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Meyrin, 5 avril 2019, 7h15
Quand Alice sortit du garage, elle planta les freins. En face, au bord de la route, une caissette de la Tribune de Genève. La manchette titrait:
« E »
EN DIT BEAUCOUP
PLUS QUE CE QUE LA POLICE
NOUS DIT
Elle sortit de la voiture, chercha de l'argent dans son porte-monnaie. Elle n'avait pas la monnaie juste et mis 4 francs dans la fente de la caissette. 50 centimes de trop. Elle prit le journal et retourna dans sa voiture. Elle parcouru rapidement la couverture. Quelqu'un avait vendu la mèche et donné à GdA tous les détails des messages de « E » qu'ils avaient, eux, la police, soigneusement décidé en accord avec le conseil d'État, de dissimuler. Pour, comme l'avait si bien dit Nicolas à Kevin Dorbst, ne pas faire de la publicité, ou ériger une forme d'héroïsme aux actes de « E ». La mettre en valeur. Crée une identification. Et le GdA avait évidemment, immédiatement, transmis tout cela aux journalistes.
Elle jeta le journal sur le siège avant, et démarra.
Qu'allait dire Hans? Qu'allait-il-faire? Exploser?!
Qui avait tout raconté à GdA?
Dans le bureau du cinquième. Franco Bernardi, Hans Pfäfi, Abdel Chentali, Nicolas Vidon, et François Champs étaient déjà là. C'était la cheffe de la police, Séverine Mélisse qui menait la danse:
- Alors! Personne! Personne! Ne sort de ce bureau...
Alice entra. Séverine la salua et poursuivit:
- ...personne, je dis, avant d'avoir éclaircit de manière clair et concrète la raison pour laquelle la Tribune de Genève a put, aujourd'hui...écrire ceci...
Sur ce elle brandit un exemplaire du numéro du jour. Inutile de dire que Séverine Mélisse était très fâchée.
Il y eut un moment de silence au cours duquel madame Mélisse, dans un mouvement de demi-cercle, prit soin de bien mettre la première page du quotidien devant les pupilles de chacun, tous assis sagement sur des chaises, comme des écoliers.
Elle reprit sa diatribe :
- On dit que le ridicule ne tue pas, certes, mais je peux vous garantir qu'il peut vous faire perdre votre boulot !
Elle jeta un regard entendu vers Hans, qui s'efforça de le tenir, ce regard, et de ne surtout pas regarder par terre. Il se défendit :
- Madame Mélisse, je peux vous garantir, que je n'y suis pour rien. Et je ne sais absolument pas qui cela pourrait bien être. Mais vous savez, les journalistes peuvent être terrible...
- Oui ! Et pourquoi sont-ils particulièrement si terrible en ce moment, sur l'affaire « E » ?
Hans la regardait droit dans les yeux, sans répondre.
- Parce que on n'a rien à leur donner, fit Séverine. Ce sont comme des fauves affamés...
Re-silence.
- Et pourquoi est-ce que on n'a rien à leur donner....parce que vous, VOUS, et vos trois inspecteurs n'arrivez pas à trouver quelque chose. Des indices, des suspects, des pistes ! Quelque chose qui puisse nous mener à « E » !
Hans regarda Alice. Il fut surpris de déceler dans ses yeux une lueur. Un soupçon de début de sourire au coin de ses lèvres. Une envie de rire. Mon dieu qu'est ce qu'il lui en était reconnaissant. Son soutien était un bol d'air frais dans l'atmosphère nauséabonde du bureau.
Séverine regardait Franco Bernardi. Elle se demandait pourquoi il soutenait tant l'inspecteur suisse-allemand.
Le procureur temporisait :
- Tout n'est pas si noir, Séverine.
Séverine s'étonna avec éloquence :
- TOUT N'EST PAS SI NOIR???? Non mais, dis-moi Franco, qu'est ce qui est un peu rosé dans cette histoire...
- Nous savons que « E » a une kawasaki ER6 noire, qu'il circule également en vélo, que « E » est un couple, que « E » est un excellent bricoleur, que le drone a été acheté à Landi...
- DES NOMS ! FRANCO ! JE VEUX DES NOMS ! Et qu'est ce que ça donne du côté du GdA et de Jean Walder ?
Alice se mêla à la mêlée :
- Nous avons interroger deux personnes du GdA, deux personnes que le président Walder nous a désigné...mais...euh...ça n'a rien donné...
Hans l'interrompit, se tourna vers Nicolas :
- Et toi, t'as été pour finir interroger le mec que t'as...
Il hésitait. Il voulait pas que Séverine Mélisse soit mise au courant de sa pratique de l'interrogatoire au « hasard ».
- ...Ouais, j'ai été...pour finir, fit, laconiquement l'inspecteur Vidon.
- Et ?
- Et puis rien du tout, Hans !
Séverine s'intéressa :
- C'est quoi cette histoire qui n'a rien donné ?
- Oh, Nicolas a été interrogé un membre du GdA...
- Qui ?
- Kevin Dorbst. Mais ça n'a rien donné.
- Je veux le voir, ce Kevin. Je vais l'interroger moi-même.
Nicolas devint livide :
- Mais pourquoi donc ? Il n'a rien à avoir avec « E »...
- Mais pourquoi est-ce que vous allez toujours interroger des personnes qui n'ont rien à avoir avec « E » ? C'est hallucinant à la fin !
- Mais madame Mélisse, comment procéder autrement ? On est obliger de procéder par élimination, fit Alice.
La cheffe de la police sourit.
- Mais mademoiselle Noît, vous faites preuve de candeur. Il faut mieux cibler. Sinon on va interroger tout le canton !
Tout le monde se tut. Tout le monde savait que la cheffe avait raison. Il fallait mieux cibler.
Nicolas regarda Hans et celui-ci savait parfaitement à quoi son enquêteur pensait. Kevin Dorbst, c'était tout sauf ciblé. Alice ne put s'empêcher de penser la même chose pour Friedrich Gharbert ainsi que Abdel pour Éloïse Ébeine, quoique lui, avait revu la jeune étudiante membre du GdA pour des raisons moins officiel. Il lui avait trouvé un charme fou. Ils avaient fini par faire l'amour dans son petit appartement plein de vieux meubles. Oui. Abdel était tomber amoureux de l'étudiante en science politique et commençait même à penser mariage. Et était dans ce sens, plein de gratitude pour Hans et surtout sa femme, Klara, d'avoir eu cette idée. Abdel adhérait pleinement à l'idée du hasard qui n'existait pas.
- Numéro de téléphone de Kevin, s.v.p...Kevin comment déjà ?...demanda Séverine Mélisse, qui troquait là son « personne ne sort tant que.... » contre un interrogatoire de monsieur Dorbst.
Nicolas donna les informations souhaitées et Hans nota un grand malaise chez son inspecteur.
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