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Rues-Basses, 14 décembre 2018


Hans avait demandé à Alice des conseils pour les achats de noël. Il voulait des beaux cadeaux pour ses enfants et sa femme. Quelque chose qui sorte vraiment de l'ordinaire. Sans doute, Alice le lui avait fait remarquer, s'agissait-t-il aussi de se faire un peu pardonner son absence.

Il lui avait demandé si elle connaissait un bon magasin de jouet, de bonnes boutiques d'habits. Il penchait pour l'achat d'un long manteau pour sa femme, quelque chose de vraiment classe, bleu profond, sa couleur préférée, et il pensait, il était presque sûr que c'était aussi celle de Klara. Et, Alice lui avait dit, avec un sourire un peu énigmatique :

- Hans ! Et si on prenait congé cet après-midi ! On laisse tomber "E" quelques heures. Parce que acheter un manteau pour ta femme...c'est pas une affaire d'homme !

Et ils avaient été à pied depuis le commissariat du boulevard Carl-Vogt jusque dans les rues-basses. C'était là que se trouvait les meilleures boutiques de la ville. Les plus chères également. Mais Hans ne voulait pas regarder les prix, il voulait se lâcher du porte-monnaie ! Quelque chose de vraiment beau pour Peter, Frida, et Klara ! Et, ils allèrent ainsi de boutique en boutique, de magasin en magasin.

Et autour de 15h30, épuisés, ils s'installèrent dans un café des rues-basses. Ils avaient trouvé le cadeau de Peter, un magnifique circuit de voiture de ville en bois, et Hans avait prit toutes les boîtes qui complétait le jeu. Une station-service, une petite maison, une grande maison, une voiture de pompier, trois voitures, une bleue, une rouge et une jaune, une gare avec un train, des petits bonhommes, des arbres. Et Hans se trimbalait ainsi avec deux grands sacs estampillés Jouet Weber, pas léger du tout. Alice portait le sac qui contenait le cadeau de Frida : une mini-cuisinière électrique, qui fonctionnait vraiment, avec toute une batterie de mini-casseroles et vaisselle en véritable porcelaine.

Total des courses : 529.- !

« T'es un peu fou, Hans, non !? », avait lancé Alice. Mais Hans n'avait rien voulut entendre. Et quand sa collègue lui avait fait remarquer que nous étions en 2018, bientôt en 2019, et que les intérêts des enfants, elle-même n'en avait pas, mais sa sœur avait un garçon et une fille, ne pointaient pas particulièrement en direction des jeux en bois et des mini-cuisinières électrique. Elle était d'ailleurs étonnée que l'on autorisait encore ce genre de jeu, avec les risques inhérent de brûlures. Mais le vendeur avait expliqué qu'il y avait toute une panoplie de système de sécurité ! Il était impossible de se brûler avec ! Sur ce, Hans avait demandé s'il était alors possible de faire un œuf au plat et le vendeur avait à nouveau assuré, en riant de bon cœur, que l'on pouvait absolument tout faire avec cette mini-cuisinière mais seulement en miniature évidemment , mais que cela était justement le meilleur argument d'achat : les enfants adorent pouvoir reproduire en petit, ce que maman fait en grand ! Et que pour les parents, c'était extrêmement mignons , tout ces plats en minis.

Mais Hans avait rétorqué à Alice que justement, il ne voulait pas rentrer dans le jeu de facilité qui consistait à suivre à la lettre ce que la mode du moment dictait : tablette, smartphone, ordis, jeux vidéos...non ! Il voulait renouer avec les jeux qui l'avait lui-même enchanté dans son enfance et il était sûr que ses enfants allaient adhérer à 100% à ces jouets qu'ils n'avaient jamais vu et dont ils ignoraient l'existence !

Mais il restait le manteau pour Klara ! Ils avaient décidé de garder le plus dur pour la fin. Le serveur vint à leur table. Ils commandèrent deux cappuccinos, et Hans prit un gâteau au chocolat.

- On fait attention à sa ligne ? taquina-t-il.

- On fait de la prévention...

Alice savait parfaitement qu'elle n'avait pas un gramme de trop. Sa sœur, Aurélie l'enviait. Elle, qui n'avait jamais réussi à retrouver sa ligne d'avant accouchement de ses deux enfants.

Hans vint sur le sujet :

- Tu a envie d'avoir des enfants ?

- Bien sûr que j'ai envie. C'est juste que il y a l'élément de gestion de la vie...

- Gestion de la vie ?

- Ouais...Diae fait ses études à Paris, il en a pour un an et demi encore, alors c'est peut-être pas vraiment le moment. Et puis, à vrai dire, en ce moment, je n'ai pas envie. Il faut qu'on coffre "E" d'abord, après on verra pour les enfants !

Ils rirent alors que le serveur déposait leur commande. Le gâteau au chocolat était appétissant, si appétissant qu'Alice craqua :

- Oh et puis zut ! Vous m'en emmenez aussi une , s'il-vous-plait ?

Une minute plus tard, Alice avala sa première bouchée. Vraiment délicieux !

- Il est marocain, Diae Fasi ?

- Oui. Ça te déranges ? fit-elle, du tac-au-tac.

- Pas du tout. Mais c'est avec lui que tu comptes avoir des enfants quand on aura coffré "E" ?

- Ouaips !

Elle lui souriait radieusement. Et le regardait avec ses grands yeux foncé. Ses longs cheveux bruns légèrement bouclé qui tombaient sur son pull en laine noir, le pendentif en or en forme de Ying et Yang. Elle saisit sa tasse de café de sa main droite, fine, harmonieuse et douce et le porta à ses lèvres.

- Mais pourquoi tu me poses cette question ? demanda-t-elle à Hans qui ne disait plus rien et se contentait de regarder Alice, l'air perdu dans ses pensées.

Il se ressaisit :

- Parce que ma sœur s'est marié avec un marocain, tout allait bien, jusqu'à ce que ils ont eu leur premier enfant.

- La religion a alors fait son irruption...

- Exactement ! Comment t'as deviné ?

- Je suis au courant de ce qui se passe dans le monde où je vis, Hans.

- Je ne t'apprends donc rien !

- Non.

- Mais tu comptes donc quand même te marier avec Diae et avoir des enfants avec lui ?

- C'est tout-à-fait envisageable. Maintenant, comme je l'ai dit avant c'est une question de gestion de la vie. Ce n'est pas le moment en ce moment même où je te parle. Donc c'est difficile de tirer des plans sur la comète. Nous verrons, Diae et moi, en tant voulu.

Hans devenait plus sérieux :

- À ta place, je réfléchirai à deux fois. La puissance de la culture musulmane est très forte. Et dès qu'il y a des enfants, ils doivent transmettre cette culture, un peu coûte que coûte...alors on peut croire connaître cette personne avec laquelle on vit depuis parfois des années, et...tout d'un coup, on tombe des nues ! La transmission culturelle, religieuse prend complètement le dessus. C'est vraiment ce qui est arrivé avec ma sœur !

- Hans, Diae est né ici, en Suisse, il a fait toutes ses études ici. Il n'est pas pratiquant. Il boit de l'alcool...

- Il mange du porc ?

- Non...

- Ah ! Tu vois ! Je marque un point.

Alice finissait son gâteau au chocolat, Hans l'avait déjà fini, et elle semblait légèrement déstabilisée.

- Mais il est intelligent, il est médecin...

- ça ne veut rien dire l'intelligence. Les croyances religieuses n'en n'ont qu'à faire de l'intelligence...

- Hans, tu es en train de gâcher ma journée, je n'aurai jamais dû accepter de faire ses courses de noël avec toi, dit-elle tout en se mettant à rire.

Elle aimait beaucoup la compagnie de Hans, les discussions qu'ils avaient ensemble. Il avait treize ans de plus qu'elle et peut-être que cela apportait quelque chose à leur relation. Elle ne savait pas encore quoi, mais elle se sentait toujours bien avec Hans.

- Alors ! On va le chercher ce manteau pour ta femme ! dit-elle alors énergiquement en sortant son porte-monnaie et en protestant :

- Taratata ! C'est moi qui paye ! T'as déjà été plumé, et tu risques encore de l'être...!


Et pour finir, ils oublièrent "E" bien plus que quelques heures. Ils passèrent le reste de l'après-midi dans les magasins d'habits. Alice fut surprise par l'enthousiasme et la persévérance de Hans. Les hommes et acheter des habits, normalement, c'est un supplice. Mais Hans ne perdait pas patience. Si la veste n'était pas selon lui, exactement ce qu'il fallait pour Klara, il changeait de crèmerie et passait à celui d'à côté.

La nuit était tombée depuis une heure de temps et ils étaient toujours à parcourir des enseignes de confection du meilleure marché au plus cher. Les magasins fermaient à 19h30 et à dix minutes de la fermeture, Hans tomba amoureux d'un manteau bleu marine profond à 770,- ! Même à cette heure tardive, la vendeuse se montra d'une gentillesse impeccable. Alice comprenait mieux que Hans que c'était lié au chiffre d'affaire du jour qui grâce à Hans allait faire un bond en avant, opérer un sprint final spectaculaire. C'était le manteau le plus cher du magasin, et il n'avait sûrement pas du en écouler beaucoup. Et c'est ainsi que à 19h45, ils se retrouvèrent, épuisés, avec trois gros sacs dans les bras, à la place Bel-air, en face de Confédération Centre, le centre commercial le plus cher du canton, avec juste une envie : se poser dans un café, et se sustenter. Se reposer un peu de cette frénésie des achats de noël.

- Viens Hans, on va au Remor ! Il faut encore marcher un peu, mais le Remor c'est vraiment sympa !

Hans n'opposa aucune résistance et suivit la belle jusqu'à ce fameux café de la place du cirque. Et à peine dix minutes plus tard, ils s'installèrent à une petite table ronde près de la fenêtre. Dehors, on voyait la plaine de plainpalais où le Luna Park avait prit ses quartier d'hiver, ainsi que le cirque de noël. Il ne manquait plus que la neige et l'ambiance aurait été parfaite.

Ils prirent tout les deux une assiette valaisanne et deux bières. Hans était vraiment très heureux de cet après-midi. Alice aussi. Ils avaient beaucoup rit ensemble. Ils avaient vraiment réussi à rendre une activité quand même éprouvante, agréable et légère. Hans avait réussi à trouver des cadeaux pour sa famille dont il était très fier. Oublier "E" pendant quelques heures étaient peut-être aussi l'une des raisons du succès de l'opération achats des cadeaux pour Peter, Frida et Klara.

Mais "E" réapparut alors d'une façon tout-à-fait inattendue.

Hans en était au café avec Alice quand il vit Elizabeth Page entrer. La conseillère l'aperçut tout de suite et afficha un sourire qui semblait sincère. Mais Hans fut très surpris de voir derrière elle...sa voisine Elena Pericolo. Les deux vinrent vers lui. Hans eut envie de plaisanter:

- Madame Page, où est votre garde du corps ?

Elizabeth n'avait rien voulut savoir. Un garde du corps dans ses pattes en permanence. Hors de question. Et elle avait ironisé : que l'on donne le sien à Jean-Pierre Lonfat, puisqu'il était si inquiet pour sa sécurité.

- Mais la voici ! fit-elle en présentant Elena.

- Madame Pericolo ! ajouta Hans d'une voix théâtrale, assez heureux de son effet.

Hans Pfäfi, l'homme qui connaît tout le monde.

- Vous la connaissez ? s'étonna donc Elizabeth.

Elena répondit à sa place:

- C'est mon voisin. C'est lui qui loue le studio de luxe à côté de chez nous.

- Eh ben! Le monde est petit ! constata la conseillère d'État.

Hans regardait Elena. Puis Elizabeth. Elles auraient pu être sœurs. Les mêmes cheveux long et lisse. Gris pour la conseillère d'État, noir pour la professeur (mais qui se teignait). Même type de visage fin, harmonieux, ainsi que les même yeux, aux regard vif, intelligent, rempli d'esprit. Certes, Elizabeth était plus grosse, même bien plus grosse, ce qui n'était en fin de compte pas très difficile, tellement la voisine de Hans était mince.

- Donc vous êtes amie avec madame Page ? demanda Hans.

Elena sourit :

- Oui. Depuis longtemps. On a fait le collège ensemble. Et plein d'autres choses...

- Nous avons fait les 400 coups. Comme des sœurs, intervint Elizabeth.

Hans avait vu juste. Elles même pensaient être sœurs. Certaines choses se sentent, se devine au premier regard.

Alice observait la scène, les deux femmes qui débarquaient étaient toujours debout, et elle eut l'idée de les inviter à se joindre à eux. Elle avait l'impression que la discussion pourrait en valoir la peine.

Il se retrouvèrent alors tout les quatre autour de la petite table ronde au bord de la fenêtre.

- Vous vous intéressez à la politique madame Pericolo ? demanda Alice.

La voisine de Hans but une gorgée de verveine et poussa un petit soupir :

- Non. La politique c'est pas mon truc. Il faut faire trop de compromis en politique. Moi, j'ai besoin d'intégrité.

Elizabeth éclata de rire :

- Ah oui ! Que de désaccords, d'engueulades nous avons eues toutes les deux là-dessus ! Moi je dis que, effectivement, si on ne peut pas accepter des compromis, il ne faut pas faire de politique. En tout pas en démocratie. Il faut postuler en dictature !

Tout le monde éclata de rire. Et Alice se dit qu'elle avait bien fait de les inviter à se joindre à eux. L'ambiance était bonne.

- Mais la dictature, ce n'est pas de la politique. Puisque la politique est, à la base, le débat d'idées. Et allez parler de débats d'idées avec Hitler, Ceausescu, Pinochet et consorts !

Tout le monde rit de nouveau, tandis que Hans héla un serveur :

- Une bière pression, s'il-vous-plait !

- Et une pour moi aussi, fit Alice.

Elizabeth hésita :

- Et une pour moi aussi, fit-elle. Zut ! On est vendredi soir, un peu de détente !

Et naturellement tout les regards convergèrent vers Elena :

- ...eh ben...une fois n'est pas coutume! Alors une pour moi aussi, fit-elle.

Le serveur apporta les boissons et chacun savourèrent la première gorgée. Hans n'avait jamais encore vraiment parlé avec Elizabeth puisqu'il n'avait rencontré les Sept sages que en groupe jusqu'ici. Mais il avait déjà perçut dans son regard et ses prises de positions, un état d'esprit qu'il appréciait. Beaucoup de volonté, de dynamisme, d'envie de faire les choses. Et derrière tout ça, comme moteur principale, une idée très claire sur comment faire fonctionner une société, promouvoir le mouvement, éviter l'inertie. Si souvent reproché aux politiques d'ailleurs.

- En fait, "E", je le comprend dans un sens, dit alors Elizabeth.

Et c'est ainsi que l'ennemi public numéro un refit son apparition dans la discussion et dans les têtes des deux inspecteurs.

- Dans quel sens ? demanda Hans.

- Son raisonnement est juste. Il n'est pas normal que l'État préfère engager du personnel frontalier au lieu de l'indigène. C'est un fait que personne ne peut contre-dire ! Mais c'est là que le serpent de mer politique pointe son nez.

Elena approuvait silencieusement par un hochement de tête.

- Et essaie par tous les moyens de noyer le poisson par le système du je contre-dit la contradiction de la contradiction de la contradiction....etc...

- Et tout cela, juste pour protéger les privilèges de certains, ajouta Elena.

Hans posa sa bière et dit :

- Oui, mais vous ne pouvez quand même pas justifier que "E" tue ?!

Elizabeth se tut un instant, réfléchit et soupira :

- …hum...n'interprétez pas mal mon silence, inspecteur, mais si l'on prend un peu de recul historique, on a toujours tués dans le monde pour des idées politiques. J'ai pas besoin de vous faire un cours d'histoire ! Ce qui change, c'est que aujourd'hui, à Genève, l'histoire est sortie des manuels d'écoles, et frappe concrètement dans notre vraie vie. Et ça, c'est vraiment nouveau pour notre pays. Nous sommes presque en guerre avec notre voisin français, vous vous en rendez compte !

Hans avait tout de même de la peine à voir un état de guerre avec la France.

- Vous y allez fort, madame Page...

- Mais non ! Si "E" continue comme ça, il va y avoir de réelles répercussions aux frontières.

- Il aura réussi son pari, ajouta Alice.

- Eh oui ! confirma Elena.

Hans avait avalé une nouvelle gorgée de bière et insista :

- Mais on n'a pas le droit de tuer ! Même pour des idées politiques. La peine de mort a été abolie, dois-je vous le rappeler ! On dirait presque que vous soutenez "E". Votre manque de clarté crée un malaise...

Elizabeth sourit.

- Monsieur l'inspecteur, ne rentrez pas dans les émotions...

- Exactement ! Monsieur Pfäfi, les émotions sont mauvaises conseillères, renchérit Elena avec un sourire ironique.

- Vous devez savoir qu'il n'y a rien de pire, à mon sens, de répondre du tac-au-tac à une émotion, surtout en politique. C'est agir sur un terrain extrêmement glissant. Les émotions c'est de l'instant présent. C'est à dire que ça change à chaque instant. On ne peut pas construire une politique sur quelque chose qui change tout le temps, même si évidemment, c'est un fait scientifique, tout change en permanence. Mais là, c'est un vaste débat. Et on ne peut pas non plus passer tout son temps à débattre, on doit vivre, concrètement, travailler, manger...etc...etc....

Alice interrompit le discours d'Elizabeth Page :

- Eh...!...vous avez-vu ! Il neige !

Effectivement, il s'était mis à neiger. Et vu qu'il avait fait froid toute la journée, cela tenait. Il devait déjà y avoir deux à trois centimètres qui recouvraient la chaussée.

- Oh mais comme c'est joli ! Un vrai temps de noël, s'exclama Elizabeth, oubliant le grand débat philosophique sur les émotions, la politique et les dictateurs.

Alice commanda une bière encore, Hans l'imita, mais la conseillère et sa copine et voisine de l'inspecteur s'en tinrent là. Une bière suffit. Du coup, "E" fut de nouveau oublié. On discuta noël, cadeaux, du risque prit par Hans de grandement décevoir ses enfants avec ses jouets d'un autre temps. Et le temps passa. Onze heure dix. Il fut alors décidé d'un commun accord que l'heure était de rejoindre les chaumières respectives. Elizabeth débordait de travail, Elena également, elle avait plein de copies d'élèves à corriger, et, Hans et Alice ne risquaient pas de mettre "E" sous les verrous avant noël s'il restait là, au Remor, à boire des bières et manger des croques-monsieur !

- Je pourrais en fait vous ramener, monsieur l'inspecteur, fit Elena en riant, une fois dehors sous la neige qui continuait de tomber.

- Oui, mais vous ne pourrez pas ramener ma voiture ! Rare ce bonnet sous nos latitudes, remarqua-t-il alors. Il vous va comme un gant !

Alice n'en revenait pas : « Rare ce bonnet sous nos latitudes ! » ? Quels choix de mots et tournure de phrase. Hans lui cachait quelque chose ! C'était évident. Cela ne pouvait pas être qu'une histoire de vacances d'été à Montreux et de don pour les langues !

- Mais merci pour la soirée ! C'était vraiment très sympa, ajouta-t-il en se tournant également vers Elizabeth.

- Je suis la plus chanceuse ici, fit celle-ci. Je suis à cinq minutes à pied !

Elle habitait dans la vieille ville.

Chacun se saluèrent encore en se félicitant de cette agréable soirée, puis se séparèrent. Alice et Hans, chargés de leurs paquets prirent la direction du commissariat, boulevard Carl-Vogt. Et quand dix minutes plus tard, ils se retrouvèrent dans le garage, prêt à monter dans leur voitures respectives, Hans demanda :

- Demain, tu vas à Paris, rejoindre Diae ?

Alice lui sourit, s'approcha puis embrassa l'inspecteur sur la joue :

- Oui, Hans. C'était vraiment une bonne journée aujourd'hui.

Il lui toucha l'épaule gauche et acquiesça :

- Oui. Une très bonne journée, Alice.


Vingt minutes plus tard, quand il passa devant l'entrée de sa voisine, il constata qu'Elena avait été plus rapide que lui. Sa voiture était déjà là.

Au moment de se coucher, sa tête était remplie de pensées, désirs, envies contradictoires.

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