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Dimanche 12 mai, 11h00, Meyrin
Alice sortait de sa douche.
Le soleil inondait son appartement du 10ème étage. La porte-fenêtre du balcon était ouverte et on entendait l'Aibus 330 de Swiss qui décollait pour New York.
Elle regardait l'avion, le linge de bain enroulé autour de ses cheveux, s'élancer sur la piste et disparaître derrière l'immeuble voisin. Elle aurait du prendre un appart au 10ème de celui-là, avec vue sur toute la piste de l'aéroport. Mais bon. Elle n'allait quand même pas déménager pour pouvoir rester sur le balcon toute la journée à regarder des avions !
Elle alla dans sa chambre et pris dans le tiroir d'une commode, une culotte, l'enfila, un soutien-gorge, l'agrafa, puis ouvrit l'armoire. Quelle robe mettre aujourd'hui ?
Son natel, posé sur la table de nuit, à côté de son lit, sonna et vibra.
« Hans », s'afficha.
Depuis qu'il s'était embrassé dans la voiture, Alice avait du se battre avec le dicton du cœur qui a ses raisons que la raison ne connaît pas.
Elle était amoureuse de Hans et elle savait pertinemment que c'était une très très mauvaise idée. Et elle savait également que c'était à elle de tenir la ligne (qu'elle avait franchie une fois). Lui, était cuit. Il ne saurait dominer son désir, sa pulsion. Si elle flanchait, c'était fini avec Diae pour elle, fini avec Klara et toute la famille Pfäfi pour lui. Hans viendrait vivre avec elle. Alors c'était à elle de tenir. On peut avoir un immense désir pour quelqu'un, une envie démesurée d'être avec cette personne sans que cela ne soit pourtant souhaitable. Il fallait des fois dans la vie, se forcer à prendre des douches froides.
Alice enleva son linge de bain autour de la tête, le laissa tomber par terre, et regardait le téléphone qui continuait de sonner et vibrer, tout en se coiffant les cheveux mouillés avec les mains.
Puis elle finit par prendre le téléphone, et accepter l'appel :
- Oui. Alice. Qu'est ce qu'il y a ?
À l'autre bout, le silence. Puis un raclement de gorge.
- Oui Hans, qu'est ce qu'il y a ?
Elle était légèrement inquiète tout d'un coup.
- ....l'affaire « E » est fini...
Alice fit de grands yeux tout rond que Hans ne pouvait voir. Pour dire vrai elle avait été dans de telles pensées depuis qu'elle avait vu le nom s'afficher sur le téléphone qu'elle avait interprété la phrase grommelée par : « ...entre nous c'est fini... ». Et vu qu'elle était dans de telles dualités en ce moment par rapport à Hans et Diae, elle ne savait plus si elle avait entendu ce qu'elle avait envie d'entendre, ou pas.
- Comment ça ?! bredouilla-t-elle.
- L'affaire « E » est fini. Résolu, dit Hans d'une voix plus claire même si elle était un peu faible.
Alice se reconnectait. L'affaire « E » ! Bien sûre ! Et tout d'un coup elle saisit la portée de ce que Hans venait de lui dire. Elle s'assit immédiatement sur son lit.
- QUOI ??!! fit-elle.
- J'ai pas envie de t'en dire plus au téléphone. Viens chez moi. Maintenant !
Alice eut deux secondes d'hésitation.
D'imbroglio mentalo-sentimental.
Et se sentit obligée :
- Hans...il n'y aura rien entre nous...
- Oui. Je sais.
Alice mit n'importe quoi. Elle ne s’embarrassa pas de temps de réflexion sur la couleur, la longueur, le style de robe qu'elle allait mettre. Elle enfila le premier jeans venu, avec la première paire de chaussette qu'elle aperçut dans le tiroir, le T-shirt noir suspendu sur le dossier d'une chaise, portée une demi-journée, la jaquette en jeans accrochée derrière la porte d'entrée, des baskets blanches, attacha ses cheveux en un chignon, prit son sac à main, et...avanti ! Claqua la porte, prit l'ascenseur ( mon dieu ce qu'il était lent !), fonça vers sa mini garée en sous-sol, et moteur vrombissant, sortit du garage sous-terrain, tout en attrapant le gyrophare bleu, l'aimanta sur le toit, et enclencha la sirène. C'était la première fois que son voisinage meyrinois la vit gyrophare allumé, sirène hurlante foncer devant l'immeuble. Elle n'avait jamais conduit aussi vite. Sa mini se permit toutes les irrégularités, puisqu'elle en avait le droit : conduite en sens-interdit, la route de Meyrin qui longeait le bout de piste de l'aéroport fut prise entièrement sur la voie du tram, à 140 kilomètres heure. Puis ce fut l'autoroute jusqu'à Bernex, 180 à l'heure. Elle garda la sirène allumée jusqu'à ce qu'elle posa sa voiture à côté de la BM de Hans, 7 chemin des Foraines. Attirant l'attention des promeneurs de chiens, des promeneurs tout court, de ceux qui buvaient l'apéritif dans leur jardin, bref de tout Sézenove qui n'avait jamais vu une voiture de police déboulé avec autant de fracas. Mais que pouvait-il donc bien se passé ? Certains ne purent s'empêcher de s'approcher de la mini, attiré par leur curiosité et furent surpris de voir cette belle jeune femme, même si elle s'était habillée rapidement, elle l'avait fait avec goût, sortir de la voiture.
- Excusez-moi, fit-elle en souriant.
Elle prenait conscience du désagrément qu'elle avait causé. Mais elle était dans un tel état d'excitation, qu'elle s'en fichait. L'affaire « E » est résolu ! La phrase tambourinait dans sa tête, sur les parois intérieures de son crâne. Elle courut vers l'appartement de Hans, ne prit pas la peine de frapper, et surgit dans le salon.
Hans était assis dans le canapé en cuir bleu.
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