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Mardi 2 octobre 2018, 10h30


Amir Bendi portait un sparadrap sur le front. C'était tout ! Il avait eu une chance de cocu comme on dit !

Il poussa la porte du commissariat de la police judiciaire du boulevard Carl-Vogt, s'annonça à l'accueil, et indiqua qu'il avait rendez-vous avec l'inspecteur Pfäfi.

Deux minutes plus tard, Alice Noît sortait de l'ascenseur et s'avança vers Amir, qui ne put s'empêcher de sourire un peu béatement. La beauté d'Alice le laissait coi. Celle-ci lui demanda de bien vouloir la suivre.

Ils s'engouffrèrent alors dans l'ascenseur qui mit longtemps (c'était un très vieil ascenseur), à grimper jusqu'au cinquième étage.

- Vous n'avez pas eu trop de mal lors de votre accident, je vois, fit Alice.

Amir était gêné. La proximité physique de leurs corps dans l’exiguïté de l'habitacle le perturbait . Amir s'empressa de relever qu'il ne comprenait pas pourquoi on l'avait convoqué ici, à la police judiciaire. C'était un accident, après tout, ses freins l'avaient lâché. Avec expression et grimace d'étonnement à l'appui. Il fallait dissimuler ce foutu malaise. Normalement c'était lui le chef dans une relation homme/femme. Il était déstabilisé. Alice se contenta de lui sourire gentiment.

Cinquième étage.

Ils parcoururent un couloir d'une dizaine de mètres. Puis Alice l'invita à entrer dans une petite pièce. Une table, trois chaises. Amir ne comprenait plus rien. Il était fan de série policière et pour lui, cette pièce était une pièce où l'on interroge des personnes susceptiblement coupable. Mais de quoi pouvait-il être ? Lui ? Il n'avait rien fait ?!

- Asseyez-vous.

Amir obéit, sagement. Au même moment, Hans Pfäfi entra et referma la porte derrière lui. Amir avait l'impression que sa vie basculait. Il se voyait déjà presque en prison. Une monstrueuse erreur judiciaire s'abattant sur lui.

- Bonjour monsieur Bendi, Hans Pfäfi, inspecteur.

Celui-ci lui souriait très chaleureusement, et Amir en fut soulagé. Et il se rappelait qu'on lui disait souvent qu'il avait une imagination débordante.

- Nous sommes dans cette pièce tout simplement parce que il n'y en avait pas d'autres de disponible...

La presse n'avait pas encore été mise au parfum de la revendication de "E". Donc, personne, Amir le premier, ne savait qu'il existait un lien entre le meurtre de Jérôme Bonnetière et son accident. Jusqu'à maintenant.

- Apparemment, la personne qui a tué Jérôme Bonnetière, le chef de l'office cantonal de l'emploi, et qui a saboté les freins de votre voiture...

- Saboté les freins ???

- Oui. Votre accident n'en est pas un. Donc, cette personne est la même personne...

Amir était tout décontenancé. La bouche ouverte.

- ...mais...qui...?, fit-il, comme si il pensait naïvement que l'inspecteur le savait.

- "E".

- "E" ???

Alice eut un éclat de rire :

- Oui, "E". Il y a eut revendication du meurtre de monsieur Bonnetière et de votre « accident » et cette revendication porte la signature toute simple de "E", fit-elle.

- Comme Zorro ! Le "Z" de Zorro ! s'exclama le jeune homme.

- Oui, tout-à-fait ! acquiesça Hans. Sauf que Zorro ne tue personne ! C'est un gentil, lui !

- Alors que "E" c'est une méchante, ajouta Alice.

- C'est une femme ? s'étonna Amir.

- Apparemment, oui, répondit Alice.

Hans sortit un calepin de sa poche intérieure. Alice décroisa ses jambes. Et regardait le pauvre Amir qui ne comprenait plus rien.

- Bon. Pourquoi nous vous avons fait venir ici ?, dit ensuite Hans en appuyant sur son stylo, prêt à écrire toute les précieuses informations, espérait-il, que Amir allait lui fournir.

- Parce que il est possible, fort possible même, que vous ayez été en contact, sans le savoir évidemment, avec "E" ! expliqua Alice.

Amir fit une moue presque effrayée. Hans lui dit:

- Alors, je vais vous demander de faire un très gros effort de mémoire. Sur tout ce qui s'est passé vendredi matin, avant l'accident. Et même, je pense que c'est plutôt là qu'il faudra chercher, durant les six derniers mois. Voire avant. C'est à dire au moment où vous avez postulé pour ce poste de responsable média à l'hôtel de ville.

Alice compléta :

- Quelqu'un qui vous aurait posé des questions, qui aurait eut un comportement étrange à vos yeux, que ce soit à votre travail, ou même chez vous à Annecy. Avez-vous eu l'impression d'avoir été surveillé dernièrement ?

Amir demeurait interdit.

- Oui. L'impression que l'on vous observe, ajouta Hans.

Amir semblait tout d'un coup penser à quelque chose.

- Euhhh...surveillé ? Alors, peut-être que à l'office cantonal de la population...je sais pas...à vrai dire...mais...

- Mais quoi ? appuya Hans.

Amir réfléchissait.

- Je me suis sentit mal à l'aise.

- Mal à l'aise ? Pourquoi ?

- Parce que j'avais l'impression que l'on me reprochait de postuler pour ce poste et de demander un permis de frontalier pour ce poste. C'est quand même à l'hôtel de ville.

- Qui vous reprochait ? demanda Alice en se levant.

Amir remarqua ses bottines noires à talon parfaitement cirée, et pensa au fait que les talons participent grandement à la posture sexy chez les femmes.

Alice contourna sa chaise, et s'appuya des deux mains au dossier.

- Celle qui a traité mon dossier était un peu sèche et désagréable. Et elle parlait fort. Mon adresse, je crois que tout le monde autour de moi l'a entendue lorsqu'elle a récapitulée à voix haute ma candidature. Là, je me suis sentit gêné. C'était comme si on me montrait du doigt.

- Cette personne, sauriez-vous la reconnaître ? demanda Alice.

- Oui. Je pense.

Hans regarda Amir droit dans les yeux.

- Alors on y va ! fit-il.

- On va où ? demanda Amir.

- À l'office cantonal de la population.

Tous se levèrent.

- Attendez ! fit Hans.

Debout, à la table, il griffonna quelque chose sur son carnet, puis le tendit à Amir :

- Le gribouillage au rouge à lèvres sur votre pare-brise? Cela pourrait ressembler à cela ?

Amir regarda le carnet. Hans avait simplement écrit un "e". Un "e" minuscule.

- Oui. C'est ça ! C'était ça qui était écrit sur mon pare-brise, s'écria-t-il, surprit par l'évidence.

Hans sourit à Amir. Puis à Alice. L'air extrêmement satisfait de lui-même.

- Un "e" minuscule c'était plus rapide à écrire qu'un "E" majuscule. Vendredi matin,"E"voulait apposer sa signature, mais elle était pressée...

- Wouaww, fit Alice, admirative.

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