s'en aller.

Je viens me placer au-dessus du lavabo et mes yeux se posent sur mon reflet.

Je suis pire que pitoyable, je fais peur à voir.

Non mais regarde-toi Jay ! Tu ne ressembles à rien ! Tu n'es rien ! Tu n'es qu'un idiot !

Comment est-ce que j'ai pu croire une seule seconde qu'il nous laisserait une deuxième chance ? J'ai pensé qu'en quittant mon boulot il reviendrait vers moi, qu'on pourrait laisser toute cette histoire derrière nous et aller de l'avant, main dans la main, nous aimant encore plus fort. Mais, rien. Rien ne s'est produit, il a fini par trancher et décider de réellement tourner la page, de me rayer de sa vie.

Tous les espoirs que je fondais encore en nous se sont brisés en un clin d'œil, il ne reviendra pas et maintenant je le réalise que trop bien.

J'ai tout fait foirer, je ne suis qu'un abruti, une sous-merde.

Je ressens soudainement le besoin de me souler, boire pour oublier, pour ne plus avoir mal.

Non ! Je mérite de souffrir et de me souvenir de mon erreur, de me rappeler que tout est de ma faute.

Je quitte la salle d'eau pour me rendre dans ma chambre et me laisse tomber sur mon lit, me mets à pleurer jusqu'à épuisement, jusqu'à m'endormir.

***

Je me retourne dans mon lit afin d'allumer la lampe qui trône sur ma table de chevet. Lorsque cette dernière éclaire la pièce de sa douce lumière, mes yeux se posent sur le cadre photo où on y voit Flynn m'encerclant de ses bras, son menton posé sur mon épaule alors que je souris, heureux. J'attrape le cadre et me mets une fois de plus à pleurer.

Malgré moi je me mets à imaginer à quoi pourrait ressembler le nouvel amant de Flynn. Il doit être beau, bien plus que moi, plus attirant certainement. Ce n'est apparemment pas difficile de trouver mieux que moi.

Stop ! S'en est trop, je ne peux en supporter davantage. Je me lève, une détermination nouvelle s'emparant de moi et file vers la salle de bain, prends une douche rapide et enfile des vêtements propres avant de coiffer soigneusement mes cheveux bruns qui commencent à être trop longs. Puis vient souligner mes yeux d'un trait de khôl. Il me semble que ça fait des lustres que je ne me suis pas maquillé et j'ignore pourquoi j'ai envie de le faire là, maintenant, mais je le fais et termine avec un peu de fard à paupière noir quelque peu pailleté.

Il est tard lorsque je m'engage dans la rue, non sans une petite boule d'angoisse dans le ventre. Si je veux être honnête avec moi-même je dirais que c'est parce que je suis conscient que je vais forcément recroiser Hugo et je ne sais pas comment il va réagir après ce qui s'est passé la dernière fois. J'en fais peut-être des tonnes pour rien. Et d'abord, je pourrais très bien me rendre dans un autre bar, mais inutile de me voiler la face, je sais que je n'irai pas ailleurs.

Mais peu importe, je laisse mes pas me traîner jusqu'au Stormy Weather. Ne trouvant pas de place au comptoir, je me pose dans un coin et observe le monde présent.

Certains sont déjà bien éméchés, d'autres sont avachis sur les tables présentes. La silhouette du brun entre dans mon champ de vision et je me surprends à rougir lorsque ses yeux croisent les miens. Un sourire sincère prend place sur son visage et me réchauffe le cœur. D'un signe du menton, il m'indique un siège qui vient de se libérer, je m'y rends alors, dans un mouvement automatique et m'assois sans le lâcher du regard.

- Salut Jay !

- Salut...

Avant même que je ne dise quoi que ce soit, il glisse un verre en face de moi et me sert du whisky.

- T'as carrément disparu de la circulation.

Il n'y a pas de trace de reproche dans sa voix, pourtant, je me sens idiot face à lui, idiot d'avoir réagi comme je l'ai fait, en fuyant tout simplement.

- Ouais, désolé, c'était...pas contre toi, je...

Je ne parviens pas à finir ma phrase, je ne sais pas quoi lui dire.

- Ça me fait plaisir de te voir, lâche-t-il finalement de bonne humeur, chassant ainsi tout malaise.

J'apprécie son attitude et j'apprécie surtout qu'il ne cherche pas à me questionner, comme s'il comprenait que je ne voulais pas en parler. Je me détends quelque peu et avale une gorgée de ma boisson. En me focalisant sur le barman, j'ai fini par complètement oublier le pourquoi de ma venue ici. Hugo s'éloigne un moment pour servir d'autres clients, me lançant de temps à autre un regard auquel je réponds en souriant.

Après quelques verres, je sens ma langue se délier de plus en plus et toute retenue disparaître. Je m'autorise même parfois à de petites taquineries envers le brun qui ne peut s'empêcher de rire.

Le revoir me fait un bien fou et lui parler m'aide à me sentir mieux, peut-être autant que l'alcool.

Quand Hugo finit par se poster face à moi, je me penche un peu plus sur le bar pour me rapprocher davantage et laisse glisser mes doigts sur la surface toute noire pour venir légèrement frôler sa main.

Ses iris verts plongés dans les miens, il me sonde et cherche à comprendre sur quel terrain je cherche à avancer.

Soudainement gêné, je me redresse et croise les mains, fuyant à présent son regard.

- Tu crois que je pourrais avoir un Hug'Killer s'il te plaît ? je demande timidement.

Il m'observe quelques secondes, le visage sérieux avant d'esquisser un sourire en coin.

- Je n'en préparerais pour personne d'autre que toi...

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